Contre le duel de l'inéluctable que veulent imposer Emmanuel Macron et Marine Le Pen, la France a besoin d'un autre chemin. Le MRC soutient Arnaud Montebourg. Il est temps de proposer une alternative républicaine et populaire aux citoyens !


Il y a dix ans, les sociaux-libéraux encourageaient la gauche à persister dans sa dangereuse préférence pour les questions sociétales, les minorités et le goût pour une certaine bourgeoisie libérale s’épanouissant dans l’individualisme et une mondialisation heureuse. Triomphait alors la version française du « clintonisme » qui avait uni dans un même programme politique Wall Street et Hollywood, symbolisant un mépris implicite pour les classes populaires qui se jetaient à l’inverse dans les bras de Trump.
 

Pour les gauches mondiales, il n’était plus nécessaire de s’attaquer aux excès du système économique néolibéral et mondialisé puisqu’il était prétendument bon pour nos sociétés. Le protectionnisme devait rester l’apanage des supposés populistes alors que chacun comprend l’urgente nécessité de rééquilibrage écologique et social d’une mondialisation sauvage et destructrice de nos sociétés occidentales. La question des salaires et de l’amour du travail était abandonnée au profit de la seule redistribution, par les impôts et le revenu universel, célébrant ainsi curieusement l’union de Bill Gates avec Benoît Hamon.
 

En acceptant ainsi le monde tel qu’il était devenu, la gauche du quinquennat Hollande fit grossir de 15 points le Front national par sa politique austéritaire, parachevée par le quinquennat Macron, champion du mépris de classe en apportant les 15 points de plus qui manquaient pour atteindre les 50 % du corps électoral. Le résultat de ce choix est maintenant connu : les « gilets jaunes » s’affrontèrent en fracture ouverte avec Macron en défendant désespérément le droit de vivre de leur travail ; aujourd’hui la famille Le Pen est aux portes du pouvoir, plusieurs régions sont sur le point d’être gagnées par le Rassemblement national, et tous les candidats se revendiquant de la gauche (Mélenchon, Jadot, Hidalgo) seraient battus par Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Tout comme Macron qui n’en est plus très loin et devrait entrer dans l’histoire pour avoir minutieusement installé le RN au pouvoir, par incompétence ou cynisme.
 

Extrême centre et extrême droite

 

François Mitterrand avait exprimé clairement une vérité lors de son célèbre discours d’investiture du 21 mai 1981 : avec la victoire de la gauche, « la majorité sociale a enfin rencontré la majorité politique ». Avec Emmanuel Macron, c’est la minorité sociale d’un bloc bourgeois qui a arraché une majorité politique, gouvernant pour une base étroite avec arrogance. Cette recomposition découle de choix délibérés d’indifférenciation idéologique et de conversion de la gauche à la pensée unique. Depuis si longtemps, gauche et droite se succèdent au pouvoir pour mener les mêmes politiques néolibérales aux dépens des droits économiques et sociaux des classes moyennes et populaires.
 

Dans l’affrontement scénarisé à l’avance entre le bloc bourgeois d’Emmanuel Macron et le bloc réactionnaire de Marine Le Pen, les classes populaires sont expulsées du jeu politique, condamnées à un non-choix entre l’extrême centre et l’extrême droite. La majorité sociologique du pays qui a fait l’élection de Chirac (« la fracture sociale »), de Sarkozy (« travailler plus pour gagner plus »), ou de Hollande (« mon adversaire, c’est la finance ») n’est plus représentée ni par la gauche ni davantage par la droite qui court après son électorat perdu. Faute de proposition correspondant à ses aspirations, le corps central du pays se donnera donc à la famille Le Pen.
 

Dans la recomposition qui doit se poursuivre, seule l’unification politique du bloc populaire autour d’une force républicaine briserait la tenaille constituée d’un côté par le bloc bourgeois qui représente l’élite et de l’autre par le bloc réactionnaire qui prétend représenter par opposition tous les autres, c’est-à-dire le peuple. Pour réussir ce défi, il lui faut offrir une unification de ces deux composantes dans un nouveau choix démocratique capable de devenir majoritaire en 2022.
 

