MRC Aire Urbaine (BMH)

Publiée en 2009, une réflexion historique et politique sur le projet utopique et son dynamisme démocratique en 8 articles - article n°2.


Les Cahiers du travail social n°59-60
Les Cahiers du travail social n°59-60
Un cas de messianisme politique : le sébastianisme.
Plutôt que de reprendre une fois encore la critique de l’utopie communiste et de sa « contre-utopie » soviétique, largement commentée et analysée [Cornélius Castoriadis, « Marxisme et théorie révolutionnaire », L’institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, 1975 ou Bronislaw Baczko, 1984], il me semble pertinent de commenter ici un précédent historique et politique d’espérance collective curieux mais exemplaire d’un imaginaire collectif fondé sur le principe du salut national : le sébastianisme. Ce cas d’espérance socio-politique, semblable par sa nature au messianisme chrétien, fondateur d’un mythe politique, d’un enchantement collectif et d’une fabulation sociale, a figé une société dans un imaginaire social unique, total et prédéterminé, conduit à une sorte « d’inertie » politique et, au moins, assujetti une nation au retour improbable d’un roi mythique, annonciateur d’une époque glorieuse, qui a tenu la population dans un « fatalisme » social. « Le sébastianisme correspond tout à fait à la mentalité collective portugaise, où l’on trouve entrelacés mysticisme, providentialisme, messianisme et vocation universaliste » [Labourdette, 2000, p. 317].
 
Les conditions historiques de la défaite et de la décadence portugaise5 n’auraient que peu d’importance, aléas historiques parmi tant d’autres, si elles n’étaient la pierre fondatrice d’un sentiment national, d’un symbolisme politique et d’un imaginaire social fondés sur l’espérance, celui du retour de l’homme providentiel, du renouveau national et du retour à l’époque glorieuse. Sous la domination espagnole, le peuple portugais s’est accroché au mythe du retour providentiel du roi Sebastião, dont la disparition fut vécue comme un drame national, un traumatisme d’autant plus profond que le roi avait répondu idéalement à l’image du roi conquérant, élu de Dieu, que la nation attendait. Expiation collective qui donna lieu à l’élaboration d’un mythe national : le Desajado, le désiré, qu’aucun témoignage, ni aucune preuve, n’assurait d’une mort certaine, devint l’Encoberto, le roi caché, héros malheureux d’une bataille, mais figure légendaire de la bravoure, et même héros invulnérable car choisi de Dieu, et dont la mission reste à jamais le rétablissement de la nation portugaise dans sa grandeur, la restauration d’un nouvel empire chrétien, celui du Quinto Império (Cinquième Empire). Le mythe sébastianiste traversera les siècles, entretenu par la littérature, qui exprimera, par l’espoir prochain du nouvel âge d’or et le maintien des valeurs traditionnelles, le projet universel du Portugal. Le sébastianisme devint également le socle imaginaire nécessaire à l’union nationale autour des hommes providentiels. Messianisme politique inscrit dans la mentalité portugaise, il participe au sentiment d’universalité du génie national comme l’Esprit des Lumières et de la Révolution éclaire le monde du génie français. Fernando Pessoa et ses hétéronymes, sous l’effet de leurs diversités psychologiques, se laisseront étourdir par ce mythe, mélangeant allègrement imaginaire social et pragmatisme politique, analyse sociologique et espérance littéraire. Dans un article déroutant, inspiré du sociologisme pré-positiviste, fondé sur les corrélations probables entre l’apparition des grands mouvements littéraires européens et « l’état de vigueur  » des esprits nationaux, Pessoa se laisse aller à prophétiser l’avenir grandiose du pays6 : analyse politique qui s’annonce « mathématique », « logique », mais qui se termine par une prière.
 

Lu, vu, entendu : notes militantes

par le Dimanche 29 Janvier 2017 à 18:16


Retour sur le programme Optymo : une étape dans la mise en oeuvre d'une nouvelle économie pour les transports en commun prônée par Christian Proust.


