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Publié le Samedi 6 Septembre 2008 par Louis Gautier

Les défis à relever. Les valeurs sur lesquelles reconstruire la gauche, par Louis Gautier



Trame de l'intervention de Louis Gautier, auteur de "Table rase - Y a-t-il encore des idées à gauche ?" (Flammarion, 2008), ancien conseiller du premier ministre, Université d'été du MRC, Belfort, 6 septembre 2008.


Les défis à relever. Les valeurs sur lesquelles reconstruire la gauche, par Louis Gautier
La crise de la gauche : la matrice d’Epinay est cassée, les divisions l’emportent.
Depuis 2002, tous les partis de gauche, des radicaux aux ultras, sont en crise. Depuis 2002, la gauche souffre d’une absence de leadership. Non seulement, la gauche ne parvient pas à sortir d’un multipartisme problématique mais la fracture apparue sur la question européenne a accru sa division sans déboucher sur aucune recomposition positive. Les radicaux ne subsistent qu’en raison d’accords électoraux avec le PS. Les verts ne sont jamais parvenus à s’inscrire comme une force vraiment mobilisatrice à gauche. Le PC est taraudé par un doute existentiel profond et son absence de plan pour l’avenir. La mouvance trotskiste cherche à se reconstituer derrière Besancenot, mais comme l’ensemble de la gauche radicale elle est « cornérisée » par des postures souvent sectaires et une culture purement contestataire..
Cependant, c’est l’état du parti socialiste parce qu’il constitue organiquement l’épine dorsale de la gauche qui demeure le plus préoccupant. A la veille de son congrès de 2008, le PS n’est toujours pas sorti des querelles de clans et de personnes qui affectent sa bonne marche. Il n’a pas entrepris le travail de rénovation programmatique indispensable, ni réformé son mode interne de fonctionnement. Il n’a pas su rétablir les conditions nécessaires à la confiance des autres formations de son camp ni restaurer son autorité dans l’opinion comme principale force d’opposition.
Une refondation idéologique et programmatique nécessaire à l’alternance
Le PS et la gauche ont besoin de procéder à une clarification idéologique du projet de société qu’il cherche à promouvoir. Le PS et la gauche doivent aussi renouveler leur approche sociologique de l’électorat qu’ils entendent défendre et représenter. Ils doivent en outre, pour les formations qui acceptent d’assumer la responsabilité de gouverner, proposer des réponses programmatiques en phase avec les attentes de cet électorat.
Une refondation à gauche est indispensable surtout après que la campagne de 2007 a exposé au grand jour, l’absence d’unité, l’inadéquation ou la banalité des propositions à gauche. La cacophonie règne dans le camp socialiste sur l’Europe. Faute d’un travail en profondeur sur leur corpus théorique, les socialistes croient s’adapter à la modernité, en empruntant à l’air du temps de nouvelles références au risque de dérapages qui ne sont pas seulement terminologiques. Leur message est brouillé. La droite a bien compris comment accroître une confusion des repères qui nous est fatale.
La gauche doit d’abord investir le combat des idées. Contrairement à Nicolas Sarkozy qui voudrait faire croire que tout se mélange et tout se vaut sur le plan idéologique et que seules comptent la performance, la réussite, la rentabilité emballées dans le papier verni des croyances, la gauche doit soutenir un projet politique fondé sur le contrat social et l’égalité. Elle doit aussi défendre avec plus de vigueur certains principes.


