Vendredi 18 Octobre 2013

"Je refuse la loi du mensonge triomphant"



Jean-Pierre Chevènement était l'invité jeudi 17 octobre 2013 du 22h de Public Sénat. Il répondait aux questions de Sonia Mabrouk.


Sur l'affaire Leonarda 
- Le gouvernement a le devoir d'exercer une certaine pédagogie. Il n'y a aucun pays au monde que je connaisse qui n'ait pas une législation sur le séjour. Tout pays a le droit de dire qui est admis à séjourner sur son sol ou pas.
- J'ai été ministre de l'Intérieur. J'ai régularisé sur critères d'intégration un certain nombre d'immigrés, mais je n'ai pas régularisé les autres.
- Les procédures concernant la famille de Leonarda ont duré un peu plus de quatre ans. On se pose la question de savoir s'il ne faudrait pas un peu raccourcir les délais, car cela crée une émotion, une certaine empathie, ce que je comprends tout à fait.
- Le Réseau Education Sans Frontières a des thèses qu'en principe un gouvernement ne peut pas partager. Ca n'empêche pas un certain nombre de socialistes de manifester avec eux depuis longtemps, et ils sont imprégnés, je veux croire par manque de réflexion.
- Dans la polémique on entend des choses absurdes. Par exemple contrairement a ce qu'a dit un dirigeant de la FIDL, on ne demande pas les papiers pour rentrer dans un lycée, un collège, une école ! L'inscription est de droit, il n'y a aucune vérification.
- Comme disait Jaurès, « le courage c'est de chercher la vérité et de la dire ». Et je refuse la loi du mensonge triomphant.

Sur la perspective d'un élargissement de l'UE 
- Je pense qu'il faut rouvrir le dossier européen, rebattre les cartes. Il y a une Europe a 28 pays dont on annonce encore l'élargissement, mais aujourd'hui c'est déjà ingérable.
- Il faut penser l'Europe autrement, avec les nations, avec des politiques claires sur des grands sujets, et puis il faut faire une Europe qui aille du Maghreb à la Russie, pour que nous mettions ensemble un certain nombre de choses très importantes, et que pour le reste, on laisse les nations décider. 

Sur la comparaison entre la mondialisation d'hier et celle d'aujourd'hui
- Nous avons connu deux mondialisations libérales, l'une sous égide britannique, qui commence avec le traité de libre-échange Cobden-Chevalier – en France c'est l'époque du 2nd Empire – et qui se termine avec la guerre de 14. C'est évidemment inquiétant pour la deuxième mondialisation, sous égide américaine, qui culmine autour de l'an 2000. En effet par comparaison, comme la montée de l'Allemagne impériale a été ressentie comme menaçante par l'Empire britannique, de la même manière aujourd'hui on voit la montée de la Chine par rapport aux États-Unis !
- Il faut donc être extrêmement prudent, comprendre le passé, le fait que la 1ère GM se déclenche par la volonté des élites allemandes - et non pas le peuple allemand - de faire une guerre préventive... or il me semble que la guerre préventive a été théorisée il n'y a pas si longtemps que cela, par le président Bush, au moment de l'invasion de l'Irak.
- Il faut faire attention à ce qu'il peut se passer maintenant entre les États-Unis et la Chine. Regardons du côté de la mer de Chine, tout cela est évidemment très inquiétant.
- Ma théorie est celle de l'hegemon, la puissance hégémonique, le patron qui fixe les règles du jeu dans une période de mondialisation libérale. La Grande-Bretagne est l'hegemon de la première mondialisation, et ce pays entre dans la guerre parce qu'il ne peut pas accepter que l'Europe tout entière passe sous le contrôle de l'Allemagne. Cette explication est bien meilleure que celle de Lénine, « l'impérialisme, stade suprême du capitalisme ».
- Aujourd'hui la question qui se pose, c'est vers quoi allons-nous, avec la montée de la Chine, des émergents, parce qu'avec la mondialisation, il y a une modification de l'équilibre des puissances, et on voit le déclin de l'Europe.
- Mon livre est aussi une réflexion sur le déclin des nations européennes. Les nations émergentes sont fières d'elles-mêmes, conquérantes, les nations européennes rasent les murs. 

Sur l'Allemagne
- Je montre la contradiction de l'Allemagne, qui est une très grande puissance économique au cœur de l'Europe, qui a conquis depuis longtemps une position prépondérante sur la zone € et l'UE, qui est le seul pays excédentaire du Vieux continent sur la Chine, mais en même temps elle n'a pas une puissance économique et militaire. Elle n'a pas de projets autres que de faire l'impasse sur les risques potentiels. L'Allemagne est comme une grande Suisse.
- L'Allemagne est au cœur de l'Europe et ne peut pas complètement se dissocier du sort du continent, qui doit affronter des problèmes en Afrique, en Méditerranée, d'autres encore, qui sont des problèmes qui montent.
- Comment agir ensemble ? Il faut rebattre les cartes de la construction européenne. Il faudra bien par rapport à la Chine et aux USA que les peuples européens s'organisent. Et il faudra bien trouver un accord avec l'Allemagne parce que ce pays doit aussi résoudre ses contradictions. 

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