Cette force populaire est le rassemblement des forces politiques défendant l’intérêt du plus grand nombre autour de l’intérêt général, cette France des gens ordinaires, qui faute de trouver leur représentation politique, désespèrent, abandonnent, se radicalisent, ou choisissent l’indifférence. De quoi cette nouvelle majorité sociale serait-elle faite ? De tous ceux qui forment cette France contre laquelle le quinquennat d’Emmanuel Macron s’est fracassé après dix-huit mois : la France des déclassés, des enracinés, des « quelque part », des « premiers de corvée », des diplômés précarisés, de « ceux qui ne sont rien » selon la triste formule présidentielle. Mais également une bourgeoisie d’intérêt général – chefs d’entreprise, hauts fonctionnaires, intellectuels, créateurs – qui refuse de faire sécession de la nation et reste fidèle au destin commun de cette République qui nous lie. Des populations qui aspirent à s’en sortir par leur travail et à en vivre dignement, qu’ils soient anciennement affiliés à la droite (petits commerçants, artisans, travailleurs indépendants, agriculteurs) ou à la gauche (ouvriers, employés, fonctionnaires de première ligne). Tous ceux-là peuvent former une nouvelle majorité. Mais quel serait leur projet unificateur, au moment où la gauche cherche son unité sans la trouver ?
 

Renforcement du nucléaire

 

Tous ceux-là veulent à coup sûr un travail pour en vivre, plutôt que la proclamation hasardeuse de la fin du travail assortie d’allocations universelles. Ils voudraient des augmentations de salaires, plutôt que d’assister dans la classe politique à un concours Lépine des impôts nouveaux.
 

Tous ceux-là veulent à coup sûr que la France s’organise enfin contre la mondialisation qui nous étrille, quand on entend encore chanter les louanges de la mondialisation heureuse. Ils voudraient rétablir un minimum de souveraineté de la France face à une Union européenne incapable de résoudre les problèmes des Français et des Européens, car la démocratie est le seul moyen dont dispose le plus grand nombre pour reprendre le contrôle.
 

Tous ceux-là ont bien compris que les mythes de la réussite individuelle, du ruissellement, de la « start-up nation » cachent la faillite de notre capacité à permettre à chacun de se réaliser dans un pays bloqué. Ces mythes sont les cache-sexes de l’abandon total de l’industrie française, du made in France, de ses emplois et territoires, aux sirènes du laisser-faire pour les puissants, pendant qu’on ne laisse rien faire à tous les autres dans le pays de l’ultra-bureaucratie. Beaucoup voudraient ainsi en finir avec cet Etat Léviathan bureaucratique, privatif de nos libertés, facteur de blocage du pays, auteur des errements sanitaires dans la crise Covid-19, quand les partis politiques peuplés d’énarques continuent à défendre aveuglément une haute administration qui travaille en roue libre. A l’inverse, les Français ont commencé à reconstruire leur territoire abandonné, et cherchent dans leur vie quotidienne des solutions concrètes, lorsque la plupart des dirigeants ne semblent s’intéresser qu’aux métropoles.
 

Tous ceux-là veulent à coup sûr que la France produise et relocalise selon de nouveaux modèles écologiques ce qu’elle consomme, en organisant une collaboration entre toutes les générations, climat et boomers. Ils savent que la lutte contre le dérèglement climatique passe aussi par le renforcement du nucléaire et d’EDF comme service public national assurant une électricité bon marché.
 