Le « leadership » idéologique de la gauche n’existe plus
Depuis 1905, la gauche a finalement rarement et souvent brièvement gouverné (Cartel des gauches, front populaire, expérience Mendès-France , gouvernement G Mollet, Union de la gauche sous les septennats de F Mitterrand, majorité plurielle de Jospin) mais la pensée de gauche dominait le débat d’idée. Le courant républicain et le courant socialiste ont irrigué et mis sous tension tous les grandes dialectiques politique du XXème siècle. La gauche d’antan n’avait pas souvent le pouvoir mais elle avait les idées. A présent elle ne gouverne plus et ne domine plus le débat d’idées.
La gauche constate, avec un peu de retard, qu’elle ne domine plus le débat d’idées en France. La dénonciation du goulag, le délabrement de l’idée communiste et l’effondrement de l’Union soviétique ont sérieusement entamé son crédit intellectuel, d’autant plus que la gauche française n’a pas produit elle-même l’analyse en profondeur de ces terribles échecs, le PS pas plus que le PC. En outre la gauche socialiste qui s’est revitalisée idéologiquement à partir de Mai 68 et de l’écologie a peu questionné idéologiquement ces mouvements.
Les droits de l’homme sont devenu le pilier de conversion d’une partie de l’intelligentsia de gauche dont nombre de représentants ont insensiblement migré à droite. Il n’y a pas de hasard au passage d’un intellectuel comme A Glucksman chez Sarkozy, comme il n’y a pas de hasard non plus à l’entrée de responsable politique comme B Kouchner dans son gouvernement. La compatibilité des hommes et de leurs idées existait forcément avant. De même le legs culturel de mai 68 ou l’apport des écologistes ont été trop peu soumis à une critique théorique de leurs fondements pour être des éléments de reformulation du clivage droite gauche. Ils ont été incorporés sans avoir été passés au crible. Ils sont de ce fait confusément autant des références pour la droite que pour la gauche. Finalement d’ailleurs, en matière de mœurs, S Veil fait plus pour l’émancipation des femmes que les gouvernements de F Mitterrand et Chirac ne fait pas moins que Jospin dans la sauvegarde de l’environnement. Le Grenelle de l’environnement montre comment la confusion et le brouillage peuvent être de ce fait porté loin.
Mais le discours idéologique traditionnel de la gauche centré sur l’interventionnisme de la puissance publique est resté dominant longtemps en France, alors que partout dans le monde occidental il est sur le déclin, en but à une offensive néolibérale radicale amorcée au début des années 80. Cette offensive idéologique, avant même la chute du mur de Berlin et la mondialisation, n’est pas une coïncidence : la décadence du modèle communiste derrière le rideau de fer rendait déjà moins utile l’embellissement de la vitrine sociale du monde Occidental.
D’une certaine manière, l’élection de Jacques Chirac sur le thème de la fracture sociale en 1995 et la cohabitation de 1997 a cependant continué à masquer la réalité à une gauche en perte de vitesse idéologique.


Le Sarkozisme ou la confusion des repères dans le cortex médiatique français
Durant la campagne électorale de 2007, il a été possible de mesurer la progression des points de vues et des valeurs de droite voire de la droite extrême comme références désormais dominantes et affichées du concert médiatique.

Nicolas Sarkozy a réussi à incarner la rupture par rapport à son prédécesseur à l’Elysée en assumant de façon plus décomplexée son identité de droite et des idées conservatrices en vogue depuis plusieurs années. Il a ainsi renouvelé par un plus grand contraste l’offre politique, ce qui a créé en sa faveur une dynamique incontestable. Briseur de tabous, il désacralise le modèle français. La gauche qui en était le grand prêtre est transformée en gardien d’un temple dévasté. Les questions qu’il choisit de mettre en avant : la sécurité, l’autorité, le mérite, l’identité nationale, les restrictions à l’immigration lui permettent de faire la jonction avec l’électorat du Front national. Au cours de sa campagne, Nicolas Sarkozy s’affranchi de beaucoup de scrupules idéologiques, jonglant avec les références et les symboles de gauche comme de droite. La gauche, tétanisée, a été incapable de riposter, sauf sur le mode de l’indignation sans portée : on nous vole nos grands hommes, on défigure nos monuments !
On attend d’elle un rétablissement intellectuel. A la fois une mobilisation pour contrer une pensée de droite envahissante et de l’imagination pour inventer de nouveaux concepts. Ce travail n’est possible que par un retour en amont vers ses sources d’inspiration, un examen critique de son héritage idéologique.

Le logiciel de la gauche victime du bug du marxisme
Le dépérissement des grandes idéologies et de la foi dans le progrès amène inéluctablement à reconsidérer les cadres doctrinaux du socialisme. Le marxisme ne peut plus être le principal viatique même s’il n’est pas privé de puissance d’inspiration. Il est d’autant plus essentiel que la gauche revisite ses fondamentaux et concilie entre elles ses diverses sources. De même, il convient de faire mieux converger les courants d’opinion qui irriguent la gauche. Sur de nombreuses questions, faute de débats suffisamment approfondis les positions ne sont pas rendues assez homogènes. La gauche a d’abord besoin de se réapproprier certaines idées et de ne pas laisser d’autres les dénaturer politiquement en en prenant possession. Elle doit reprendre pied dans la bataille idéologique, tout commence par là.
Avant même la chute du mur de Berlin, les idées étaient en avance sur le siècle. Comme souvent, le mouvement des idées avait précédé celui de la réalité politique et économique. La référence au communisme et aux vertus salvatrices de la révolution avait cessé d’être crédible vingt ans avant l’effondrement du « socialisme réel ».

Accédant au pouvoir, les socialistes ont contribué, en France, au « passage » en politique d’un discours porté jusque-là exclusivement par les intellectuels et débouchant sur la réhabilitation des droits de l’homme et de la démocratie. Cependant, comme elle ne s’était pas officiellement dépouillée de sa « vieille peau marxiste », la gauche française n’a pas su tirer pleinement avantage de cette situation. Elle n’a pas su valoriser son rôle dans la conversion définitive de la France au libéralisme politique entre 1981 et 1995. De même, alors qu’elle a su mettre en œuvre certaines grandes idées protestataires de mai 68, elle a été dépouillée de ce bénéfice, car on lui fait reproche d’avoir trop longtemps fermé les yeux sur l’infantilisme des idées politiques héritées de la révolte étudiante.

