1 – Une politique européenne favorable à l’emploi
- Réglementer les produits financiers opaques, à l’origine de la crise financière.
- L’Europe doit lutter contre le dumping monétaire, social et environnemental.
- Cela rend nécessaire un protectionnisme européen raisonnable (il y a des intérêts européens à protéger, il faut s’en donner les moyens, les pays émergents l’ont bien compris), par des moyens simples comme des normes, des droits, des montants compensatoires, etc.
- La politique de la concurrence doit prendre en compte la concurrence faussée par le taux de change, par la faiblesse de la protection sociale, par l’absence de respect de l’environnement.
- Une politique monétaire favorable à la croissance (c’est-à-dire un nouveau système de parités encadrées permettant une stabilisation du rapport dollar – euro – yen – et yuan).
- Un véritable gouvernement économique de la zone euro doit être mis en place, car il est le seul à pouvoir faire de l’emploi un des objectifs de la politique économique.
2 – Une politique industrielle nouvelle et efficace
- Des éléments existent, comme la mise en place de pôles de compétitivité, auxquels certains conseils régionaux de gauche ont contribué fortement depuis quelques années. Les régions doivent continuer de s’investir davantage dans la politique industrielle.
- Il faut reconstruire un lieu d’initiative de l’Etat (un ministère de l’innovation), qui impulse, anime et appuie les initiatives structurées de nature à créer les emplois de demain.
- Elle doit aussi être l’affaire des partenaires sociaux : une position commune avait été adoptée il y a quelques années, restée malheureusement sans suite. Les organisations professionnelles et syndicales ne découvrent pas les problèmes quand il y a un sinistre industriel. La négociation sociale doit exister sur ce sujet sur la longue durée. Leur association dans le FSI ne doit pas être de pure forme : une évaluation en est nécessaire.
3 – Une sécurité sociale professionnelle
- Il est important de rendre la mobilité inévitable des salariés compatible avec la sécurité de leur situation sociale, professionnelle, personnelle et familiale.
- Dans ce domaine, il y a lieu d’observer de près les balbutiements que sont les accords nationaux interprofessionnels qui mettent en place des systèmes de portabilité, notamment en matière d’affiliation à une prévoyance santé et de droit individuel à la formation.
- De même, il y a lieu de suivre de près le contrat de transition professionnelle, qui va aussi dans ce sens mais est actuellement ciblé sur les zones de fortes restructurations.
C’est un système plus englobant auquel il nous faut réfléchir.
- Le lancement difficile de Pôle Emploi en période d’explosion du chômage, à partir dune bonne idée, ne doit pas nous résigner à ce que le SPE soit inefficace. Des régions, des professions, des institutions diverses prennent des initiatives pour des contacts plus directs entre entreprises et demandeurs d’emploi (forums des métiers et de l’emploi). Cela va dans le sens d’une sécurité sociale professionnelle.
4 – Les limites des emplois aidés de droit ou de fait
- Le journal « Marianne » de cette semaine titrait ainsi un de ses articles : « Vous avez aimé les emplois jeunes vous aimerez les emplois vieux ».
- La logique des emplois aidés à statut spécifique et avantage juridique et financier pour l’employeur doit être entièrement revue. L’expérience des emplois jeunes montre que cela marche bien en période de croissance, mais est peu utile en période de récession.
- L’addition des systèmes finit par créer une énorme trappe à bas salaires : les contrats aidés pour l’insertion des jeunes, les aides à l’activité des bénéficiaires du RSA, la possibilité de cumul emploi retraite, la prime pour l’emploi, etc (exemple donné du prospectus distribué par une entreprise de distribution de journaux et catalogues, d’adressant aux différents publics à raison des aides dont ils bénéficient pat ailleurs).
- Il nous faut sur ce plan être beaucoup plus sélectifs dans les aides publiques et éviter que les emplois aidés soient nécessairement sous des statuts précaires.
5 – Un véritable statut du travail
- Le consentement à la dissociation entre travail et activité est dangereux. Il est à la fois le fait d’une partie de la droite (pour des raisons de soit-disant inemployabilité de certaines personnes par les entreprises) et d’une partie de la gauche (pour des raisons compassionnelles mais somme toute assez proche de difficultés d’insertion de certains publics fragiles).
- C’est au contraire le statut du travail dans nos sociétés qui doit être renforcé. La bulle financière a pu longtemps donner le change : on pourrait gagner sa vie en ne travaillant pas. Mais ce n’est pas vrai pour la grande majorité de la population.
- Il s’agit aussi de poser la question politique du stress au travail. La multiplication des suicides à France Télécom ne doit pas être appréciée de façon compassionnelle. Le passage du salarié d’une obligation de moyens à une obligation de résultat (alors même qu’il ne les maîtrise que très partiellement) remet en cause le fondement même de la relation de travail.
- Le nécessaire statut du travail passe sans doute par une clarification des droits et obligations des employeurs et des salariés, en évitant un certains nombre de seuils. La complexité du droit du travail conduit à des contentieux indemnitaires nombreux et coûteux. Simplifier et renforcer le droit du travail est un objectif possible.
Voilà quelques idées que je voulais soumettre à votre appréciation, pour nous mettre collectivement « au travail pour l’emploi ».