Cette force politique existe

 

Tous ceux-là pensent également que l’immigration n’est pas sous contrôle et pèse sur les conditions de vie des plus modestes, face au slogan facile du « accueillons-les tous ! ». Ils voudraient pourtant à coup sûr défendre l’application intransigeante de l’état de droit, le droit à la sûreté et à une police au service de la population face à l’insécurité qui atteint des sommets, tout comme le droit à la justice, qu’on soit puissant ou misérable. Finalement, ils veulent corriger les injustices cruelles et criantes de leur vie quotidienne, et dire non aux arrangements du monde en faveur de quelques-uns.
 

Tous ceux-là veulent enfin que l’Etat les débarrasse de l’islamisme politique qui cherche à pervertir ou détruire les règles de la République délibérées en commun, quand quelques dirigeants s’aveuglent encore sur la dangerosité de cette autre forme de fascisme, l’autre versant de la peste brune.
 

Au second tour de l’élection présidentielle de 2017, 4 millions de citoyens ont voté blanc ou nul et 12,1 millions se sont abstenus dans le choix entre En marche ! et le FN, considérant que l’incendie totalitaire ne se combat pas avec le briquet du néolibéralisme qui a servi à l’allumer. Ces électeurs sont majoritairement issus des classes moyennes et populaires. Cette force existe donc, mais l’inconnue pour 2022 est de savoir s’il est possible de réunifier cette force populaire et républicaine sur un programme politique interventionniste, régulationniste, républicain et laïc, dans et en dehors des partis. Réunifier les premiers de corvée sur un nouveau compromis historique avec les milieux économiques et les forces sociales, avec la bourgeoisie d’intérêt général et les mouvements populaires, c’est dessiner là un nouveau compromis entre des forces qui se sont affrontées mais qui, dans l’intérêt commun de relèvement du pays, chercheraient un accord en échangeant les concessions réciproques. Tel est l’enjeu de 2022 auquel les hommes et femmes de bonne volonté doivent désormais s’atteler.
 

 

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I Publié le Mercredi 14 Avril 2021 par Mouvement Républicain et Citoyen


Le Mouvement Républicain et Citoyen s’engage avec Arnaud Montebourg pour un patriotisme qui nous rassemble.


La France entre dans un monde radicalement nouveau. La pandémie, la crise sociale et économique, la dépendance aux grandes puissances et aux multinationales, le démantèlement des services publics, l’enrichissement débridé du monde de la finance au détriment du travail, la faillite de la construction néolibérale de l’Union européenne, le réchauffement climatique sont autant de bouleversements quotidiens auxquels nous sommes confrontés collectivement et qui frappent d’autant plus fortement les plus modestes.

Pour relever ces défis efficacement, nous avons besoin d’une volonté politique forgée avec les citoyens pour la reconquête de notre souveraineté, la relocalisation de notre industrie, la reconstruction de notre indépendance économique et énergétique, la mobilisation de notre agriculture pour garantir des revenus décents aux agriculteurs et notre sécurité alimentaire, la reconstruction de l’autorité de l’État et de la démocratie représentative, le développement d’une recherche et d’une éducation réellement publiques, l’affirmation de notre République laïque et sociale sur tout le territoire, l’engagement pour une écologie populaire qui n’oppose pas la fin du monde à la fin du mois de nos concitoyens.

La France est notre première préoccupation. Nous la partageons avec tous les Français, qui aspirent à retrouver leur pouvoir de vivre et le contrôle de leur destin commun.

L’élan humaniste de notre nation n’est pas mort. La gauche républicaine a toujours refusé de renoncer à cet idéal. Nous sommes fiers d’être Français. Nous le sommes d’autant plus que nous savons que cette fierté est partagée dans le pays par les citoyens.

Face aux stratégies liées d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen qui veulent réitérer le duel de 2017 et pour construire une alternative crédible, résolument républicaine et de gauche dans la perspective de l’élection présidentielle de 2022, le Mouvement Républicain et Citoyen souhaite qu'Arnaud Montebourg présente sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Dès à présent, le conseil national du MRC a décidé de lui apporter son soutien et appelle tous les citoyens qui ont en commun la justice sociale et la République comme horizon, à s’engager.