De manière générale, faute d’un travail idéologique suffisant, la pensée de la gauche s’est étiolée. Alors qu’elle n’avait pas peu contribué dans la seconde partie du siècle dernier à consolider « un discours interprétatif dominant » politiquement centré sur l’Etat et la défense du « modèle français », après 1990 elle perdait pied, incapable de faire face à la déferlante idéologique du libéralisme et d’un modèle anglo-saxon qui, avec la mondialisation, prétendent devenir la référence démocratique par excellence. Alors que la droite, en passant de Chirac à Sarkozy, accepte de se convertir sans état d’âme à ces références néolibérales et néoconservatrices et à liquider sans aucun scrupule l’héritage républicain, la gauche qui résiste fait figure d’attardée.
On attend de la gauche qu’elle contrecarre par des idées neuves une idéologie ambiante détestable. Mais on attend d’abord qu’elle ne s’en laisse pas compter.
La gauche n’a pas à rougir de sa contribution séculaire au débat des idées en France ; de façon générale, elle peut être fière d’avoir théoriquement et pratiquement contribué à l’affermissement de la démocratie française jusqu’au gouvernement de Lionel Jospin qui sur la parité, l’interdiction des cumuls, l’indépendance de la justice, la présomption d’innocence, le secret défense, a entrepris des réformes démocratiques qui n’ont pas été prolongées après lui.
La gauche peut assumer avec fierté le corpus d’idées politiques qui constituent son patrimoine. Dans ce patrimoine, il y a des idées sublimes, il y en a de terribles, des justes et des erronées. Mais si l’on s’attache non pas à la seule histoire des idées mais à l’inscription historique de ces idées dans les contextes et les situations où elles ont été réellement expérimentées dans notre pays, il n’y a plus des idées justes et des idées erronées. Il y a des faits et ce que ces idées ont pu produire.

Des virus et des spams intoxiquent notre logiciel
Par manque d’imagination ou paresse intellectuelle, la gauche pour se reconstituer un peu intellectuellement, fait feu de tout bois. Elle a glané ici et là des idées novatrices, notamment chez quelques grands penseurs originaux : F. Hayek, C. Schmitt, J. Rawls, R. Aron, Jonas… Un peu naïvement, elle pensait que l’hétérodoxie de leurs idées, par rapport à celles traditionnellement répandues chez les conservateurs, la prémunissait contre le risque de droitisation auquel pouvaient conduire de tels emprunts. C’était sans compter sur le fait qu’une idée, un concept est rarement un isolat. Une pensée s’inscrit nécessairement sur une toile de fond idéologique. Aussi des notions telles que la discrimination positive, le principe de précaution, le communautarisme quand elles ont été incorporées à une doctrine républicaine et socialiste, par ailleurs excessivement figée, l’ont entièrement détraquée. Ici l’équité triomphe contre l’égalité. La croyance au progrès est supplantée par un misonéisme douteux et un catastrophisme absurde. La laïcité pâtit d’un relativisme de plus en plus marqué. L’athéisme n’est plus un signe de ralliement.

Le logiciel de la gauche menacé par un bug massif du fait de la péremption du marxiste est contaminé par des virus conservateurs et les spams hypnotiques d’un prêt-à-penser à la mode.

Les portes d’entrée de ces chevaux de Troie sont connues : l’écologie, qui a recyclé des idées et des théoriciens autrefois classés à l’extrême droite ; l’alter-mondialisme qui reste influencé par un vieux fond anarchiste ; le social- libéralisme qui fait son lit dans le libéralisme ; la gauche chrétienne qui cherche à réintroduire partout des valeurs transcendentales. La gauche doit laisser ouvertes, largement ouvertes, ses portes avec le monde des idées. Elle doit être réceptive aux idées nouvelles. Mais elle doit aussi doter son ordinateur de pare-feux.
Faute d’un travail en profondeur sur leur corpus idéologique, les partis de gauche et les socialistes en particulier, croient s’adapter à la modernité, en empruntant à l’air du temps de nouvelles références au risque d’un salmigondis idéologiques et de dérives qui ne sont pas seulement terminologiques.