Le Triple play Optymo sur Youtube
Le Triple play Optymo sur Youtube
Il faut se rendre à l'évidence : l'offre des réseaux de transport en commun est aujourd'hui beaucoup moins attractive que celle de la voiture individuelle dont la part dans les mobilités continue à croître partout. La force du phénomène dans les villes moyennes a conduit, jusque-là, à attribuer cet échec à un effet « taille ».
Mais les temps sont durs et invitent à plus d'exigence intellectuelle. La crise des finances publiques et les arbitrages de plus en plus rudes auxquels elle contraint ne permet plus aujourd'hui, même dans les grandes métropoles régionales, de poursuivre à l'aveugle et sans réflexion une politique de développement de l'offre dopée à l'augmentation de dépenses publiques. Car dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants, il faut déjà dépenser un peu plus d'un euro de dépenses publiques pour générer chaque voyage. Et cela sans compter les coûts très lourds des investissements. Le débat sur les politiques publiques de mobilité va donc s'installer durablement dans l'espace public et médiatique.
 

Publiée en 2009, une réflexion historique et politique sur le projet utopique et son dynamisme démocratique en 8 articles - article n°1.


Les Cahiers du travail social n°59-60
Les Cahiers du travail social n°59-60
Lorsque le terme « utopie » et ses dérivés sont utilisés, il n’est pas rare qu’ils soient immédiatement associés à l’idée du « doux rêve » impossible, voire de l’entreprise folle, irréaliste mais sans danger. Au contraire, la contre-utopie est présentée comme une perversion du projet utopique, la mainmise d’une élite bureaucratique ou aristocratique sur un système social qui gouverne et génère des masses silencieuses. Des masses qui ont le droit à un bonheur organisé et démocratique, des masses qui ne demandent rien de plus que d’être maintenues dans cet état de bien commun permanent par une élite reconnue et aimée. Le projet utopique ne peut qu’être manipulé ; il ne serait pas dans sa nature d’être mauvais, inadéquat. Cette qualité intrinsèque mérite pourtant d’être interrogée : l’utopie, programme collectif, est-elle sans danger pour l’individu ? Question qui se pose à chaque projet collectif, à moins que l’individu, face à l’intérêt général, n’existe plus. C’est là la faille des organisations collectives et sociales. C’est aussi, comme nous le verrons, le mobile des utopies communautaristes : sauvegarder la distance humaine et maintenir les libertés individuelles. Mais, c’est également le point de rupture de ces utopies car la somme des libertés individuelles ne crée pas les conditions de l’union collective.
 
1. L’idéologie du Salut, la nature judéo-chrétienne de l’Utopie.

L’espoir instrument de l’aliénation sociale.
La distinction entre la « bonne » et la « mauvaise » utopie montre à quel point le sens commun est incapable de rejeter l’espoir du merveilleux et, même, comment il l’appelle de toutes ses forces au point de ne plus voir les risques qu’engendre un tel programme. C’est un retour au bonheur originel, à celui de l’enfance, le refus des responsabilités, des décisions difficiles, des peines et des souffrances. Pourtant, c’est également le retour à la dépendance, à l’incompréhension, aux punitions. Mais, cet aspect-là ne tient pas face aux promesses du bonheur collectif. Les espoirs de demain se débarrassent des réalités du jour. La dernière élection présidentielle reste un exemple frappant : alors que les exigences politiques sont débattues depuis plusieurs mois, les promesses prennent encore le pas sur les programmes, les images médiatiques masquent les personnalités et les carrières politiques. Entre 2002 et 2007, cinq ans de « déclinologie » à la française, de préparation à l’austérité, d’appel à la rupture libérale n’auront pas incité les français à rejeter la part magique des programmes politiques : cette fois encore la campagne présidentielle n’aura pas créé les conditions du choix démocratique raisonné. Seuls les formules creuses, les projets flous et les orientations doctrinales auront émergé d’une campagne digne d’un concours de beauté.

À Belfort, la majorité municipale est bientôt à mi-mandat. Il est possible de dresser un premier bilan.


DÉSINTOX, lecture de l'actualité municipale

La campagne de communication durant la récente crise Alstom ne parviendra pas à masquer la réalité : l’absence d’ambition et d’envergure du maire pour Belfort. Son manque de travail sur les grands dossiers — la construction de l’Aire urbaine des projets, le développement économique, l’université et la recherche, l’éducation, l’urbanisme — ses méthodes expéditives et ses décisions partisanes, sont en train  de reléguer Belfort au rang d’une petite ville qui subit les événements plus qu’elle n’anticipe les enjeux. 
 

