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Publié le Lundi 23 Janvier 2017 par

Le Mondial de handball est invisible pour le grand public, il faut que cela change


Mots-clés : sport

Tribune de Jean-Luc Laurent, président du MRC et député du Val-de-Marne, parue sur le site Huffington Post, vendredi 20 janvier 2017.


Le Mondial de handball est invisible pour le grand public, il faut que cela change
Le championnat du monde de handball que nous organisons et espérons bien gagner rentre ce week-end dans les phases finales. Il y a beaucoup de communication autour de cet évènement, le handball fait figure désormais de sport majeur. Du chemin a été fait depuis les premiers succès des "Bronzés" de 1992 suivis des épopées des "Barjots", des "Costauds" et enfin des actuels "Experts". Les résultats sont là, la communication est puissante mais il manque un facteur clef: le public devant sa télévision car malheureusement l'intégralité de ce Mondial de handball est diffusé sur une chaine à péage beIN Sports.

Au mieux, 3 matches sur 76 seront visibles du grand public

Si la France va au bout, 3 matchs sur les 76 du Mondial auront été visibles par le grand public dans le cadre d'un co-diffusion en clair par TF1. La situation n'est pas nouvelle, chaque épopée des Bleus a été diffusée par Canal Plus, relayé à un stade très avancé de la compétition par le service public. Mais à l'occasion de l'organisation par la France de ce championnat du monde de handball, le problème est flagrant. Le cadre rémunérateur de la diffusion sur une chaine privée coupe ce sport du véritable grand public, d'un nouveau public, d'un public occasionnel. Ce public, qu'au football on appelle avec un peu de mépris les Footix, mais qui est indispensable à la popularité d'un sport. Derrière le péage, l'argent rentre mais le handball ne se confronte qu'à un public motivé et connaisseur, déjà abonné à la chaine ou qui se paie un abonnement le temps de la compétition. C'est une erreur stratégique pour le handball et pour la France.


Coupe du Monde 2014, Euro 2016, Mondial 2017: 5 années perdues et 1 rapport in extremis

Depuis plusieurs années, j'interpelle le gouvernement qui refuse d'ouvrir sérieusement le dossier de la diffusion du sport à la télé. Après 5 ans années d'inaction, le rapport que le sénateur David Assouline a remis aux ministres concernés fait figure d'ultime manœuvre dilatoire: on sait qu'il y a un problème, on esquisse des pistes mais on n'agit pas. Le rapport enterrement! Se sont succédés la Coupe du Monde de football au Brésil qui auraient dû servir d'alarme, puis l'Euro 2016 organisé en France et enfin ce Mondial de handball. Ces trois évènements ont été diffusés en exclusivité par beIN et leur visibilité pour le grand public n'a été possible que dans le cadre de rétro-cession plus ou moins contrainte, plus ou moins calculée.

Les spécialistes nous expliquent que "c'est dans l'ordre des choses, c'est comme ça", qu'il faut faire avec. Il n'en est rien. La diffusion des évènements sportifs est encadrée par la loi transposant le droit européen et par un décret de 2004 qui fixe une liste d'évènements protégés. Ce n'est pas un hasard si la finale de la Ligue des Champions est le seul match visible en clair par le grand public, si le Tour de France ou Roland-Garros sont visibles. C'est ce cadre légal que je propose de faire évoluer et que le gouvernement vient encore de refuser il y a dix jours en obtenant la suppression d'un amendement qui prévoyait la diffusion prioritairement en clair des grands évènements organisés en France.

Et demain les Jeux Olympiques?

Le discours du "réalisme" et de "la mondialisation sportive" qu'on nous sert pour interdire le débat se heurte désormais au réel. beIN Sports vient enfin de publier ses comptes et la chaine perd massivement de l'argent. La soi-disant logique économique n'a rien d'économique mais tout de politique. Pendant 5 ans, on aura laissé passer le train coupant certains évènements du grand public, demandant même aux Français de payer 3 fois pour voir l'Euro 2016 (les stades, l'abonnement à beIN Sports et la défiscalisation des bénéfices de l'UEFA). Nous faisons clairement fausse route et certains arguments pour refuser une évolution de la règlementation sont même inquiétants: il ne faut pas handicaper la candidature olympique de Paris 2024! Jusqu'à présent, la diffusion des Jeux Olympiques est protégée par la loi et les Jeux (d'été et d'hiver) sont même le premier évènement listé dans le décret de 2004. Le gouvernement envisage-t-il une évolution pour augmenter les profits du CIO en rendant invisibles les Jeux Olympiques ? On passerait alors de l'inaction à la coopération active à une dérive du sport-business qui n'a rien d'une fatalité. C'est la question que je pose aujourd'hui au gouvernement.

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Jean-Luc Laurent
Président du Mouvement Républicain et Citoyen. En savoir plus sur cet auteur



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