La gauche respecte croyances et traditions mais pour elle la société politique ne peut se construire qu’en raison
Il convient pour la gauche de prendre définitivement acte de l’exténuation des « grands récits » liée à la péremption du marxisme et des grands discours téléologiques de l’histoire. Mais il lui faut opposer un démenti à ceux qui, restaurent en politique les notions de croyance et de tradition, en dénigrant le principe fondamental pour la gauche selon lequel la société politique est instituée sur la raison, que tout ce qui ne peut pas être rationnellement débattu ne rentre pas dans le champ de la sphère public et du débat démocratique. Il convient aussi de résister à l’affirmation selon laquelle le primat de la raison aurait brimé la liberté en commençant par limiter la liberté de conscience. On prétend à tort que les Lumières auraient donné à la raison la primauté contre la liberté alors que, tout au contraire, la philosophie politique des Lumières est caractérisée par son impossibilité théorique à arbitrer entre le préalable de la rationalité et le principe premier de la liberté.
La gauche a donc besoin de retrouver ses marques philosophiques et de la vigueur face à une pensée réactionnaire qui, à partir d’une lecture erronée, caricaturée de la Révolution et de la pensée socialiste, instruit aujourd’hui un triple procès contre la raison, contre la modernité, contre l’universalisme et la sécularisation, une pensée qui prétend sans vraisemblance que dès leurs prémices, les Temps Modernes puis les Lumières contenaient déjà en germe le totalitarisme ; que la Révolution française conduisait au Goulag.
La critique puis l’abandon des perspectives finalistes de l’histoire, après Auschwitz et Hiroshima, aboutissent, en effet à la réintégration préoccupante en politique de valeurs transcendantes au nom des dieux ou d’une humanité érigée en concept métaphysique, à une dénonciation radicale du constructivisme politique. Le rationalisme politique au XIXème siècle et au XXème siècle aurait conduit à des abominations dans l’histoire. Livrée à elle-même, la raison deviendrait folle. On connaît la parabole, son retentissement est immense : à Auschwitz et à Kolyma, la mort de Dieu précéda la mort de l’homme. La réintroduction du divin serait la seule façon de redonner du sens à nos sociétés. Sarkozy dans son discours du Latran ne soutient pas autre chose.
Quelles que soient les formes prises, la sécularisation a été pensée comme un processus institutionnel et juridique visant à dénouer le nœud théologico-politique autrefois au cœur de la définition du pouvoir. Elle conduit à bien identifier l’Etat comme une instance neutre par rapport au facteur religieux. Dans le concept français de sécularisation, la laïcité entend même neutraliser le facteur religieux dans l’espace public. Or c’est toute une autre lecture qui s’est progressivement imposée depuis une vingtaine d’années en France et parfois dans les rangs de la gauche, en particulier de la gauche chrétienne, à la suite de l’exploitation des travaux de Léo Strauss, Carl Schmitt et Karl Löwith.

On peut résumer cette théorie à partir de deux citations fameuses : « tous les concepts prégnants de la théorie moderne de l’Etat sont des concepts théologiques sécularisés » (Carl Schmitt) ; « toute la philosophie de l’histoire devient totalement dépendante de la théologie, c'est-à-dire de l’interprétation de l’histoire comme histoire du salut » (Karl Löwith).
Galvaudées, ces thèses seront le cheval de Troie pour les anti-laïcs. Par leur ethno-centrisme, elles sont finalement préjudiciables à laïcité et à plus généralement à la cause de la modernité comme vecteur de la démocratie ici et dans le monde, car elle associe la démocratie à un héritage civilisationnel, un legs du passé judéo-chrétien de l’Occident. Dans le théorème de la sécularisation proposé par Schmitt et Löwith, on passe en effet d’une conception de la sécularisation caractérisée par la rétractation du facteur religieux à un processus qui organise son transfert et indirectement le relégitimise. On assiste ainsi en ce début du XXIème siècle à la fabrication d’une nouvelle réalité dans laquelle la décadence relative des principes de la Modernité s’accompagne d’un réencadrement social, manifeste ou subreptice, par la religion.
Il n’y a pas de hasard dans la justification de la guerre en Irak par Bush et Blair au nom de la démocratie associée aux valeurs la civilisation.


