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Publié le Mercredi 13 Avril 2011 par MRC

Ecologie et développement humain : la réponse républicaine



Projet d'orientation adopté par le Conseil National le 3 Avril 2011.


Ces quarante dernières années ont été marquées par la montée en puissance des thématiques écologiques, à la fois sur le plan « sociétal » avec l’omniprésence médiatique de questions environnementales, et sur le plan politique avec l’installation dans le paysage d’un courant dont l’identification se fond avec l’écologie pour déboucher sur « l’écologisme ».

Ce texte « L’écologie dans le débat politique » est un projet d’orientation politique sur les principes d’intégration des questions écologiques à une approche républicaine d’une société de progrès et de développement. Ce projet qui a été soumis au débat interne au Mouvement Républicain et Citoyen a été adopté par le conseil national le 3 Avril 2011. Il est appelé à être complété, une fois adopté dans sa forme définitive, par un volet propositionnel.


A. L'écologie dans le débat politique : la nécessité d'une réponse républicaine.


1. De l’écologie sociétale à « l’écologisme »

1.1. Les problématiques écologiques sont mal définies et, de ce fait, recouvre un large spectre. Leur point commun est de s’attaquer à des « nuisances » :
- de proximité ayant ou pouvant avoir des incidences de santé publique (déchets industriels ou urbains, pollutions chimiques de l’air – ozone -, de l’eau phosphates… - ou de la terre – site de stockage industriel, agriculture intensive… -, méconnaissance d’effets secondaires de matériaux utilisés – plomb puis amiante…-),
- d’« agression » d’une nature parfois idéalisée (chasse mais aussi déforestation, disparition puis réintroduction de l’ours brun ou du loup…)
- d’essence métaphorique, c’est-à-dire renvoyant à des métaphores ancestrales : sauver la planète (climatologie, biodiversité, énergie nucléaire…).

Ces problématiques s’appuient sur des éléments objectifs que chacun peut constater dans sa vie courante ou à travers des images médiatisées : les maux de santé publique bien sûr, mais aussi la fonte des glaciers depuis 150 ans, le smog londonien, la propagation des algues vertes, la rétraction de la forêt amazonienne, les oiseaux englués dans du mazout, le pouvoir de destruction massive de l’arme atomique, la disparition du dodo, le trou de la couche d’ozone, la dissémination d’espèces invasives … ou encore qui sont aisément déductibles : l’épuisement des énergies fossiles, les enjeux géopolitique de l’eau et de la nourriture. Les prédictions apocalyptiques s’appuient sur des travaux scientifiques (biodiversité, réchauffement climatique…) plus ou moins valides ou contestés mais dont les conclusions sont présentées comme tout aussi aisément admissibles. La croissance démographique, le développement économique des pays émergents, la puissance des technologies concourent à l’amplification de toutes ces problématiques. La fin des frontières planétaires confrontée à l’étendue des connaissances a favorisé le sentiment de la finitude du monde et de la fragilité de la vie : le monde parait fini, limité, vulnérable.

Ces questions sont secondaires tant que les questions de subsistance persistent. Elles prennent de l’importance sociale avec l’amélioration du mode de vie. Les thématiques écologiques sont donc plus sensibles dans les sociétés occidentales.

1.2. Toutes ces problématiques font émerger, dans « l’écologisme », une rhétorique unificatrice : ce sont les activités de l’Homme qui sont la source des « nuisances » (origine anthropique), donc l’Homme qui en est responsable collectivement et individuellement, ce qui renvoie à une autre forme de métaphore ancestrale, une métaphore culpabilisatrice. L’Homme est dans cette représentation, extérieur au monde, exogène au système dans lequel il vit et il est doté de pouvoirs quasi-métaphysiques : par son action, il peut détruire ou sauver la planète ; le Bien et le Mal sont aisément discernables ; bien que l’Homme soit fautif, il peut encore se racheter.

