Fédération MRC du Nord

Tribune de Claude Nicolet, premier secrétaire du MRC Nord, parue dans le Figarovox


De la refondation républicaine de la gauche, à la refondation de la République

Les pièges du court-terme



Une tornade néo-libérale a déferlé sur le monde occidental. Avec elle s’est imposée la liberté des capitaux, la liberté d’investir, la liberté de circulation. Le revers de ces médailles se nomment dumping fiscal mondial, paradis fiscaux, délocalisations, liquidation des entreprises publiques, flux migratoires sans régulation.

Un souffle puissant



Il n’est donc pas surprenant que le néo-libéralisme éveille à rebours la colère des populations. Tous ceux qui ont soutenu l’abolition des frontières, le libre-échangisme total, qu’ils soient issus de la gauche ou de la droite sont l’objet d’un désaveu profond. Car en France la droite comme le PS, de Maastricht au TSCE en passant par le traité de Lisbonne et le déni du referendum de 2005, ont toujours marché de concert. Avec la chute de LR et des Socialistes la sanction s’est abattue sur ceux qui avaient désiré cette mondialisation sans règle ou s’y étaient résigné ; même phénomène en Italie avec la chute des héritiers de la démocratie-chrétienne et ceux de la gauche, en Autriche avec l’élection de Sebastian Kurz et la disparition de l’ancien bi-partisme, en Suède avec l’affaissement de la social-démocratie, en Grande-Bretagne avec le referendum sur le Brexit, en Allemagne avec la double crise de la CDU-CSU et de la SPD, en République tchèque avec la réélection de Milos Zeman, mais aussi aux Etats-Unis avec la victoire de Trump, au Québec avec celle de Legault, au Brésil avec l’élection de Bolsonaro. Ceux qui sont portés au pouvoir par les électeurs n’envisagent pas tant de rétablir la souveraineté de leurs Etats et de leurs peuples que d’affirmer de manière ostentatoire leurs identités. Ils font mouche : il est plus simple de se faire élire en dénonçant les conséquences de la libéralisation sauvage de tous les échanges que de s’en prendre aux causes. Ce sont les diatribes anti-immigration, les exigences sécuritaires, les affirmations fortes d’identité culturelle qui ont séduit les électeurs. La gauche de gouvernement comme la droite modérée sont accusées d’avoir orchestré volontairement l’abolition de toutes les frontières économiques, monétaires, culturelles, humaines. Elles se trouvent donc sanctionnées.

La gauche de gouvernement, en France, se retrouve piégée : les conséquences de ses choix économiques et monétaires frappent d’abord les couches populaires. Le choix de l’euro a désindustrialisé le sud de l’Union européenne et conduit au chômage des dizaines de millions de salariés. Privée de soutien populaire, la gauche Terra Nova escomptait le soutien des minorités, ethniques, de genre, en substituant à la question sociale des sujets sociétaux. Mais c’est loin d’être suffisant construire une majorité. Plus encore, la question des flux migratoires dominent les préoccupations populaires. Ne nous y trompons pas, c’est bien l’afflux incontrôlé de travailleurs polonais au Royaume-Uni qui a fait basculer le vote en faveur du Brexit. C’est la question migratoire qui est à l’origine de l’élection du chancelier Kurz à Vienne, de la montée de l’AfD et des difficultés de Mme Merkel à Berlin, de l’affaissement des socio-démocrates suédois, de la coalition Salvini – Di Maïo à Rome. C’est la défense d’une identité culturelle des sociétés qui est le moteur de ces élections récentes : on le voit à Budapest où on veut « défendre la Hongrie contre le parti de l’immigration », à Varsovie où le Premier Ministre assène :« nous n’accueillerons pas de migrants issus de pays d’Afrique ou du Moyen-Orient", à Prague où le Président Zeman dénonce une "invasion organisée de musulmans impossibles à intégrer"…

C’est le défi lancé au visage des républicains de progrès. L’immigration sans règle va-t-elle amener par contrecoup l’extrême droite au pouvoir dans nos pays d’Europe ? A l’inverse est-ce qu’une protection policière de nos sociétés contre l’immigration clandestine va défigurer notre façon de vivre ?