Associée au projet de transformation de la société, la gauche doit réinterroger ses conceptions de l’histoire et du sens de l’action dans l’histoire.
Face à la montée du facteur religieux dans notre société et aux tentatives de plus en plus fortes de réintroduire le fait religieux comme une donnée de la politique, la gauche doit opposer une vision profane. Mais elle ne peut plus s’appuyer comme jadis sur une confiance sans limite dans la vertu du progrès et dans l’espoir que le perfectionnement de l’humanité se résume à la promesse de luttes émancipatrices. Trop d’expériences malheureuses et violentes sont venues tempérer ces croyances. Dans un univers de faible espérance, la gauche doit réinterroger le sens qu’elle place dans l’action politique et quel rôle elle assigne à la rationalité politique.
Sans le secours des religions ni le soutien des philosophies finalistes, sans progrès ni providence, l’idée de continuité de l’histoire humaine ainsi que l’expérience du mal et de la souffrance dans l’histoire forment à présent la maigre trame à laquelle un esprit européen peut se raccrocher pour tenter de légitimer le sens de toute action.
Le fait que nous n’envisagions plus l’histoire sous l’angle du sens ultime mais de la continuité ne la prive pas pour autant de toute signification dans le rapprochement des événements présents avec ceux du passé et dans l’attente placée dans les événements futurs par rapport à ceux déjà réalisés. Dans la projection courte de la vie humaine et à partir des références du présent, demeure donc un optimisme de l’action réalisée. La déception en effet n’existe que là où il y a attente. Comme les attentes sont faibles les déceptions devraient aussi être réduites. Or c’est tout l’inverse qui se produit.
Dès lors qu’il n’y a plus de lendemains qui chantent, comment envisager positivement le futur ? On est confronté à un paradoxe : l’horizon politique, de façon générale, s’est réduit dans nos sociétés mais, au nom de la préservation de l’avenir pour les générations futures, l’action politique est sommée de tout prévenir et tout prévoir.
Le rétrécissement de notre horizon des possibles devrait améliorer notre sentiment de satisfaction sauf que nous vivons aussi dans l’angoisse d’un futur hypothéqué par les traites que nous tirons sur l'avenir.
Alors que le sens de l’action dans l’histoire a tendance à s’amenuiser, à la fois comme téléologie de l’action politique et incarnation par l’action politique d’une téléologie de l’histoire, paradoxalement le pouvoir politique voit son action de plus en plus confrontée à l’absolutisme du lointain. Les actes politiques sont surexposés à la critique de leurs effets supposés dans l’avenir. Le politique est absorbé par une réflexion -souvent sans suite concrète- sur des décisions déjà prises ou sur lesquelles il a peu de prise : la gestion des déchets nucléaires, les expérimentations génétiques, le réchauffement climatique…
Paradoxalement, plus ce diktat se généralise, plus la politique s’enferme et périclite dans la gestion de l’événementiel. Plus le relativisme historique pousse à limiter la portée des décisions au bénéfice d’une seule génération, plus leurs conséquences sont mesurées à l’aune des générations futures. La politique est à la fois « anéantie » par l’impératif de la précaution qui s’impose désormais à tous et est tétanisée devant la menace de la catastrophe. Les préceptes académiques de l’éthique et de la politique selon lesquels les actes sont plus importants que les omissions, les effets proches plus importants que ceux qui sont distants ne sont plus prévalents. Ces catégories distinctives de l’action sont contestées comme inadaptées au monde actuel et à l’ampleur des catastrophes que le pouvoir des hommes est désormais capable de provoquer.
La gauche ne doit pas se laisser dominer par un état d’esprit qui annihile la politique. Une chose est de répudier la vieille croyance prométhéenne dans le progrès, une autre chose est de s’abandonner à une conception « désolante » de l’histoire. Il faut s’opposer à la vision de penseurs contemporains comme Hans Jonas, Günter Anders, René Girard, Jean Pierre Dupuy ou Peter Sloterdijk qui, quoique appartenant à des traditions philosophiques différentes au départ, présentent une conception de l’histoire du monde finalement dominée par la transcendance (« Le destin nous dévisage depuis l’avenir » écrit Jonas). Ces conceptions substituent aux utopies du XIXème et début du XXème siècle récusées pour leurs excès une anti-utopie pour le XXIème siècle réglée sur le schéma de la peur.
Notre siècle se retrouve trois fois endetté : par rapport au présent pour son injustice, par rapport au passé en raison de la culpabilité qui le mine, vis-à-vis de l’avenir à cause des responsabilités à l’égard des générations futures. Avec une telle surcharge morale, difficile de commencer à vivre (Ne revenons pas ici, tant elle est insoutenable sur l’idée inepte qu’a eue Nicolas Sarkozy de confier à chaque élève de CM2 l’identité fantôme d’un enfant martyr de la déportation).
Aux principes de la prévoyance et de la prévention, la précaution engage un nouveau rapport au dommage du temps. C’est la définition de ce principe qui pose problème car ce principe n’est pas donné comme seulement contingent (« agir avec précaution pour réaliser correctement le futur »), il est de plus en plus établi comme un impératif de la morale qui comporte de « l’irréparable, de l’irrémédiable, de l’incompensable, de l’impardonnable, de l’imprescriptible », Le principe de précaution ressemble alors à un interdit. A s’y méprendre on dirait un avatar du péché de la Bible et des Evangiles.