Les prédictions apocalyptiques jouent, dans cette rhétorique, des instincts primitifs (archaïques) et évoquent toutes les craintes ataviques. En clair, la vulgate de l’écologisme n’est que la transposition modernisée de métaphores universelles et multimillénaires, avec leur dimension eschatologique (relative au destin ou à la fin du monde).

La responsabilisation de l’Homme évite de soulever celle du système de reproduction du capital, c’est à dire essentiellement celle du capitalisme des sociétés occidentales historiquement, celle de la globalisation financière aujourd’hui, en tant que modes d’organisation sociale.

2. L’écologisme politique

2.1. L’eschatologie n’étant pas d’essence politique, les politiques peinent à trouver des réponses adaptées à l’écologisme. C’est la force du mouvement écologiste de s’appuyer sur une rhétorique métaphorique à laquelle les politiques ne peuvent jamais répondre.

Depuis le club de Rome (1970), le péché originel est nommé : la croissance. L’amélioration du bien être matériel est assimilée à une destruction de la nature. Le sacrifice expiatoire demandé est donc le renoncement à la croissance au nom de la condamnation du productivisme. L’écologisme politique se situe au confluant de différents mouvements hostiles au progrès. C’est l’appel à la décroissance. Cette théologie est d’essence malthusienne, dont la théorie originelle arrivait à la conclusion - devenue indicible - de la fatalité de la limitation de la population. Le déclin démographique des pays européens est le reflet de l’intériorisation sociale de ce paradigme.

Comme l’écologisme politique est une critique du monde tel qu’il est, il a tendance à être situé à gauche, en dépit de la diversité des courants idéologiques qui sont venus l’alimenter. Comme ses thématiques sont médiatiquement porteuses, la majeure partie de la gauche a tendance à abonder dans ce sens et à encourager la confusion, d’autant qu’elle est elle-même à court de projets.

Mais l’écologisme politique est a-social (extérieur aux questions sociales). Il n’appelle pas de prise de position sur les rapports sociaux, les systèmes de retraite, l’inégalité des revenus, les droits syndicaux… Les revendications des plus démunis d’améliorer leur bien-être matériel sont aussi condamnables que celles de nantis de préserver leur mode de vie. Copenhague a été l’occasion de formuler la problématique autour de cette question empreint d’un tiers-mondisme dévoyé : peut-on permettre aux pays émergents de se développer comme nous l’avons fait ? Comme si l’aval des pays occidentaux était requis, comme s’ils restaient les puissances coloniales qu’ils ont été, comme si la question était ouverte.

2.2. L’identification eschatologique de l’écologisme politique, avec l’absence de critique du système de reproduction du capital qu’elle implique, explique aussi son enracinement dans le « libéralisme » politique : libéral au sens économique, libertaire au sens moral (les « lilis », qualification qui côtoie celle des « bobos »). Le radicalisme eschatologique de la critique écologique épouse l’épanouissement de l’individualisme politique. Le rejet de toute contrainte sociale se concilie avec la déstructuration de la société : du pédagogisme scolaire au laisser-faire en matière de sécurité, du libre-échangisme mondialisé au développement des inégalités sociales.

L’ordre social étant traditionnellement une valeur de droite, l’écologisme politique y trouve un argument supplémentaire pour se revendiquer de gauche. Les courants historiques de la gauche sociale, la « première gauche », étant à la fois productivistes et défendeurs d’un ordre – certes alternatif, mais qui reste un ordre -, l’écologisme politique s’en distingue aussi. Ces forces bilatérales de répulsion mènent au seul point d’équilibre possible : une convergence entre l’écologisme politique et le social libéralisme. La perméabilité de l’écologisme politique au libéralisme économique le rend aussi centro-conciliable, d’autant que le centre français se déchristianise à l’image de la société, ce qui le rend lui-même perméable au culte païen et à ses aspects libertaires.