Tout fonctionne en couple. Le discours gauchiste prônant un laxisme total, accusant de racisme toute volonté de régulation, est un puissant moteur pour les partis d’extrême droite. De même la pseudo-stratégie de La République en Marche, visant à opposer les « progressistes » aux « conservateurs » fera basculer les couches populaires dans le camp conservateur, alors que l’enjeu est de les ramener au camp républicain. Le court terme électoraliste relève d’un aveuglement périlleux.

Pour sortir de ce piège, les républicains de progrès doivent sortir du déni, aborder la question des flux migratoires avec l’exigence de vérité, et dès lors reconquérir les couches populaires et replacer au centre du débat les questions sociales et économiques.

Sortir des dénis



Oui l’intégration des nouveaux venus est difficile, surtout pour les couches populaires. Il est plus facile de les accuser de xénophobie que de comprendre leurs difficultés quand on compte 3 millions de chômeurs avec une croissance de l’économie très faible. Oui, la visibilité d’une religion nouvelle venue pose des problèmes. Il est plus facile de dire « après tout, nos grands-mères portaient des mantilles », de nier les tensions à l’Ecole, à l’hôpital, dans les quartiers populaires, que de construire l’intégration d’un Islam de France, d’un Islam des Lumières. Il est plus facile de poursuivre les ambiguïtés de notre politique étrangère au Moyen Orient que d’instaurer une cohérence entre la lutte contre le djihadisme à l’extérieur et contre l’islamisme à l’intérieur. Sortir de ces dénis est une condition de la reconquête.

On ne luttera pas contre l’avancée de l’extrême droite dans toute l’Europe en mettant en œuvre les recettes qu’elle préconise. Ce n’est pas par la fermeture des frontières, l’immigration zéro, l’exaltation des racines chrétiennes de l’Europe qu’on pourra la contenir. C’est en répondant aux attentes populaires par une politique républicaine des flux migratoires : accueil sans condition et sans limite des bénéficiaires de l’asile politique ; mais accueil des migrants économiques dans la stricte limite de nos capacités d’emploi, de logement, d’équipements publics. Et respect de nos lois, de nos us et coutumes, et surtout du principe de laïcité. Chacun comprend que les défis des populations d’Afrique ne seront pas relevés par l’exil, mais par le développement : il serait temps de ne plus s’en tenir aux invocations mais de mettre le co-développement à l’ordre du jour d’une Eurafrique solidaire.

De même il faut oser affirmer que la gauche de gouvernement, dans sa majorité, a fait fausse route dans la conduite du projet européen. Elle s’est engouffrée dans le mythe européiste, substitution à ses ambitions de transformation sociale. Elle l’a tant épousé qu’elle s’est confondue avec lui. Et aujourd’hui, alors qu’il s’effondre, elle s’effondre avec lui. La monnaie unique était une construction politique mal bâtie ; les réalités économiques l’ont déformée pour en faire un outil de domination au service des économies les plus puissantes, ruinant les économies les plus fragiles. Le bilan des effondrements industriels français dus en grande partie à une monnaie inadaptée, est sévère. Le tort causé par la mécanique institutionnelle de Bruxelles et le TSCE, à la responsabilité des peuples et à la démocratie est immense. Certains ont tiré avantage de la situation. D’autres se sont laissés aller dans la facilité créée par une monnaie forte. Aujourd’hui les gouvernements ne décident plus de l’essentiel. Ils se sont dessaisis au profit d’une Commission non élue. Il n’y aura pas de renouveau sans renégociation des traités européens et retour du peuple français aux devoirs de la responsabilité.

La cohésion civique est en péril. Il faut regarder la situation en face. Et prendre la mesure des responsabilités d’une certaine gauche. « Dans les années 70 et 80, encouragés par des professeurs d’université eux-mêmes inspirés par des penseurs français tels Foucault et Derrida, une nouvelle orientation disséminée sur les campus universitaires a rejeté des concepts aussi contraignant que la citoyenneté et le devoir. Elle mettait l’accent sur les revendications identitaires particulières qu’il s’agisse de sexe, d’orientation sexuelle, d’appartenance ethnique, etc. » note l’écrivain britannique James Meek1. » A gauche, une idéologie fétichise nos attachements individuels et de groupe et jette une ombre de suspicion sur toute évocation d’un nous démocratique universel. » fustige Mark Lilla en rendant les errements des progressistes responsables de l’élection de Trump2. L’exaltation des différences, l’éloge du communautarisme, sapent la citoyenneté. Sur un océan d’individus déliés de liens civiques, l’argent règne sans partage. Les républicains de progrès doivent mesurer l’âpreté du combat idéologique à venir.