La gauche a besoin de reconsidérer la question de la décision et de la responsabilité politiques
Personne n’était tenu autrefois responsable pour les effets ultérieurs non voulus d’un acte bien intentionné, bien réfléchi et bien exécuté, « le bras court du pouvoir humain n’exigeait pas le bras long du savoir prédictif ». Si l’action politique appelle l'élucidation des attentes et la mesure des incertitudes, elle requiert aussi une morale de l’action qui ne soit pas une castration perpétuelle du présent au nom de la préservation du futur. Il y a donc lieu de rétablir un peu du bon sens de la morale commune dans la politique.
A cet égard, l’inflation des conditions qui entourent dans les temps ordinaires la prise de risque est sans doute contreproductive mais c’est une garantie de bien faire. L’excès de précautions devient en revanche redoutablement contre performant dans les situations de crise. Les préceptes que la morale commune applique à l’action sont peut-être, à notre époque, inadaptés aux décisions politiques du long cours. On ne peut cependant pas s’en passer comme référence pour des actions impératives commandées par l’urgence ou la survie (la guerre, certaines menaces sur l’environnement, la pandémie du SIDA, les effets de la canicule….).
Dès lors que la décision politique n’est plus orientée par des certitudes idéologiques fortes le risque n’est-il alors pas de se laisser enfermer dans un dilemme impossible : il faudrait à tout prix éviter l’arbitraire d’interventions dont on ne maîtrise pas les effets sur le long terme (les manipulations génétiques, le danger nucléaire) et en même temps échapper à la logique des petits arbitrages d’une gouvernance du quotidien forcément conservatrice du statu quo.
La droite peut s’accommoder de la situation dans la mesure où elle renvoie au marché le soin de trancher désormais la plupart des difficultés. Le domaine de la décision politique se réduit pour elle à peau de chagrin. De plus la droite entend régler l'exercice du pouvoir sur la pratique de la gouvernance d’entreprise qui réduit la décision à la conciliation d’interactions multiples et à l’optimisation des choix dans un univers de contraintes qu’elle n’a pas forcément pour ambition réduire et qu’elle ne prétend en tout cas pas nécessairement pouvoir réduire.
La gauche peut dénoncer le subterfuge mais pour être crédible elle doit aussi réhabiliter dans sa culture le sens de la décision politique. Celui d’un choix après la délibération. Mais pour cela elle doit admettre que la délibération n’emporte pas toute la cause de la décision. Elle doit admettre qu’il subsistera toujours dans la décision une part discrétionnaire, irréductible. Que c’est le risque et la difficulté de gouverner et que l’on ne peut pas développer une culture de gouvernement sans accepter ce risque mais bien sûr aussi sa sanction au nom de la responsabilité. Le débat, la consultation, la participation sont indispensables ; la prévention, la prévoyance, la précaution sont également nécessaires mais ce sont aussi des sables mouvants pour la volonté politique. La gauche, à une époque caractérisée par les limitations du sens de l’action politique doit être en mesure de densifier le sens de la décision politique.
C’est peut être précisément ce qui pose le plus de problème à la gauche car cette dimension a été peu théorisée.
On rabat généralement la question de la décision sur l’examen des critères des conditions, ou des modalités, mais on fuit le cœur même du sujet.
Or la gauche a trop souvent tendance à considérer que là où il y a des normes, là où il y a des procédures, là où il y a de la délibération, le choix ne ferait plus problème. Alors qu’il faut admettre qu’un choix sans normes, sans procédures et sans débat pose problème, mais que ces conditions réunies ne permettent pas à elles seules de régler l’aspect problématique de la décision politique, à fortiori quand elle ne peut provenir de la déclinaison de certitudes idéologiques.
Un responsable de gauche doit chercher aujourd’hui à situer son engagement politique à partir de trois critères de sens : la préoccupation de la continuité historique de la communauté humaine, l’élucidation et l’effectuation des attentes de la société, l'acceptation de la responsabilité et des risques du choix politique.