L’écologisme politique bénéficie en outre d’un certain nombre d’aubaines : le monde médiatique trouve dans ces sujets autant d’occasions d’attirer le chaland, et il le fait avec d’autant plus d’entrain que les intérêts financiers qui le contrôlent sont servis par la marginalisation des thèmes de la gauche sociale ; du fait de son ancrage a-social, l’écologisme politique gagne à jouer sur des élections à faible participation (les régionales et les européennes notamment) et tire son épingle de jeu de la montée de l’abstention due à la défection de l’électorat populaire.

3. La réponse républicaine

3.1. Jusqu’à présent, aucune réponse vraiment convaincante et efficace à l’installation de l’écologisme politique dans les dynamiques de la gauche française et européenne n’a été trouvée. La priorité doit être de construire une réponse crédible enracinée dans les valeurs républicaines, qui sont aux antipodes de la vulgate de l’écologisme puisque qu’elles reposent sur une mise en cause du mode de reproduction sociale du capitalisme mondialisé.

La globalisation commerciale et financière des trente dernières années a provoqué des déséquilibres considérables, tant sur le plan social avec la levée massive d’une armée de réserve de travailleurs qu’a permise leur mise en concurrence mondialisée, que sur le plan financier avec l’explosion de l’endettement spéculatif.

Mais les déséquilibres écologiques ne sont pas en reste avec une exploitation débridée des ressources ouverte à l’appropriation de profits à court terme par de grands groupes privés mondialisés, avec une utilisation intensive des transports à moindre coût générant des dégradations environnementales ou biologiques externalisées (socialisées), et avec la prohibition au nom du libre-échange de toute mesure de régulation sociale ou écologique des activités commerciales et mercantiles. La maîtrise politique des frontières est un préalable à la maîtrise politique des questions écologiques.

La période qui s’ouvre est propice à une formulation des réponses républicaines : les compagnons de route sociaux-libéraux de l’écologisme politique sont mis à mal par la crise, la vulgate arrive aux bords de ses contradictions (rejet des contraintes sociales mais multiplication des contraintes environnementales, échecs de Copenhague et du projet fédéral européen en dépit d’une posture messianique, craintes liées au réchauffement de la planète mais rejet de l’énergie nucléaire, absence générale de réponses cohérentes et opérantes aux questions posées…).

3.2. La réponse républicaine doit reconnaître aux questions écologiques leur pleine dimension scientifique et opposer le statut politique de l’écologie au statut idéologique de l’écologisme.

i) La question écologique doit d’abord être prise pour elle-même, c’est son statut scientifique que le politique doit respecter en garantissant des moyens adaptés et l’intégrité des recherches vis-à-vis des différents lobbies. L’écologie est un objet de la science et du progrès. La maîtrise des questions écologiques est nécessaire au développement dans la durée. La réponse républicaine passe donc par la distinction entre « écologie », champ scientifique d’analyse objective et de recherche de réponses rigoureuses, et « écologisme », domaine de construction d’une vulgate métaphorique. Mêler les deux revient à donner crédit à « l’écologisme » puisque l’écologie appelle une implication scientifique. A cet égard, les prédictions erronées ou discutées doivent être prises comme telles et non comme la démonstration des conclusions opposées… L’incertitude ne vaut pas la certitude du contraire ! La dénonciation du catastrophisme hollywoodien de l’écologisme ne doit pas se confondre avec un négationnisme écologique et conduire à un déni des questions écologiques.

ii) Ensuite, l’écologie ne suffit pas à définir un projet politique : le statut idéologique de l’écologie, aujourd’hui établi par l’écologisme, doit être violemment contesté ; c’est l’enjeu de la période. Il faut contester à l’écologisme le monopole des questions écologiques qu’il a confisquées. L’écologisme politique allié à des personnalités de la société civile s’est arrogé le monopole de la représentation des intérêts de la planète. Ce monopole doit s’effacer devant une démarche de confrontation rigoureuse et responsable.