Reconquérir les couches populaires



La reconquête des couches populaires perdues est la priorité. Pour cela il faut présenter des choix clairs :
-la France a un avenir ; elle n’est pas condamnée à disparaitre dans un magma européen dont personne ne veut sur notre continent. Elle a une identité, changeant à travers le temps, évolutive, capable d’intégrer les apports, mais parfaitement respectable. Les heures noires doivent être assumées, mais ne doivent pas éclipser les grandeurs : de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen à la réhabilitation de Dreyfus, de la Révolution française à la Résistance, de l’abolition de l’esclavage à celle de la peine de mort.
-la citoyenneté met au-dessus des différences la commune appartenance. En chacun peut articuler ses particularités et sa participation à la communauté nationale. Ce que Yascha Mounk3 nomme « patriotisme inclusif » s’appelle intégration républicaine. La France n’est pas une addition de communautés. Pour réussir l’intégration des nouveaux citoyens, ni la repentance ni la honte de soi ne sont de bonne méthode : il faut promouvoir l’égalité et le civisme, la citoyenneté, ensemble indissociable de droits et de devoirs. Le respect de la laïcité, de nos us et coutumes, n’est pas négociable.
-Pour donner un avenir à la France, il faut desserrer le carcan européen : les traités doivent être révisés ; la monnaie unique doit devenir monnaie commune, capable de s’adapter aux rythmes économiques différents des Etats membres. Les odes aux Etats-Unis d’Europe, au fédéralisme glissent sur les couches populaires comme l’eau sur les plumes d’un canard. Il faut clairement s’opposer aux mythes européistes qui nous ont apporté chômage, désindustrialisation, mise en cause de la démocratie, effacement dans le monde.
-Répondre au défi migratoire est indispensable. «Il faut pouvoir s’emparer de la question migratoire, sans quoi ce sont les nationalistes qui s’en chargeront» souligne Yascha Mounk. Les républicains progressistes doivent faire face aux inquiétudes populaires. L’immigration doit être régulée ; il n’y a pas de droit automatique à l’installation sur notre territoire. Une immigration maîtrisée est un atout ; une immigration sans règle est une aubaine pour l’extrême-droite. Le droit d’asile est sacré ; il ne doit pas être détourné. Une pensée ferme, humaine et réaliste, est l’antidote aux démagogues, indispensable pour retrouver la confiance des milieux populaires.

Placer au centre la question sociale et économique



En ayant reconquis la confiance populaire, affectée aujourd’hui par la dérive européiste, la question migratoire, l’affaissement du civisme, nous serons en mesure de replacer les enjeux sociaux et économiques au cœur du débat. Ils sont aujourd’hui masqués par les enjeux sécuritaires ou identitaires. Faute d’y avoir apporté des réponses, partout dans le monde occidental, la gauche de gouvernement est chassée par des vagues d’extrême droite qui ne cachent pas pourtant leurs orientations très libérales en matière économique, avec des conséquences sociales très graves.

Nous pourrons, si nous avons regagné la confiance, placer la question de l’emploi, des revenus du travail, des protections sociales, mais aussi de l’industrie, de l’énergie, au centre du débat politique. Ces questions sont aujourd’hui évincées par les débats identitaires, environnementaux, les sujets de société. Ils passionnent les couches moyennes et supérieures. Mais pour les milieux modestes la priorité reste au travail et au revenu. Le service public reste pour eux une garantie d’égalité à laquelle ils sont attachés. La pérennité des protections sociales est aussi décisive. Desserrer le carcan européen est le préalable qui permettra d’investir massivement dans l’éducation, la recherche. Retrouver une marge de manœuvre monétaire est nécessaire pour conduire une politique fiscale plus juste appelant les plus fortunés à contribuer à l’effort commun. Si nous sommes crédibles dans la remise en cause des traités européens, nous pouvons proposer au pays cette politique nouvelle. Sinon, nous retomberons dans les vœux pieux et l’incantation verbale.

