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Publié le Dimanche 10 Mai 2015

"Notre pays ne manque pas de religion mais de civisme"



Marie-Françoise Bechtel, députée de l'Aisne et vice-présidente du MRC, était invitée de l'émission Hondelatte Direct sur BFMTV, vendredi 8 mai 2015. Elle débattait avec Marie-Laure Harel, conseillère municipale UMP de Paris.


Verbatim express

Au sujet des résultats des élections britanniques
  • Sur la question du référendum sur l'Europe, David Cameron a un côté arroseur arrosé. On sent qu’il est bien embêté maintenant car il y a au Royaume-Uni un sentiment d’originalité: l’Angleterre est le plus vieil Etat d’Europe. Il y a cette idée de "Pourquoi on déciderait ailleurs que chez nous ?". Ils n’emploient pas le terme de souveraineté mais c’est exactement la même chose. Et puis, il y aussi l’idée qu’ils sont capables d’être performants tout seuls. Avec la City, ils ont des services financiers hautement performants dans le monde.
  • Ce que la France reproche à l’Europe n’est pas la même chose. La France veut défendre un certain modèle où la protection sociale joue son rôle. Ce n’est pas du tout le problème du Royaume-Uni, qui est ultra libéral, alors que c’est plutôt pour cette raison que nous critiquons la dérive de l’UE vers les marchés financiers et surtout les contraintes considérables qui sont imposées par le traité dit d’austérité négocié par Nicolas Sarkozy et ratifié, bien malheureusement, par François Hollande.
  • Les choses ne sont pas simples. On ne peut pas comparer avec la situation française. Rappelez-vous que cela va faire 10 ans dans quelques jours que la France a dit non à la constitution européenne. Les deux principaux partis ont ensuite fait voter au Parlement quelque chose qui allait directement à l’encontre de la volonté souveraine du peuple français sur une affaire de traité engageant nos compétences étatiques. C’est une affaire assez grave. Cela ne s’est pas passé en Grande-Bretagne, nous avons déjà cette grande différence.
  • Si Cameron fait un referendum, il le fera certainement avec une question un peu complexe : « Êtes-vous pour une Europe qui serait réformée de telle ou telle façon ? ». C’est très intéressant, nous pourrions faire la même chose. En réalité nous nous divisons non pas sur l’appartenance à l’Europe mais sur l’Europe telle qu’elle est. Faut-il que tout cela continue ainsi ?


A propos du livre d'Emmanuel Todd sur le 11 janvier

  • Emmanuel Todd a un peu caricaturé sa propre position. C’est un intellectuel extrêmement brillant. Il est très provocateur et n’a pas de responsabilité politique. Tout cela conduit assez facilement à aller loin.
  • Sans doute y a-t-il eu une dimension un peu islamophobe, qui n’était pas recherchée mais objectivement a résulté de ce rassemblement. Une musulmane m’a dit « je serais bien allée manifester mais j’ai eu peur qu’avec mon voile, on ne comprenne pas que je sois là ».
  • Là où Todd se trompe c’est que le 11 janvier il y a eu un élan démocratique et républicain, ce qui sont déjà deux choses différentes. La démocratie c’est la liberté d’expression, la République c’est l’élan collectif et le civisme. Il y avait encore une troisième dimension, qu’il sous-traite complétement : la dimension nationale. Les gens pensaient que c’était la France qui était attaquée. Je crois que c’est cela qui a mobilisé beaucoup de gens.
  • La critique que je ferais est la suivante : au nom de la liberté d’expression, on peut tout dire, selon la formule prêtée à Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez le dire ». Personnellement, je ne suis pas une lectrice très emballée par Charlie Hebdo. Et selon moi, il y a tout de même une forme d’absence de responsabilité par rapport à l’intérêt national.
  • La presse peut dire ce qu’elle veut et pousser la caricature jusqu’au bout, mais notre pays n’est pas dans une situation facile vis-à-vis du terrorisme. Est-ce bien le moment d’attiser les rancœurs, les tensions ? Je n’en suis pas sure. La ligne éditoriale de Charlie Hebdo était tout de même très agressive vis-à-vis de l’islam. Elle l’était aussi vis-à-vis des autres religions mais, disons qu’ils étaient concentrés depuis quelques mois sur cette ligne. La presse anglo-saxonne, par exemple, n’a jamais publié ces caricatures.

    Sur les propos de Nicolas Sarkozy sur le "manque de religion en France"
  • Notre pays manque de civisme, il manque de foi dans une République vivante mais je ne crois pas du tout que notre pays manque de religion.

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Président du MRC
Conseiller régional d'Occitanie