iii) L’écologie ne doit donc pas être réduite à une lubie de bobos. Mais elle doit être articulée avec les questions sociales. Les modalités d’intégration des questions écologiques à un projet progressiste renvoient au statut politique de l’écologie. Ce statut politique s’oppose frontalement au statut idéologique de l’écologie. Un projet politique ne peut qu’être global, c’est-à-dire apporter des réponses aux questions écologiques dans le cadre d’un projet de développement économique et social. La question n’est pas : « peut-on permettre aux pays émergents d’adopter notre mode de vie ? », ils le feront. La question est « quels axes de recherche et développement doit-on privilégier pour offrir à tous un mode vie à la fois élevé et durable ? ». Le développement durable est indissociable d’une croissance offrant des emplois à tous et d’une amélioration durable des conditions matérielles de vie du plus grand nombre. La question du développement durable doit être intégrée à la question du développement humain, dont elle est une des composantes, lequel constitue le défi prioritaire du XXIème siècle.


B. Pour le développement humain


1. La rôle des média

La plupart des médias, pour attirer les lecteurs, les auditeurs ou les téléspectateurs délivre des informations anxiogènes, principalement dans le domaine écologique, pouvant remettre en cause le développement humain. Il est alors extrêmement difficile aux citoyens de se faire un point de vue objectif de la situation.
Les citoyens sont confrontés à de multiples questions. En voici une liste non exhaustive :

  • Fallait-il vacciner tout le monde contre la grippe porcine ?
  • Les téléphones portables et les antennes pour la téléphonie mobile sont-ils dangereux ?
  • Quels sont les dangers et les avantages des OGM ?
  • Quelle est la toxicité de la dioxine rejetée par l’incinération des ordures ménagères ?
  • L’utilisation des nanoparticules présente-elle un danger ?
  • Faut-il autoriser la création de nouvelles lignées de cellules souches embryonnaires ?
  • Les déchets des centrales nucléaires font-ils courir un risque déraisonnable ?
  • Y a t-il un réchauffement climatique et l’homme en est-il responsable ?
  • Les accélérateurs de particules peuvent-ils provoquer un « avalement » de toute la terre par un trou noir créé par une collision de haute énergie ?

Des mouvements économiques, médiatiques ou politiques peuvent parfois donner des réponses en fonction de leurs propres intérêts. Pour cela il suffit de se souvenir de quelques faits : l’industrie du tabac a financé de nombreuses « pseudos études » niant ses effets toxiques ; la mémoire de l’eau : un chercheur prétendait observer des réactions même lorsque la solution étudiée ne contenait plus que de l’eau. Cette thèse qui remettait en cause toutes les sciences physiques, chimiques, biologiques… avait reçu le soutien financier de « laboratoires » homéopathiques.

Il ne faut pas attendre des informations fiables sur les effets du round-up ou la vérité sur de possibles économies de pesticides que l’on peut attendre, ni même sur les OGM de la part de Monsanto. Par ailleurs l’entreprise sert de prétexte aux opposants systématiques pour éluder toute interrogation sur les OGM. La stratégie commerciale de cette firme est un moyen très commode pour justifier l’arrachage des champs expérimentaux de l’INRA pourtant destinés précisément à examiner s’il y a ou non problèmes.

Oubliant le siècle des lumières, le pays de Pasteur est souvent l’un des plus enclin à se méfier des résultats scientifiques. Est-ce parce que nous sommes le seul pays au monde à avoir inscrit le principe de précaution dans notre constitution ?

2. Quand l’écologie oublie l’Homme.

Tout le monde s’accorde à dire que les insecticides et les pesticides sont dangereux pour la santé. Mais c’est la dose qui fait le poison. Utilisés en faible dose ils éliminent les insectes et les maladies des végétaux leur permettant une meilleure croissance sans pour autant présenter de danger pour l’Homme.