Les nouveaux enjeux économiques sont également déterminants. La mondialisation sans règle amène la domination des Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple…) dans toutes les dimensions de la vie. Les centres-villes sont désertés par le petit commerce concurrencé par la vente en ligne, l’évasion fiscale est maximale, l’information les media, l’Ecole sont bouleversés, l’intelligence artificielle modifiera l’emploi futur : tout cela se décide sans nous. Peut-on reprendre la main sur notre destin sans maîtrise de ces nouveaux monopoles ?

De même la protection de l’environnement, la limitation des émissions de gaz carbonique et de gaz à effet de serre, au lieu de culpabiliser les individus, doit mettre en cause le mode de production économique, la financiarisation de la production. Les républicains progressistes doivent éviter « l’écologie punitive » pour choisir le primat du bien commun s’imposant aux acteurs économiques et aux choix des politiques publiques (si la France émet 320 millions de tonnes de CO2, contre 760 en Allemagne et 5 120 aux USA, le choix de l’électricité nucléaire n’y est pas pour rien…) Il y a une vision républicaine de l’écologie, où l’intérêt général s’impose aux intérêts particuliers. Cette vision est préférable à la mise en accusation permanente des paysans, des chasseurs, des ruraux, ou des amateurs d’entrecôte.

Rassembler



Ce changement de cap exige un rassemblement populaire puissant. On ne renégociera pas les traités européens avec une courte  majorité de 51 % des voix. Une majorité forte ne se construira pas par l’addition de forces dispersées, parfois devenues minuscules, affaiblies par la défaite sans précédent de 2017. Nos voisins espagnols de Podemos invitent à « construire un peuple » plutôt qu’à »reconstruire la gauche », à passer du parti de la gauche française au parti du peuple français autour « d’une idée de patrie radicalement progressiste et démocratique » selon la formule d’Inigo Errejon4. Les Républicains que nous sommes ne perdent pas de vue ces noces du mouvement ouvrier et de la nation évoquées par Jaurès. C’est la clé d’une union populaire majoritaire : reconquérir les couches populaires, disputer au néo-libéralisme les classes moyennes, isoler les milieux compradores (qui tirent profit de cette situation). Nous ne devons donc pas dévier de cet objectif, concéder quoi que ce soit aux thèses communautaristes, indigénistes, gauchistes ; nous ne devons jamais céder aux tentations de l’identitarisme mais tenir le cap de l’universalisme. Nous sommes attachés à l’Etat et à son rôle. Nous tenons l’actuelle Union européenne pour le chausse-pied du néo-libéralisme et avons toujours combattu ses illusions. Notre conception de l’action politique n’a jamais cédé aux facilités démagogiques, à l’animation du cirque médiatique. Y consentir n’amènerait rien de plus à ceux qui y sont passé maîtres, mais défigurerait notre tenace action passée.

Comment être utile aujourd’hui au rassemblement de demain ? L’affaire ne se joue pas en quelques mois mais en plusieurs années. Ne sacrifions pas au court-terme en nous noyant dans une nébuleuse ambiguë. La hâte rend aveugle. Notre seul atout est une certaine clairvoyance : ne le galvaudons pas. Le rassemblement populaire excèdera nécessairement les actuelles frontières de la gauche : il prendra du temps et notre apport sera alors précieux. C’est ainsi que nous serons utiles.

Claude NICOLET

Premier secrétaire du MRC Nord


Médias

par MRC NORD le Mardi 25 Septembre 2018 à 22:20

Mots-clés : Claude Nicolet Est-Eclair

Entretien avec Claude Nicolet, premier fédéral du MRC 59, paru dans l'Est-Eclair


Reconstruire le socle républicain.

Voici la dernière interview de Claude NICOLET, premier secrétaire du MRC Nord parue ce mardi 25 septembre dans Est-Eclair.

Est-Eclair Notre pays est en train de traverser une crise majeure. Crise de la citoyenneté, crise sociale, crise identitaire et culturelle, crise de confiance, crise politique… La République est elle en danger selon vous ?