« Arnaud Montebourg est l’homme de la situation pour incarner la puissance d’un patriotisme qui nous rassemble : celui qu’on oppose au défaitisme ambiant et aux têtes courbées des libéraux qui veulent nous vendre à la découpe. Celui également qui se distingue des nationalistes identitaires qui attisent et entretiennent les peurs et les haines recuites pour mieux diviser les Français. Arnaud Montebourg est l’homme de la rupture dont la France a besoin et est capable de rassembler », déclare Jean-Luc Laurent, président du MRC, maire du Kremlin-Bicêtre.

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I Publié le Mardi 29 Octobre 2019 par Mouvement Républicain et Citoyen


Communiqué de Jean-Luc Laurent, président du MRC, le 26 octobre 2019


Je soutiens le mouvement national des hôpitaux publics et services d’urgence confrontés à des suppressions d’emplois, aux fermetures de lits d’hospitalisation et le comble : lorsque des emplois sont ouverts, ils ne sont pas pourvus !
Depuis le printemps dernier, les services d’urgences sonnent l’alarme comme à l’hôpital Bicêtre et ne sont pas entendus. Les annonces du gouvernement ne sont que des rustines. De nouvelles restrictions budgétaires sont prévues avec le projet de loi de financement de la sécurité sociale en cours d’examen au parlement.
Ancien président de la commission de surveillance des Hôpitaux Universitaires Paris Sud de l’APHP, et Conseiller municipal du Kremlin-Bicêtre, j’alerte depuis des années sur la dégradation des moyens de fonctionnement de l’hôpital public et des services d’urgences, et sur la dégradation des conditions de travail des personnels hospitaliers. Des recrutements sont nécessaires et les salaires doivent être revalorisés. Cette politique de réduction de la dépense publique et des services publics est devenue totalement insupportable et met en cause la capacité des hôpitaux publics à mener à bien leur mission de soins et de la conduire en sécurité.
Je suis solidaire des personnels des services d’urgence rassemblés dans le collectif Inter urgences. Connaissant tout particulièrement l’hôpital Bicêtre et son service d’urgence, je connais les difficultés pour assurer un accueil de qualité des patients et je leur adresse à nouveau mon soutien.
Je signe naturellement cette pétition adressée avec la lettre ouverte au Président de la République. Je vous appelle à la signer en cliquant ici.

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I Publié le Mardi 17 Septembre 2019 par Mouvement Républicain et Citoyen


Billet de Jean-Luc Laurent, président du MRC, le 17 septembre 2019


Les nouvelles annonces du gouvernement en réponse à la grève des urgences qui dure depuis six mois et concernent maintenant 250 services d'urgence à travers toute la France, ont été rejetées par les personnels soignants. C'est un flop.


La ministre a écarté la revalorisation des salaires et l'ouverture de nouveaux lits. Le collectif Inter-Urgences a voté la poursuite du mouvement car il considère que "le plan, c'est du flan". Le plan d'Agnès Buzyn reste dans la logique comptable que nous connaissons depuis des années et n'apporte pas de solutions immédiates aux difficultés des services des urgences. Il ne propose pas non plus une perspective d'avenir pour l'hôpital public et les services d'urgence.

Le plan du gouvernement qui est présenté comme un pacte de refondation, n'en n'est pas un. Il s'étale jusqu'à 2024 et comprend des mesures comme le nouveau service d'accès aux soins en unifiant les numéros d'appels. C'est intéressant mais déjà annoncé dans le passé et difficile à mettre en place. Au-delà, le financement avancé est surtout constitué de redéploiements budgétaires. 630 millions d'euros sur les 750 millions annoncés concernent "des renforts en ville, comme à l'hôpital, de médecins et de soignants" alors qu'il faut surtout des créations de postes et des ouvertures de lits pour accueillir les patients dans de bonnes conditions et en particulier les personnes âgées qui doivent trop souvent patienter aux urgences faute de lits en nombre suffisant.