Le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) était le premier insecticide moderne, développé au début de la Seconde Guerre mondiale. Il fut utilisé avec beaucoup de succès dans la lutte contre les moustiques transmettant le paludisme, le typhus, ainsi que d'autres insectes vecteurs de maladies et également comme insecticide agricole. En 1948, le chimiste suisse Paul Hermann Müller, reçut le prix Nobel de médecine pour sa découverte de la grande efficacité du DDT en tant que poison contre divers arthropodes. Le DDT fut fréquemment utilisé jusqu’en 1960 où l’on découvre à Long Island que celui-ci (utilisé pour se protéger de la malaria) fragiliserait les coquilles des œufs de faucons sauvages. Il y a un procès au USA et le DDT est interdit au Etats-Unis d’abord, puis sur l’ensemble de la planète. La malaria refait sa réapparition et 700 millions de personnes sont actuellement atteintes, faisant de l’ordre de 1 à 3 millions de morts par an dans les pays du sud (comparable à celles due au SIDA). Depuis l’an 2000 l’utilisation du DDT est à nouveau possible sont certaines conditions (application le long des murs) ; six mois plus tard, le nombre d’infections avait chuté de moitié. Cet exemple montre que le choix a été fait pendant plusieurs années de sauver le faucon sauvage de Long Island contre la mort de plusieurs millions d’habitants des pays du Sud. Ceci ne défausse pas l’humanité de développer d’autres méthodes de luttes contre les moustiques et les autres parasites nuisibles aux hommes et aux cultures : assainissement des zones humides, recherche sur des méthodes insecticides plus efficaces et moins polluantes.

Enfin traditionnellement les partis de « gauche » étaient plus portés vers la science que les partis de « droite » plus conservateurs, jusqu’à ce que les mouvements écologistes soient venus faire l’union avec la « gauche ». Cela a entrainé une grande partie de la « gauche » vers une attitude antiscientifique. Le mouvement écologiste qui souhaite une meilleure gestion de la planète devrait s’appuyer sur les sciences pour améliorer cette gestion, car il n’y a d’écologie efficace que scientifique.

3. Les progrès technologiques ont été très souvent plus protecteurs de l’écosystème que destructeurs de celui-ci. Deux exemples :

  • Le passage de paléolithique au néolithique a permis à l’humanité de s’affranchir de contraintes environnementales en diminuant les périodes de disette et a conduit l’humanité à une véritable explosion démographique. Le passage du cueilleur chasseur à celui du cultivateur éleveur a favorisé la sédentarisation. Elle a également permis le développement des rapports humains et l’accumulation et la transmission des connaissances acquises, développant ainsi les premières civilisations.

  • Plus récemment le développement des nanotechnologies dans l’électronique a permis à la plupart d’entre nous de posséder dans sa poche un ordinateur qui, de plus, lui permet de téléphoner. Cet ordinateur est environ un million de fois plus puissant que son ancêtre des années 1970, un million de fois moins consommateur d’énergie et possède un nombre d’applications beaucoup plus grand. Faire la même chose voire plus avec moins de matériaux est une avancée écologique bénéfique à l’humain.

4. Toutefois des problèmes demeurent :

Avec 9 milliards d’habitants prévus vers 2050, la diminution des ressources énergétiques fossiles, le réchauffement climatique et la raréfaction annoncée de matériaux indispensables aux technologies modernes, le questionnement sur la biodiversité, les questions écologiques sont au cœur des politiques publiques actuelles.

L’humanité va devoir faire face au changement climatique : en limiter l’impact humain nécessite un plan d'action développé sans démagogie et sans catastrophisme. Il faut développer des systèmes de productions d’énergies décarbonées et cela sans exclusive, en prenant toutefois en compte les facteurs économiques. La France devrait développer un pôle énergétique public, ou au moins très majoritairement contrôlé par le public.

