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Publié le Lundi 18 Janvier 2016 par Mouvement Républicain et Citoyen

Déchéance de nationalité ou de bi-nationalité ?


Mots-clés : europe, nation

Tribune de Fabrizio Tribuzio-Bugatti, secrétaire national à la culture et à la francophonie, parue sur le site FigaroVox, mardi 12 janvier 2016.


Déchéance de nationalité ou de bi-nationalité ?
Il est des confusions fort à la mode sur le débat portant sur la déchéance de nationalité. Entre celle consistant à croire, ou à faire croire, qu'elle pourra toucher tout le monde, sans exception et sans condition, ou celle souhaitant qu'elle permette de facto la suppression de la double-nationalité, nous n'en finissons pas de louvoyer dans un mikado politique.

Les douloureux débats portant sur la double-nationalité voudraient absolument la rendre problématique. Ses détracteurs, dans leur majorité, sont inexplicablement persuadés qu'elle amène fatalement la double-allégeance, sinon qu'elle ne serait composée en réalité que de «demies» nationalités.

C'est contre ces allégations infondées et purement paranoïaques qu'il convient de lutter en premier. D'abord parce que croire qu'être composé de demies-nationalités est d'une absurdité sans nom. C'est un paradigme considérant les binationaux comme des métèques, aussi bien en France que leur contrée d'origine, qui ne mériteraient pas d'être intégrés totalement d'une part, et ne mériteraient donc pas les mêmes droits d'autre part. En clair, nous serions face à la consécration du «Français de souche» par la classe politique du système, qui ne souhaite rien d'autre que détourner les Français des véritables problèmes en les dressant les uns contre les autres.

Penser ensuite, et c'est la plus grave erreur, qu'un citoyen détenant la double-nationalité prêterait inévitablement et indubitablement une double-allégeance, est soit naïf, soit de mauvaise foi. La citoyenneté, l'appartenance à une Nation, se fait dans les têtes et les cœurs, c'est le sens du «plébiscite de tous les jours», pas par un simple bout de plastique. Combien de gens, détenant pourtant une carte d'identité française, s'acharnent à la dénigrer en se présentant comme autre chose? La double-allégeance ne s'embarrasse pas de patentes ou de passeports. C'est se tromper lourdement de combat culturel que de penser qu'on mettra fin aux lubies grotesques de village mondial en légiférant sur la possibilité d'avoir ou non deux pièces d'identité.

Cette colonisation des imaginaires qui voudrait qu'on soit propriétaire de tout, mais héritier de rien, doit se combattre sur le plan culturel, et uniquement sur le plan culturel, plutôt que de jeter la défiance sur untel parce qu'il est franco-quelque chose, et qu'il pourrait donc voter dans un autre pays (ce qui n'est pas toujours vrai, loin de là d'ailleurs). Sommes-nous si abêtis par la civilisation des machines pour penser que l'affect puisse se régler à coup d'arsenal normatif et de paperasse administrative? Il faut mettre fin à ces assertions douteuses dont la logique voudrait que le binational soit une espèce de citoyen mondial souhaitant dans le secret de son âme la perte des identités nationales au profit d'un homme nouveau totalement déraciné et acculturé, à l'inverse de ceux qui détiendraient la seule nationalité française. La clef du problème se trouve dans l'anéantissement du multiculturalisme, cause véritable du communautarisme et du déracinement. Ce serait aussi une sottise de croire que la fin de la double-nationalité pourrait mettre fin aux dérives causées uniquement par des dispositifs juridiques supranationaux tels que Schengen et Lisbonne. Les abus découlant des traités favorisant le libre-échange et la libre-circulation ne peuvent se régler que par une réponse politique et juridique les concernant, pas en dressant des épouvantails dissimulant le manque de courage politique face aux inepties mondialistes. On ne lutte pas contre l'Argent ou la sédition en dissimulant la poussière sous le tapis.

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Source : FigaroVox

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