Par ailleurs, les annonces sur les maisons médicales de garde, qui sont utiles pour réduire la charge qui pèse les urgences, ne sont que la reprise des annonces précédentes et sont à l'évidence insuffisantes.

Une autre politique est nécessaire. Il faut d'abord rompre avec la logique comptable et la baisse de la dépense publique qui ont abouti à une diminution importante de la protection sociale et des moyens pour le fonctionnement de l'hôpital public. On ne peut améliorer la situation des services d'urgence à moyens identiques et il est temps de revaloriser les métiers de la santé.

Au Kremlin-Bicêtre, l'hôpital manque de personnels et les postes vacants restent non pourvus en raison des niveaux de salaires proposés. Cette situation aboutit à fermer des lits d'hospitalisation et à réduire l'accueil de patients. C'est une aberration totale. Une manifestation avait lieu à Paris le 11 septembre 2019 pour protester contre les mesures annoncées par le gouvernement qui sont considérées comme totalement insuffisantes. Je m'y suis rendu pour apporter, à nouveau, mon soutien aux personnels médicaux et soignants.

Vous aussi, soutenez leur action pour une santé de qualité et signez la pétition du collectif Inter-Urgence en cliquant sur ce lien 

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I Publié le Vendredi 31 Mai 2019 par Mouvement Républicain et Citoyen


Tribune de Bastien Faudot, Emmanuel Maurel, Jean-Luc Laurent et Marie-Noëlle Lienemann


Le Président porte une lourde responsabilité dans la casse sociale et technologique en cours à Belfort. Il a désormais le devoir d’agir pour empêcher la poursuite du démantèlement.

L’ultime épisode du sinistre feuilleton « Alstom – General Electric » est désormais connu : en annonçant mardi 28 mai la suppression de 1050 emplois, pour l’essentiel dans l’entité Gaz de GE, la direction du groupe a confirmé ce que l’intersyndicale du site belfortain redoutait depuis des mois. C’est, pour l’un des principaux bassins industriels français, un séisme d’une ampleur sans précédent, car à ce millier d’emplois, s’ajoute en réalité 750 suppressions de postes qui ont déjà cours, en catimini, notamment dans la sous-traitance interne. Si l’on y ajoute l’ensemble des emplois induits*, c’est au bas mot, 7 à 8.000 familles qui subiront les effets de la restructuration de General Electric, qui signifie en fait une délocalisation massive de la production.

Ce carnage au plan social s’ajoute au gâchis technologique et industriel : la suppression d’activité va demain engendrer une perte de savoir-faire et de métiers pour lesquels la puissance publique a investi en formations, en infrastructures, en recherche. Ce sont des centaines et des centaines d’ingénieurs ou d’ouvriers qualifiés qui vont demain être privés d’emplois, qui vont devoir engager une reconversion, ou déménager pour tenter leur chance ailleurs. C’est une perte de richesse incalculable pour la communauté nationale.

L’affaire Alstom-General Electric vient de loin. Car le discours fataliste des libéraux ne doit pas dissimuler une réalité concrète : la désindustrialisation en France n’est pas une catastrophe naturelle. Elle est le produit de priorités politiques, de choix délibérés en haut lieu qui sont la cause première du désastre social que subissent ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. De ce point de vue, le cas Alstom-General Electric est un cas d’école : l’abandon par l’Etat de notre fleuron Alstom a rendu possible la liquidation des emplois chez General Electric.

L’Etat, ici, a un nom : Emmanuel Macron. Car depuis le début de l’affaire, tous les fils mènent à l’actuel président de la République qui a agi avec persévérance… contre nos intérêts nationaux.