Le 21ème siècle verra la raréfaction des ressources gazières et pétrolières. Il faut anticiper la pénurie à venir, développer les économies d’énergie et les énergies alternatives aux énergies fossiles. Il faut donc réorienter la consommation énergétique vers l’électricité en particulier quand elle est, comme en France, produite à 90 % sans gaz à effet de serre. L’isolation et le chauffage des habitations par pompe à chaleur, la voiture électrique doivent être développés.

Pour le nucléaire, la France doit poursuivre son effort et en particulier contribuer au développement du nucléaire de 4ème génération afin de s’affranchir des ressources d’uranium et bénéficier de réserves énergétiques pour plusieurs milliers d’années. La question des déchets nucléaire qui inquiète très justement les Français, doit également être prise être au sérieux. La 4ème génération de réacteur nucléaire encore plus sûr, qui produira environ 10 fois moins de déchets et brulera une grande partie de ceux produits par la génération précédente, sera une importante source d’énergie en même temps qu’un moyen efficace pour une meilleure gestion de ces déchets.

En 1974 lorsque la France a lancé son programme nucléaire, trois types de réacteurs ont été envisagés :
- le graphite-gaz (filière française des années 50 à 60)
- le BWR de General Electric (comme à FUKUSHIMA).
- le PWR de Westinghouse (comme à Three Mile Island).
La France a choisi le PWR, car le graphite gaz n'était pas bien adapté à une exploitation industrielle, et le BWR de General Electric (le même qu'à FUKUSHIMA) a été jugé insuffisant sur le plan de la sureté en cas d'accident. Il existe des recombineurs d'hydrogène sur tous les réacteurs français limitant les risques d’explosions qui se sont produit à FUKUSHIMA ; l’enceinte de confinement est plus petite pour les PWR et le bâtiment réacteur n’est pas sécurisé ; les piscines de stockage du combustible sont en hauteur dans le bâtiment réacteur ; enfin il n’y a pas de filtre en sable qui permettent de réduire considérablement les rejets radioactifs. Pour l'avenir il faudra traiter explicitement le risque de fusion de cœur, comme cela a été fait pour l'EPR.
Les constructeurs avaient sous estimé le risque tsunami. L’EPR, réacteur de type PWR, est un réacteur dont la sécurité a encore été renforcée par l’analyse des incidents déjà observés au niveau mondial.
Les centrales BWR d'Onagawa (100km de l'épicentre) ont parfaitement résisté au séisme, seule une ligne d'arbre Turbine-Alternateur a été endommagée par le tremblement de terre, tandis qu'à Tokyo (320km) les unités de stockage et de distillation pétrolières ont été détruites par le feu. Les réacteurs de la centrale de Fukushima ont également assez bien résisté au tremblement de terre, mais pas au tsunami qui a submergé la centrale et endommagé le système électrique des réacteurs.

L’origine des causes des 3 accidents nucléaires majeurs sont différentes : erreurs humaines et déficit démocratique à Tchernobyl, défaillances techniques et erreurs humaines à Three Mile Island, catastrophe naturelle et déficit de la sécurité vis à vis des risques naturels à Fukushima. L’ensemble de ces éléments est à prendre en compte pour l’avenir : prendre en compte l’ensemble des risques, former les personnels et informer les populations concernées.
L’énergie nucléaire étant extrêmement concentrée, les problèmes de sécurité sont à prendre au sérieux. Ceux qui ont proposé de développer à la place de l’EPR un réacteur « low cost » permettant de remporter plus facilement les marchés internationaux ont commis une erreur monumentale : la sécurité doit être le maitre mot de cette filière.

Comme pour Tchernobyl, il faut tirer toutes les leçons de cet accident dont la cause première est une catastrophe naturelle d’une ampleur considérable faisant plusieurs dizaines de milliers morts et disparus. L’analyse des faiblesses de ces centrales y compris de leur emplacement sur des zones sismiques doit être faites pour que des améliorations dans le domaine de la sécurité soient proposées afin de les rendre plus fiable, en particulier dans le cas de catastrophes naturelles : Tsunamis, tempêtes, ...