C'est une crise multiforme et profonde que traverse notre pays. Elle vient de loin, c'est une source d'angoisse majeure pour nos concitoyens dont 80% sont inquiets pour l'avenir de nos enfants. Le modèle dans lequel on tient à tout prix à nous faire entrer, celui de la construction européenne d'inspiration néolibérale, en vidant les nations de leur souveraineté, détruit les imaginaires collectifs en les remplaçant par la concurrence généralisée de tous contre tous et de la financiarisation de l'économie qui détruit notre industrie et notre compétitivité. Ces crises sont dangereuses car elles touchent à l'essentiel: l'idée que nous nous faisons de nous même, en tant que peuple, que Nation. Je suis de ceux qui considèrent qu'il faut prendre avec beaucoup de sérieux les questions d'insécurité culturelle car c'est un moteur puissant sur lesquels prospèrent toute une série d'extrémistes de droite comme de gauche qui n'aiment pas la République. Cela dit, la République est solide, mais elle est mis à mal depuis longtemps. Les attentats ont montré que les Français y étaient fondamentalement attachés, ils ont fait preuve d'un sang froid remarquable que je salue. Mais incontestablement le socle républicain aujourd'hui est attaqué de toutes parts. Il faut le rebâtir. C'est le grand enjeu.

Est-Eclair: L'année 2017 restera dans l'histoire comme la fin d'un partage du pouvoir entre deux grands partis politique libéraux et européens. Que cela vous inspire t-il ?

Que les Français ont envoyé de nombreux messages avant d'en arriver là, notamment électoraux. 21 avril 2002, 29 mai 2005, Sarkozy battu en 2012, Hollande incapable de se représenter en 2017. C'est l'épuisement d'un système et surtout de politiques finalement proches l'une de l'autre au nom des "contraintes européennes" qui se sont considérablement renforcées avec la discipline austéritaire liée à l'euro qui fonctionne surtout au profit de l'Allemagne. Cet éclatement aurait pu être une chance pour le pays à condition d'être prêt à renverser la table, notamment au niveau européen et dans le dialogue à entamer immédiatement avec l'Allemagne. Ce ne fut pas le cas, mais au contraire un tour de vis budgétaire pour rentrer dans les clous des critères de Maastricht. Funeste erreur. Emmanuel Macron est désormais plus le symptôme d'une société malade que la possibilité de mettre en œuvre une véritable perspective politique pour le pays. Il se retrouve à la tête d'une "synthèse des centres" qui est d'ores et déjà aux abois. Le Nouveau monde est un leurre qui a déjà cessé d'exister. Le combat aujourd'hui, c'est la reconstruction du socle républicain. Je partage l'analyse de Chevènement, le "moment républicain" doit advenir, le véritable bouleversement est là.

Est-Eclair: En début d'année, le MRC appelait à l'émergence d'une force politique nouvelle pouvant rassembler toutes les gauches ? La refondation républicaine que vous appelez de vos vœux passe t-elle toujours par cette ambition ?

Ce sera à notre congrès (décembre 2018) d'en décider. La "gauche" est en très mauvais état. Elle ne sait plus qui elle est et pour le moment, où elle va. Représente t-elle un arc qui irait de Moscovici au NPA? Vous comprenez immédiatement l'ampleur du problème. Une multitude de clarifications sont nécessaires, sur des points cruciaux comme l'Union européenne, la laïcité, la question sociale, les services publics, l'énergie, la défense, les migrations, l'industrie, l'environnement...la tache est immense. A mes yeux, la question centrale est celle de la reconstruction du socle républicain et de la promesse qui l'accompagne. La société française est fracturée, divisée, la violence néolibérale produit des effets dévastateurs. Notre objectif n'est pas seulement de s'adresser à la gauche et de la refonder (ce qui est nécessaire), il faut surtout être à la hauteurs des défis auxquels nous sommes confrontés. Notre souci doit d'abord être celui de la France, des Français et de la République. Les petits calculs électoraux n'ont plus aucun avenir et sont désespérants.