Printemps 2014 : le jeune secrétaire général adjoint de l’Elysée s’oppose d’une formule lapidaire à la proposition d’Arnaud Montebourg de nationaliser Alstom pour éviter de brader le groupe au géant américain qui a fait une offre : « On n’est quand même pas au Venezuela ! ». C’est la ligne Macron qui l’emporte à l’Elysée. Cette option satisfait en réalité tous les libéraux, jusqu’au maire LR de Belfort qui applaudit des deux mains.

Avant cela, à l’automne 2013, le même Emmanuel Macron commanditait un rapport secret au cabinet américain A.T. Kearney qui détaille le scénario du démantèlement du groupe français et recommande que Bouygues cède les parts qu’il détient dans Alstom à… General Electric. Devant la commission d’enquête parlementaire, M. Macron ose soutenir pourtant que l’Etat a été « mis devant le fait accompli » ! Dans ce dossier, Alstom et Bouygues ont le même banquier, la maison Rothschild, employeur d’Emmanuel Macron jusqu’en 2012.

4 novembre 2014 : arrivé entretemps à Bercy, Emmanuel Macron signe l’accord du gouvernement pour la cession au groupe américain. La logique du circuit court prévaut : celui qui fut le promoteur de l’opération a eu le privilège de la valider…

28 mai 2015 : le ministre de l’économie se rend à Belfort pour rencontrer les salariés d’Alstom Transport et leur déclare : « Votre activité a une importance stratégique pour la France et sera donc défendue ». Cette déclaration n’empêche pas le volte-face deux ans plus tard : fraichement élu président de la République, Emmanuel Macron soutient la vente du groupe français à l’Allemand Siemens en prétendant bâtir un « airbus du rail ». Mais la commission européenne met un terme à ce projet en février 2019 pour éviter une position monopolistique. L’arroseur arrosé.

Juin 2018 : General Electric, qui avait assorti l’acquisition d’Alstom énergie d’une promesse de création de 1000 emplois en France, annonce finalement que cet engagement ne sera pas honoré. Le gouvernement de M. Macron répond qu’il restera « vigilant » !

Printemps 2019 : Prétextant un effondrement du marché des turbines à gaz, le groupe américain décide d’une restructuration et programme les annonces pour le 30 avril, qu’il repoussera à deux reprises, sous la houlette du nouveau directeur général qui vient d’être nommé et qui n’est autre que l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron au ministère des finances, Hugh Bailey… Ultime arrogance, la suppression des 1050 emplois intervient tranquillement 48 heures après un scrutin européen décisif pour le parti du président.

Un tel scénario relève du thriller hollywoodien. Comment un chef d’Etat a pu couvrir, encourager, justifier, organiser un tel désastre ? A chaque étape, à chaque échelon des chaines de décision, Emmanuel Macron n’a pas seulement laissé faire, il a agi de façon délibérée en bradant des technologies décisives (et l’ensemble des brevets) pour notre indépendance nationale : les turbines Arabelle qui équipent nos centrales nucléaires, le propulseur du porte avion Charles de Gaulle ou encore les turbines de nos quatre sous-marins nucléaires sont désormais sous bannière américaine !

Aujourd’hui, le plan de licenciement dans la division Gas Power de GE est assorti de mensonges éhontés. D’une part, GE a enregistré en 2018 le plus grand nombre de commandes de turbines à gaz. D’autre part, la consommation de gaz dans le monde ne cesse d’augmenter. De surcroit, la complémentarité de ces turbines avec les énergies renouvelables est attestée. Enfin et surtout, les activités produites à Belfort ne sont pas, contrairement à la communication officielle du groupe, supprimées, mais relocalisées pour partie aux Etats-Unis et délocalisées en Inde, au Mexique et en Hongrie.

Dans cette affaire, les intérêts des salariés du site et ceux de la Nation se confondent.

Pour les salariés comme pour la Nation toute entière, le président de la République a aujourd’hui le devoir de mobiliser tous les moyens de l’Etat pour réparer les fautes qui procèdent de sa responsabilité personnelle.

Tribune publiée dans Marianne que vous pouvez retrouver ici.


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Président du MRC
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