La diminution de la biodiversité présente de grands risques pour l’humanité, car la grande majorité des molécules contenues dans nos médicaments sont obtenus par synthèse de molécules d’origine biologique. Elles représentent un stock d’une importance primordiale pour l’Homme. Nous devons tout faire pour maintenir ce stock.

Les océans sont également un milieu important pour les écosystèmes. La pêche industrielle met certaines espèces de poissons en danger. Les norvégiens Axel Boeck et Ossian Sars, ont, dès 1850, calculé à partir des prises de morues des pêcheries arctiques des îles Lofoten que les stocks étaient modulés par une variation naturelle cyclique, mais aussi par une surpêche conduisant périodiquement à l’effondrement de la pêcherie et à l'épuisement de la ressource au-delà d'un seuil ne permettant plus à l'espèce de se reproduire. Le biologiste anglais Michael Graham a noté que certains stocks de poissons (plies en l'occurrence) se sont reconstitués après qu'on eut diminué la pression de pêche durant la Première Guerre mondiale.

Ceci a laissé penser qu'en diminuant la pression de pêche, le stock se reconstituerait rapidement, mais, plus tard, il a été montré que l'écosystème pouvait être durablement affecté par la régression massive d'une espèce et que, parfois, cesser la pêche d'une espèce ne suffisait pas à lui permettre de reconstituer sa population antérieure. En mer du Nord, le stock de morue serait en train de lentement se reconstituer depuis que sa pêche est fortement limitée. Toutefois une étude du centre de recherche de Kiel, publiée en 2010, a néanmoins montré qu'avec les plafonds actuels fixés par la politique commune de la pêche, l'objectif européen de reconstitution des ressources halieutiques ne pourra être atteint avant 2030, et que pour 12 espèces, dont la morue, le carrelet et le flétan, le niveau des stocks est tellement faible que même l'arrêt total et immédiat de la pêche pour ces poissons ne permettra pas leur reconstitution d'ici 2015. Dans ce domaine comme dans de nombreux autres, le libéralisme produit des dégâts qui peuvent devenir irréversibles.

La méthode, utilisée sous l’impulsion du député Christian Bataille, peut être considérée comme exemplaire et devrait servir de modèle. En décembre 1991, les députés ont voté une loi sur les déchets nucléaires. Différentes solutions sont envisagées : le stockage en surface, qui consiste à attendre après avoir correctement conditionné les déchets, l’enfouissement profond, à condition que le confinement des déchets soit assuré, ou la transmutation des déchets par réaction nucléaire. Les députés ont voté une loi qui exige des organismes publics (CEA, CNRS, ANDRA) de travailler sur ces trois axes de recherche, et rendez-vous leur est donné 15 années plus tard. Voici l’exemple qu’il faut suivre du bon rapport entre élus et scientifiques. Les élus qui doivent prendre des décisions difficiles interrogent alors les scientifiques, leur demandent de travailler sur des domaines qui paraissent encore trop mal connus. Cet exemple d’interaction entre le monde scientifique et le monde politique aurait pu être suivi dans de nombreux cas.

La question de l’énergie sera le grand débat du 21ème siècle. L’énergie consommée dans le monde est actuellement pour 80% d’origine fossile carbonée : gaz, pétrole et charbon. Les réserves de pétrole d’abord et de gaz ensuite s’épuisent faisant exploser le prix de ces combustibles. Certains proposent de sortir du nucléaire, ils proposent même un grand débat ouvert aux seuls antinucléaires. Dans ces conditions le débat est inutile et les conclusions sont connues d’avance.

Nous sommes favorables à un débat sur l’énergie : toutes les formes d’énergie, économies d’énergie incluses, sans exclure personne. Il faut comprendre le mixte énergétique dont l’humanité pourra disposer et donner à espérer aux jeunes et aux générations à venir.

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