Tribune parue dans Marianne de Christian HUTIN, député MRC du Nord et président du groupe d'études "Amiante" de l'Assemblée nationale


"Monsieur le président, les dirigeants qui n'ont rien fait contre l'amiante doivent être jugés"

Lors de son passage au Salon de l'Agriculture, le président de la République a fait une comparaison entre le glyphosate et l'amiante lors d'un échange avec un agriculteur; "dans le passé, on a dit que l'amiante n'était pas dangereux. Et les dirigeants, qui ont laissé passer, ils ont eu à répondre." Cette phrase de monsieur Macron est importante, pour ce qu'elle dit et ce qu'elle ne dit pas. Mais peut-être pour ce qu'elle laisse entrevoir.

Ce qu'elle dit est tout d'abord inexacte. Aucun dirigeant n'a pour le moment eu à répondre devant la Justice des décisions qu'il a pris ou plutôt qu'il n'a pas pris, alors que la dangerosité du produit était connue depuis bien longtemps.Voilà plus de vingt ans que les premières plaintes ont été déposées, aujourd'hui, s'il y a eu d'incontestables progrès sur la prise en charge et l'indemnisation des victimes (comme la création du FIVA), on sent nettement aujourd'hui que la question de l'amiante et des victimes dérangent de plus en plus tout comme le combat des associations qui perturbent tant d'intérêts établis. Toutes celles et ceux qui s'intéressent à cette douloureuse question de santé publique, à ce scandale sanitaire ne peuvent s'empêcher d'entendre derrière chaque appel à la patience, "prenez votre argent, taisez vous et mourrez en silence!" Jamais autant qu'aujourd'hui les victimes de l'amiante ne se sont senties abandonnées par les autorités de leurs pays. Président du groupe d'Etudes "Amiante" de l'Assemblée nationale, député de Dunkerque (un territoire fortement touché par ce fléau), médecin, je suis particulièrement bien placé pour mesurer ce phénomène. Les victimes, très majoritairement issues des milieux ouvriers et populaires se sentent seules voire méprisées. Ce sentiment est aujourd'hui profond. Comment pourrait-il en être autrement après plus de 22 ans de procédure, alors qu'on annonce plus de 100 000 morts et que les autorités étaient parfaitement informées des risques sanitaires que l'amiante incarne?

Ce que la phrase du président ne dit pas mais qu'elle contient, c'est le sens de la responsabilité. Je ne peux que m'en féliciter. C'est indispensable pour que nous puissions progresser et comprendre l'ensemble des tenants et des aboutissants de cette situation qui ne peut satisfaire la conscience publique. Disant cela, je me mets à croire à la mise en dynamique de la volonté présidentielle dans la recherche de la vérité et de justive vis à vis des victimes.

Ce que cette phrase laisse entrevoir. La conscience qu'il est indispensable que toute la lumière soit faite sur cette tragédie sanitaire. La conscience également qu'on ne peut éternellement mettre sur le compte du hasard le fait que 10 d'entre-nous (en moyenne), meurent chaque jour des conséquences de l'exposition à l'amiante. Qui pourrait se contenter pour seule excuse, pour seule réponse: "c'est la faute à pas de chance?"

En effet monsieur le président, les "dirigeants", tous les dirigeants doivent répondre de leurs actes. Ce principe de responsabilité est d'ailleurs l'un des piliers de la démocratie. C'est nécessaire afin de comprendre la chaîne de décision et de commandement, pour comprendre l'imbrication des intérêts qui ont rendu possible cette catastrophe et enfin et surtout pour rendre justice à ces dizaines de milliers de morts, partis dans des souffrances terribles alors qu'ils ne demandaient qu'à travailler dignement et faire vivre leurs familles. Les victimes, pour bien les connaître et avoir soignées beaucoup d'entre-elles, ne réclament pas la vengeance mais la justice. Elles ne réclament pas des têtes, mais la vérité. Elles ne réclament pas d'argent mais veulent être reconnues et retrouver leur dignité.

Alors monsieur le président, n'est-il pas temps de faire le nécessaire et que le procès pénal de l'amiante puisse voir le jour? Que la Justice passe, sans haine mais sans faiblesse.

Christian HUTIN

Député du Nord

Président du groupe d'études "Amiante"

L'intégralité de l'entretien paru ce mercredi 22 juin 2016 dans l'Est-Eclair


Claude Nicolet (MRC) à Romilly :« Penser la souveraineté en termes de déclin est une erreur »

Le secrétaire national du MRC sera jeudi soir à Romilly pour animer un débat sur la souveraineté nationale et la construction européenne.