D’ailleurs, l’acharnement avec lequel il dénigre le travail réalisé pendant trois décennies par les hommes et les femmes rassemblés autour de Jean-Pierre Chevènement en dit long sur sa volonté de tirer un trait sur le volontarisme politique et l’innovation. Face à l’omniprésence d’une communication politique qui vire souvent au mensonge éhonté, le Mouvement Républicain et Citoyen a décidé de s’adresser directement aux Belfortains. Nous entendons servir les Belfortains en les informant de ce qui se passe vraiment à l’Hôtel de Ville. Chacune des informations délivrées ici est étayée, référencée et vérifiable. Chacun pourra juger. Nous pensons que l’action publique commence toujours avec l’exigence de vérité… qui n’est pas incompatible avec un peu d’humour. Prendre les choses au sérieux sans se prendre au sérieux, tel est le crédo de DÉSINTOX.
 

Nous avons besoin de vous pour continuer notre action. N’hésitez pas à nous faire part de votre sentiment et de vos suggestions à la lecture de ce premier numéro.

 


Lu, vu, entendu : notes militantes

par le Mardi 20 Septembre 2016 à 15:05


Réflexion issue de la ratification du traité de Lisbonne par la Représentation nationale le 7 février 2008


À propos de la représentation démocratique
« Le traité européen définitivement ratifié.
Moins de trois ans après le « non » au référendum, le Parlement a voté « oui ».
Les députés, avant les sénateurs dans la soirée, ont donné hier leur feu vert à la ratification par la France du traité européen de Lisbonne, clôturant un chapitre politique douloureux qui a divisé partis et électorat, à cinq mois de la présidence française de l'UE. Un peu moins de trois ans après le « non » au référendum sur la Constitution européenne, l'Assemblée nationale a adopté le projet de loi autorisant la ratification de Lisbonne par 336 voix pour et 52 voix contre. L'UMP a voté oui dans son immense majorité (206 pour, cinq voix contre, trois abstentions). Plus de 100 députés UMP n'ont cependant pas voté. Divisé, le PS a retrouvé un semblant d'unité, avec une majorité de députés socialistes qui ont dit « oui » (125 pour, 25 contre dont Henri Emmanuelli, et 17 abstentions). Les députés fabiusiens avaient annoncé qu'ils ne prendraient pas part au vote »
 
L’Est Républicain du 8 février 2008.
 
Ce que le vote populaire refuse, la représentation nationale est en droit de l’accorder. Tel sera l’enseignement politique de la «gesticulation» présidentielle et gouvernementale pour la promulgation du nouveau traité européen, étrangement qualifié de «mini» comme pour mieux limiter l’importance de cet artifice politique.

Il n’y a pas comme certains l’aiment à penser, ou à le laisser entendre, un déni de démocratie.
 
Au contraire. La démocratie prend ici la forme «normale» du système de représentation politique. Les urnes ont porté à la présidence de la République française un homme et une majorité qui ont soutenu le projet de traité établissant une constitution pour l’Europe. Quoi de plus naturel que ce «nouveau» président et cette «nouvelle» majorité, vierge de l’échec du «oui» au référendum, prennent leur responsabilité politique en affichant leurs convictions. De plus, les urnes auraient-elles donné raison à sa concurrente que le résultat politique eu été le même. Sans doute par un procédé moins direct, peut-être même avec un soupçon de démocratie participative, en quelque sorte une forme «douce», une touche «féminine» pour reprendre le singulier registre idéologique sur lequel la candidate du Parti Socialiste a fait campagne. Le vote parlementaire du 7 février ratifiant le traité européen de Lisbonne par la France ne laisse aucun doute sur les «choix de civilisation» de nos représentants politiques : c’est à proprement parler «l’union sacrée» de la représentation politique contre le résultat du vote populaire.
 
La grande majorité des députés français, favorables au «oui» référendaire, avaient pris acte du revers électoral et manifesté leur incompréhension face au résultat national. Mais le projet politique d’une normalisation institutionnelle, économique et juridique de l’Europe semblait irréversible et indiscutable : nombre de commentaires — politiques et médiatiques, s’il est encore possible de les distinguer — ont attribué le refus populaire à un ensemble de réactions psychosociales irrationnelles (la peur de l’avenir, l’angoisse de la concurrence, la frilosité d’une société «privilégiée»), tout en assurant les électeurs de leur bienveillance politique, exemples touchants de la compassion des hommes publics révélant à l’homme ordinaire, au citoyen trompé, la voie du bien commun.
 
 
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