Plus concrètement il lui faut réexaminer la pertinence des principes politiques issues de la Modernité : la sécularisation, souveraineté, l’Etat, la Nation face à la nouvelle grammaire de la mondialisation.
Autrefois la culture internationaliste de la gauche l’amenait à envisager le destin de l’humanité comme une désaliénation progressive de l’homme qui devait recouvrer ses « forces génériques » entravées par l’exploitation dont il était victime en société capitaliste.
Or, la mondialisation est un internationalisme réussi mais par la globalisation capitalistique et non par la libération des forces du travail. Le dépassement de la nation qui, pour la gauche socialiste, était un but ultime et la condition de l’unification de la communauté humaine est en voie de réalisation mais au profit d’entités transnationales qui garantissent encore moins que les vieilles nations les principes de solidarité qui, du fait de la tradition ou par les conquêtes politiques, trouvaient en leur sein le moyen de s’incarner. La décadence du modèle de l’Etat-nation ouvre des perspectives à nos sociétés que la mondialisation spontanément ne peut pas résoudre.
La libéralisation des échanges économiques n’accouche pas d’un monde plus pacifique, plus stable, plus équitablement prospère mais suscite des rivalités attisées par la pénurie des ressources naturelles. Le système international est traversé par de nouvelles formes de violences qu’il a du mal à juguler. Tel qu’il est organisé, il est incapable de faire face à la problématique environnementale qui met pourtant en jeu l’avenir de la planète. La paix et les conceptions pacifistes de la gauche ne peuvent dans ce contexte qu’être mises à mal.
L’Etat-nation, concurrencé par de nouvelles constructions et de nouveaux acteurs sur la scène internationale se voit dépossédé de son autorité et pourtant la mondialisation est incapable de lui substituer d’autres cadres d’expression de la volonté démocratique. Il reste donc bloqué dans un entre-deux périlleux qui génère de façon contradictoire des régressions nationalistes et des aspirations supranationales.
Si la nation est une concrétion historique pour l’heure insurmontable, comment concilier sa permanence comme substrat politique et sociétal avec l’insertion de plus en plus évidente des individus dans un système d’échanges planétaires ? Comment réaménager l’identité nationale pour tenir compte d’une hétérogénéité culturelle de plus en plus grande de la population française ? Ne convient-il pas de revoir certains fondamentaux de notre pacte républicain pourtant tenus jusqu’ici pour intangibles ?
L’Europe, qui pour la gauche offrait à la nation française un horizon de sublimation et une garantie de protection dans un ensemble politique plus vaste, est en crise. Il faudrait apporter des remèdes à cette situation que la gauche française, par ses foucades et ses atermoiements, contribue à faire empirer. Peut-on prétendre sans une Europe politiquement plus forte et davantage intégrée sauver seul le modèle social européen ?
L’échec de l’expérience du communisme dans un seul pays semble en effet avoir aussi entraîné dans sa chute l’Etat providence développé par les démocraties occidentales comme un contre modèle social et économique plus efficace et plus juste que celui mis en œuvre derrière le rideau de fer. Partout en Europe on constate un effritement des protections sociales. L’économie de marché sans contrôle ni régulation sape un édifice social construit à grand peine. Un capitalisme brutal asservi à des normes de profit immédiat réorganise en permanence les marchés du travail sans considération pour les préjudices sociaux causés localement. Il détruit, parfois sans rationalité par rapport à des stratégies industrielles de long terme, des investissements productifs qui mobilisent nationalement les ressources de l’épargne et les fonds publics.
Face à ces bouleversements internationaux, face à ces désordres économiques, face aux nouvelles demandes d’assurance et de protection de la population, notre démocratie est sommée de réagir. Une réimplication de l’Etat est souhaitée mais ses interventions dans le domaine social, en matière d’éducation et de sécurité ont besoin d’être adaptées. La gauche ne peut plus se contenter de défendre des mécanismes de l’action publique et une organisation institutionnelle en partie obsolète. Elle doit donc encourager une réforme profonde de l’Etat. De même, elle doit répondre aux attentes de perfectionnement de notre système démocratique. Il faut contrebalancer les effets de domination des pouvoirs économiques sans partage. Il importe de moderniser la Vème république en cours de présidentialisation accélérée avec la mise en place de véritables contre pouvoirs face à un Exécutif qui s’emballe.
Enfin, la gauche dans les prochaines années va devoir mener un rude combat mais ce combat est aussi le plus emblématique, le plus légitime, le plus stratégique pour elle, celui de l’égalité de notre société. Deux projets de société vont inéluctablement s’affronter dans les années à venir en raison des tensions démographiques et économiques auquel est d’ores et déjà exposé notre pays. La droite, pour régler ces tensions, propose une vision du contrat social revu à la baisse. L’équité et la discrimination positive sont les nouveaux poncifs d’une politique qui pousse à la désagrégation de la « démocratie providentielle ». Par ces moyens, la droite entend seulement corriger les plus criantes injustices dans un souci minimal de paix sociale. La gauche ne doit pas se méprendre sur les marges de manœuvre qui sont réduites mais elle doit lutter pour maintenir une exigence de solidarité pour tous et l’objectif d’une société plus égale. La gageure est de taille.
La Modernité, la mondialisation, la nation, l’Etat, la démocratie, l’égalité, sur toutes ces grandes problématiques, on attend que la gauche desserre par des propositions adaptées les nœuds de contradiction qui sont apparus récemment.