Est-Eclair: Pour quelles raisons le mot « souveraineté » est-il curieusement devenu péjoratif ou même, dans la bouche du président François Hollande, synonyme de déclin ?

C’est en fait l’histoire d’un renoncement qui s’inscrit dans la longue durée. Ce renoncement induit également une rupture quant à une réflexion de fond sur notre histoire et ce que Fernand Braudel appelait « l’identité de la France ». Ce renoncement explique en partie ce profond malaise politique mais aussi identitaire et culturel que traverse notre pays. C’est une crise de longue durée et qui repose sur une perspective politique qui s’est transformée en mensonge, c’est le mythe européen. De paradis annoncé il s’est transformé en purgatoire et chacun sent bien qu’on va vers l’enfer fait d’austérité à perpétuité et d’inégalités croissantes. Le sort réservé à la Grèce en est la caricature violente. Le travail détaché, la loi Travail…François Mitterrand a eu cette formule célèbre « La France est notre patrie, l’Europe est notre avenir », François Hollande reste accroché à cette vision en réalité qui ne correspond absolument plus à la situation politique, historique et stratégique dans laquelle nous sommes.

Le monde vit des bouleversements majeurs et on ne peut plus le penser avec des concepts qui date de la guerre froide et d’avant la chute du Mur de Berlin. Les Nations ont fait leur grand retour or beaucoup de ces hommes et de ces femmes ont été forgé par l’idéologie du « post-national », de la fin des Nations comme objet politique. Ne plus penser la nation c’est renoncer à penser la souveraineté, donc la liberté d’un peuple. C’est renoncer à penser le « récit », « l’imaginaire » qui le constitue et qui lui permet d’exprimer son génie propre. L’Union européenne ne le peut tout simplement pas. Elle n’en a aucun des moyens politiques et symboliques. Penser la souveraineté en terme de déclin est une erreur majeure, car ce n’est qu’à partir de celle-ci que tout pourra se reconstruire.

Est-Eclair: Comment a t-il perdu sa valeur émancipatrice, celle qui a porté le peuple français vers la Révolution de 1789, celle qui portait plus récemment la Résistance en France ? Par quel cheminement est-il devenu la propriété de l’extrême droite ?

Parce qu’on a abandonné, pour des raisons politiques, cet « imaginaire » à l’extrême droite. Il était ainsi disqualifié. Être « souverainiste » vous place automatiquement dans le « camp du mal » contre celui du « bien ». Cette disqualification est indispensable à la mise en œuvre du projet aujourd’hui porté par l’Union européenne.

Combien de fois ne me suis-je pas fait insulté de nationaliste, parfois même de fasciste parce je refusais d’adhérer à cette vision des choses. Toute une partie de la gauche française surtout à partir de 1983 à l’occasion du tournant libéral de la rigueur (démission de Jean-Pierre Chevènement du Gouvernement) s’est coulée dans ce moule idéologique induisant l’abandon de la nation et de la souveraineté. Ce faisant cette « gauche » capitulait politiquement sur un sujet essentiel pour elle, à savoir la question sociale. Elle laissant seuls des pans entiers de son électorat populaire à ce qu’allait devenir le Front national.

Or nous voyons revenir avec une violence inouïe deux questions essentielles que les « européistes » pensaient avoir réglés : la question sociale et la question nationale. Donc la souveraineté. Or chez toute une partie de nos « élites » c’est un véritable « Impensé », un trou noir, une espèce d’horreur d’où ne peuvent sortir que les pires catastrophes. On nous ressert à chaque fois la Paix contre la guerre…Ils ne comprennent pas que la marche des peuples vers le progrès et la liberté est inséparable de celle qui s’appuie sur la souveraineté des nations.

Est-Eclair: Le MRC a choisi de placer au cœur de sa réflexion et de son action politique, la question de la souveraineté nationale et de son exercice. Pourquoi cet attachement fort à cette idée de la nation souveraine ?

