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Publié le Jeudi 14 Mai 2015 par Mouvement Républicain et Citoyen

La réforme des collèges mérite mieux


Mots-clés : école, éducation

Par Marie-Françoise Bechtel, députée de l'Aisne et vice-présidente du MRC, et Claire Roussel, secrétaire nationale à l'éducation, jeudi 14 mai 2015.


L’avenir de notre pays passe par sa jeunesse. Entre notre bonne santé démographique et les difficultés d’entrée sur le marché du travail, il y a des motifs d’espoir et des motifs d’inquiétude. C’est pourquoi la réforme du collège a une telle importance.

Nous savons depuis les débats de 2012 sur la « refondation de l’école de la République » que les efforts doivent être concentrés sur le primaire parce que c’est là que se créent les inégalités. Ces efforts ont été entamés avec la loi Peillon - même s'il aurait sans doute été nécessaire que l’enseignement primaire se concentre mieux encore sur les fondamentaux que sont lire, écrire et compter.

Du moins était-il logique de se tourner maintenant vers le collège. Qu’il s’agisse de l’orientation des élèves, de leur acquisition du socle des savoirs indispensables ou encore de l’apprentissage civique, le collège avait été laissé en déshérence depuis de nombreuses années. Aujourd'hui malheureusement, la réforme nécessaire fait polémique. Même si cette dernière n’est pas toujours de bonne foi, de réelles inquiétudes sont justifiées devant les projets qui ont été rendus publics.

Le MRC dit d’abord son opposition à la suppression des classes bilangues, curieusement compensée selon la ministre par « plus de langues vivantes pour tous les élèves ». Plus pour tous : sous cette formule un brin démagogique, comment ne pas voir le refus du mérite fondé sur l’effort et non sur je ne sais quel privilège social ? Le MRC dit aussi son opposition à la défiguration de l’apprentissage du latin et du grec, noyés dans d’improbables « enseignements pratiques interdisciplinaires ». Autrement dit là où cet apprentissage était celui de la rigueur et de la clarté (comme pour les mathématiques, tout aussi « élitistes » si l’on va par-là), on va entrer dans le flou « culturel » d’autant que le temps consacré à la langue elle-même (1 heure puis 2 heures par semaine) ne sera pas suffisant pour faire autre chose qu’effleurer le langage - et voilà donc ce que l’on propose à des élèves prêts à faire un effort…

Quant à l’interdisciplinarité, pratique judicieuse lorsqu'elle est vraiment en rapport avec les savoirs disciplinaires, elle devrait pour cette raison reposer sur le choix des enseignants de travailler ensemble sur des thèmes ou des périodes définis entre eux et non imposés a priori. On reste d’ailleurs confondu devant la liste établie par le ministère : outre le sempiternel « développement durable », devenu le mantra fétichiste de la modernité (là où on pourrait se livrer à une confrontation intelligente de la géographie et de la physique par exemple), on découvre que la citoyenneté est réduite à accompagner « l’information et la communication », sans parler des inévitables « langues et cultures régionales et étrangères », en bref tout ce qui éloigne d’une interdisciplinarité véritablement charpentée au profit d’un grand méli-mélo de concepts et notions sans hiérarchie, parfois sans identité propre, qui éloigne de l’effort de rigueur, de la discrimination intellectuelle, en bref de tout ce que l’école apporte de précieux.

Quant à l'esprit général de la réforme, même sans tenir compte de la langue ridicule adoptée par le Conseil supérieur des programmes, il est marqué par un excès de sensibilité aux thèmes de repentance et de victimisation qui jette tout droit dans les bras du communautarisme. Même s’il est légitime de revisiter le « roman national », simplement parce que le monde a évolué, ce n’est pas une raison pour oublier l’héritage de l’Histoire de France et particulièrement celui de la République qui lui est intimement lié. Sans cela le collège ne peut apprendre le civisme. Et c’est bien là finalement le reproche majeur que l’on peut adresser à cette réforme : céder à l’individualisme des « droits » sans être inspirée par l’élan collectif du civisme qui seul peut sortir de l’ornière une génération qu’attend un monde complexe et à laquelle il faut donner des repères clairs.

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