Fédération MRC du Nord
Mercredi 22 Juin 2016

Claude Nicolet (MRC) à Romilly :« Penser la souveraineté en termes de déclin est une erreur »



L'intégralité de l'entretien paru ce mercredi 22 juin 2016 dans l'Est-Eclair


Le secrétaire national du MRC sera jeudi soir à Romilly pour animer un débat sur la souveraineté nationale et la construction européenne.

Est-Eclair: Pour quelles raisons le mot « souveraineté » est-il curieusement devenu péjoratif ou même, dans la bouche du président François Hollande, synonyme de déclin ?

C’est en fait l’histoire d’un renoncement qui s’inscrit dans la longue durée. Ce renoncement induit également une rupture quant à une réflexion de fond sur notre histoire et ce que Fernand Braudel appelait « l’identité de la France ». Ce renoncement explique en partie ce profond malaise politique mais aussi identitaire et culturel que traverse notre pays. C’est une crise de longue durée et qui repose sur une perspective politique qui s’est transformée en mensonge, c’est le mythe européen. De paradis annoncé il s’est transformé en purgatoire et chacun sent bien qu’on va vers l’enfer fait d’austérité à perpétuité et d’inégalités croissantes. Le sort réservé à la Grèce en est la caricature violente. Le travail détaché, la loi Travail…François Mitterrand a eu cette formule célèbre « La France est notre patrie, l’Europe est notre avenir », François Hollande reste accroché à cette vision en réalité qui ne correspond absolument plus à la situation politique, historique et stratégique dans laquelle nous sommes.

Le monde vit des bouleversements majeurs et on ne peut plus le penser avec des concepts qui date de la guerre froide et d’avant la chute du Mur de Berlin. Les Nations ont fait leur grand retour or beaucoup de ces hommes et de ces femmes ont été forgé par l’idéologie du « post-national », de la fin des Nations comme objet politique. Ne plus penser la nation c’est renoncer à penser la souveraineté, donc la liberté d’un peuple. C’est renoncer à penser le « récit », « l’imaginaire » qui le constitue et qui lui permet d’exprimer son génie propre. L’Union européenne ne le peut tout simplement pas. Elle n’en a aucun des moyens politiques et symboliques. Penser la souveraineté en terme de déclin est une erreur majeure, car ce n’est qu’à partir de celle-ci que tout pourra se reconstruire.

Est-Eclair: Comment a t-il perdu sa valeur émancipatrice, celle qui a porté le peuple français vers la Révolution de 1789, celle qui portait plus récemment la Résistance en France ? Par quel cheminement est-il devenu la propriété de l’extrême droite ?

Parce qu’on a abandonné, pour des raisons politiques, cet « imaginaire » à l’extrême droite. Il était ainsi disqualifié. Être « souverainiste » vous place automatiquement dans le « camp du mal » contre celui du « bien ». Cette disqualification est indispensable à la mise en œuvre du projet aujourd’hui porté par l’Union européenne.

Combien de fois ne me suis-je pas fait insulté de nationaliste, parfois même de fasciste parce je refusais d’adhérer à cette vision des choses. Toute une partie de la gauche française surtout à partir de 1983 à l’occasion du tournant libéral de la rigueur (démission de Jean-Pierre Chevènement du Gouvernement) s’est coulée dans ce moule idéologique induisant l’abandon de la nation et de la souveraineté. Ce faisant cette « gauche » capitulait politiquement sur un sujet essentiel pour elle, à savoir la question sociale. Elle laissant seuls des pans entiers de son électorat populaire à ce qu’allait devenir le Front national.

Or nous voyons revenir avec une violence inouïe deux questions essentielles que les « européistes » pensaient avoir réglés : la question sociale et la question nationale. Donc la souveraineté. Or chez toute une partie de nos « élites » c’est un véritable « Impensé », un trou noir, une espèce d’horreur d’où ne peuvent sortir que les pires catastrophes. On nous ressert à chaque fois la Paix contre la guerre…Ils ne comprennent pas que la marche des peuples vers le progrès et la liberté est inséparable de celle qui s’appuie sur la souveraineté des nations.

Est-Eclair: Le MRC a choisi de placer au cœur de sa réflexion et de son action politique, la question de la souveraineté nationale et de son exercice. Pourquoi cet attachement fort à cette idée de la nation souveraine ?

Parce que nous sommes des patriotes. Des patriotes républicains. Parce qu’il ne peut y avoir de liberté politique sans l’exercice plein et entier de la souveraineté. Parce que la France ne peut-être la France (comme toute les nations) si elle n’est pas maîtresse de son propre destin. Tout cela conditionne notre politique étrangère, notre outil de défense, nos alliances (la question de l’OTAN est déterminante), notre politique économique et sociale. Comment pouvoir continuer à tenir ce rôle et ce discours si particulier qui est celui de la France si nous sommes enfermés dans des structures uniformisées, étouffantes qui éteignent le génie des peuples. Comment jouer ce rôle de médiateur dans le concert de nations si nous sommes identiques à tous ?

Est-Eclair: Le MRC associe souvent l'idée de la souveraineté au progrès social. En quoi l'affirmation de l'union européenne irait-elle en défaveur des peuples ?

Parce que la question sociale est inséparable de la question nationale. Parce que le peuple français est un peuple politique. Parce que dans notre pays l’Etat a eu un rôle déterminant dans la constitution et la fabrication de la Nation. C’est ce que disait Ernest Renan il y a déjà plus de 120 ans mais qui reste totalement d’actualité. « La nation est un plébiscite de chaque jour », qu’elle merveilleuse perspective démocratique. Sans cet exercice démocratique dont nous sommes faits, il ne reste que rien. Une coquille vide, une oligarchie prédatrice vivant « sur la bête ». Il ne reste qu’une société éclatée, post-démocratique, livrée à la loi du plus fort, sans perspective, sans rêve, sans possibilité de fabriquer du commun.

Le progrès social devient une illusion, c’est exactement ce que nous vivons aujourd’hui. C’est ce contre quoi avec mes camarades je me bats. Car soyons sans illusion, le bout de ce chemin c’est la guerre de tous contre tous. Celles et ceux qui se disent de « gauche » (terme à totalement redéfinir) mais également les républicains sincères et patriotes ont un immense travail à faire pour éviter les tragédies qui viennent et bâtir le programmes de salut public qu’un jour, et peut-être plus rapidement que prévu, la situation et le pays exigeront que nous mettions en œuvre y compris si l'on veut sauver cette belle idée européenne de coopération entre les nations.

Propos recueillis par Christophe Levert



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