On attend que la gauche reparte d’un pied vaillant
Parce qu’elle n’a pas procédé à certaines clarifications essentielles, la gauche donne le sentiment de boiter, d’avoir l’esprit boiteux. « D’où vient qu’un boiteux ne nous irrite pas et un esprit boiteux nous irrite ? A cause qu’un boiteux reconnaît que nous allons droit et qu’un esprit boiteux dit que c’est nous qui boitons. Sans cela nous en aurions pitié et non colère ». Comme le note Pascal, ce qui est exaspérant c’est que la gauche continue à nier ou à feindre de nier certaines évidences.
Depuis la fin des années soixante dix, la culture révolutionnaire n’existe plus au PS ni au PC. L’extrême gauche, si elle en manie toujours les symboles et les thèmes, ne porte plus de véritables espérances révolutionnaires. Le programme de Besancenot ressemble plus au programme de gouvernement de l’Union de la gauche des années soixante dix mâtiné de contestations alternatives que du programme de transition de Léon Trotski. Cependant la gauche a tendance à se faire plaisir en s’abandonnant au discours de la contestation, à couver d’un œil indulgent les revendications de radicalité, sans jamais priser dans sa culture politique les compétences liées à l’exercice du pouvoir. Le PS, les Verts, le PC restent ainsi dans un entre deux, à mi chemin entre discours réformiste et discours de résistance. Le fait de ne pas assumer « culturellement » le choix de la réforme qu’ils acceptent pourtant politiquement, les amène à ne pas s’engager sur des voies qui leur paraissent trop escarpées. Ils craignent de se voir politiquement et techniquement exposés. Les socialistes ont ainsi préféré ne pas s’aventurer trop loin, notamment après 2002, sur certaines problématiques correspondant pourtant aux préoccupations des Français : l’âge de la retraite, le financement de la santé, l’adaptation des outils contractuels pour rapprocher offre et demande de travail, le traitement de la délinquance. De la sorte, les socialistes ne font preuve ni de beaucoup de pédagogie ni de beaucoup de courage.
Alors que la droite place sous tension notre communauté nationale par ses prises de positions communautaristes et sécuritaires, alors qu’elle entreprend de détricoter le tissu des solidarités, par ses mesures fiscales ou la mise en place de franchises et de déplafonnement sur les soins, la gauche doit proposer une vision plus équilibrée et sereine de notre société. Mais pour cela, la gauche doit faire évoluer ses conceptions sur la nation et le contenu d’un pacte républicain fortement daté. Il faut écrire un nouveau pacte de citoyenneté plus ouvert à la diversité de notre société, un pacte plus réciproque mais aussi plus ferme sur les engagements synallagmatiques du contrat social. Les individus doivent être sensibilisés aux avantages qu’ils reçoivent de la société et à l’obligation de respecter le principe de solidarité. Faute de mieux dans la phase actuelle de la mondialisation, la nation, l’Etat nation, reste encore le seul cadre pertinent à l’incarnation de la démocratie et à l’expression des solidarités.
L’Etat, moins absolu qu’hier, a cependant encore de nombreux combats à livrer en ce début de XXIème siècle. Il doit non seulement entreprendre de remodeler de façon plus équitable et pacifique un monde globalisé sans boussole mais les citoyens attendent toujours de lui protections et garanties. Il apparaît évidemment nécessaire de réengager l’Etat là où nos sociétés sont aujourd’hui les plus fragiles ou les plus angoissées. En matière de sécurité, la gauche doit renforcer sa crédibilité. Il lui faut accepter, pas en surface mais profondément, en responsabilité, que le traitement de la délinquance et la maîtrise des violences internationales appellent des réponses robustes et des moyens adaptés. Sans cette entrée en matière, elle ne parviendra pas à conjurer les fantasmes sécuritaires ni à contrer les dérives inquiétantes qu’ils provoquent dans de notre société. Il faut pouvoir rassurer donc faire preuve d’efficacité. Face aux injonctions et aux appétits d’un capitalisme sans frontière ni entrave, l’Etat doit aussi rétablir des gardes fous et des limites, empêcher une marchandisation absolue des rapports en société, protéger les biens communs, refuser de laisser dégrader ou piller nos services publics. Pour cela, il faut pouvoir compter sur un Etat modernisé. Or, la gauche reste plus attachée aux instruments qu’aux objectifs. Toute remise en cause, l’autonomie des universités, la suppression du département, la décentralisation complète de la gestion hospitalière, suscitent émois et anathèmes. Il faut au contraire engager une ample réforme administrative de l’Etat et envisager de décentraliser de nombreuses compétences supplémentaires. Il faut enfin sortir de l’imbrication déraisonnable et déresponsabilisante des divers échelons d’administration territoriale. Une réforme des Institutions est nécessaire au niveau local mais aussi au niveau national.
Pour la gauche la question de l’égalité est historiquement centrale, elle doit rester au cœur de son projet d’autant que tout montre, hélas, que les disparités, la pauvreté, les inégalités s’accroissent dans notre société. La droite agite sa politique d’équité, de quotas et de discrimination positive comme un chiffon rouge pour détourner l’attention des inégalités économiques et sociales qui se creusent dans notre pays. Mais sa politique engage aussi un autre modèle de société non plus fondé sur la solidarité de tous mais sur des minima accordés à certains : les plus pauvres, les exclus, les moins biens intégrés. La gauche doit se préparer à un combat frontal sur ce sujet, encore faut-il qu’elle se ressaisisse.
Encore faut-il aussi que le bateau socialiste ne sombre pas corps et biens au prochain congrès dans les disputes ou la facilité, que la gauche soit en mesure de mettre en oeuvre une stratégie de reconquête du pouvoir, qu’elle recompose l’offre politique dans notre pays, qu’elle soutienne une promesse de changement démocratique. Les Français attendent de la gauche qu’elle reconnaisse ses erreurs, qu’elle corrige ses pratiques, qu’elle retrouve son rôle d’avant-garde, qu’elle décrypte intelligiblement le monde et surtout qu’elle engage le combat.
Les Français attendent la gauche.


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