Parce que nous sommes des patriotes. Des patriotes républicains. Parce qu’il ne peut y avoir de liberté politique sans l’exercice plein et entier de la souveraineté. Parce que la France ne peut-être la France (comme toute les nations) si elle n’est pas maîtresse de son propre destin. Tout cela conditionne notre politique étrangère, notre outil de défense, nos alliances (la question de l’OTAN est déterminante), notre politique économique et sociale. Comment pouvoir continuer à tenir ce rôle et ce discours si particulier qui est celui de la France si nous sommes enfermés dans des structures uniformisées, étouffantes qui éteignent le génie des peuples. Comment jouer ce rôle de médiateur dans le concert de nations si nous sommes identiques à tous ?

Est-Eclair: Le MRC associe souvent l'idée de la souveraineté au progrès social. En quoi l'affirmation de l'union européenne irait-elle en défaveur des peuples ?

Parce que la question sociale est inséparable de la question nationale. Parce que le peuple français est un peuple politique. Parce que dans notre pays l’Etat a eu un rôle déterminant dans la constitution et la fabrication de la Nation. C’est ce que disait Ernest Renan il y a déjà plus de 120 ans mais qui reste totalement d’actualité. « La nation est un plébiscite de chaque jour », qu’elle merveilleuse perspective démocratique. Sans cet exercice démocratique dont nous sommes faits, il ne reste que rien. Une coquille vide, une oligarchie prédatrice vivant « sur la bête ». Il ne reste qu’une société éclatée, post-démocratique, livrée à la loi du plus fort, sans perspective, sans rêve, sans possibilité de fabriquer du commun.

Le progrès social devient une illusion, c’est exactement ce que nous vivons aujourd’hui. C’est ce contre quoi avec mes camarades je me bats. Car soyons sans illusion, le bout de ce chemin c’est la guerre de tous contre tous. Celles et ceux qui se disent de « gauche » (terme à totalement redéfinir) mais également les républicains sincères et patriotes ont un immense travail à faire pour éviter les tragédies qui viennent et bâtir le programmes de salut public qu’un jour, et peut-être plus rapidement que prévu, la situation et le pays exigeront que nous mettions en œuvre y compris si l'on veut sauver cette belle idée européenne de coopération entre les nations.

Propos recueillis par Christophe Levert


Médias

par MRC NORD le Jeudi 1 Octobre 2015 à 20:00

Mots-clés : Sambre-Avesnois

Article de La Voix du Nord du 1er octobre 2015


"Le MRC tente de se relancer en Sambre-Avesnois"

Sambre-Avesnois. Animateur désigné du Mouvement républicain et citoyen (MRC) en Sambre-Avesnois, Olivier Leman, qui habite Wallers-en-Fagne, a reçu la semaine dernière à Maubeuge, Claude Nicolet, premier secrétaire de la fédération du Nord. Objectif: officialiser la renaissance d'une section locale du MRC qui a existé au début des années 2000 jusqu'à ce qu'Éric Pastyka n'en démissionne en 2008, le parti n'ayant alors pas souhaité l'investir pour les élections municipales...


«Cela fait quelques mois que nous avons réactivé le réseau de nos sympathisants, explique M. Leman, qui avait fait campagne pour Jean-Pierre Chevènement - qui n'appartient plus au MRC - lors de la présidentielle de 2002. Nous n'avons pas d'antenne mais le mouvement a vocation à se faire connaître.» Pour ce, rien de mieux qu'une page Facebook a jugé celui qui est rédacteur web indépendant. Un site Internet devrait suivre, en principe.


Se félicitant du récent accord d'union avec le Parti socialiste pour les prochaines régionales, M. Leman brosse en quelques phrases l'essentiel du programme du MRC: «Nous défendons des idées de progrès social, les valeurs d'égalité, de laïcité. Nous défendons aussi la souveraineté nationale.» Concernant le récent débat autour de l'accueil des réfugiés, par exemple, le militant du MRC dit être «favorable aux quotas, mais il faut surtout avoir une réflexion sur l'avenir de ces réfugiés afin de favoriser les conditions de leur retour dans un pays en paix».


Reste maintenant à avoir plus d'une dizaine de militants pour créer une véritable section...


BÉATRICE FRÈRE


http://www.lavoixdunord.fr/region/le-mrc-tente-de-se-relancer-en-sambre-avesnois-ia23b44386n3077466

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1er secrétaire fédéral
Député de la 13e circonscription
Maire de Coudekerque-Branche
Conseiller départemental de Coudekerque-Branche



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