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Publié le Jeudi 24 Juillet 2014

Bourse au mérite : quand la gauche trahit une nouvelle fois les classes populaires



Par Claude Nicolet, Secrétaire national du MRC en charge de la Citoyenneté et de la Laïcité, jeudi 24 juillet 2014.


Bourse au mérite : quand la gauche trahit une nouvelle fois les classes populaires
L'idée de la suppression de la bourse au mérite revient, très discrètement sur le devant de la scène. En plein mois de juillet, pendant les vacances, quand on peut en prendre. Cette bourse était une bonne idée. Elle fut instaurée en 2009, à l'époque par Valérie Pécresse pour permettre aux élèves méritants, de bénéficier d'un coup de pouce bienvenue d'un montant de 1800 euros par an pour celles et ceux qui avaient décrochés la mention «très bien» au bac. Cette mesure de suppression avait déjà été tentée l'année passée, or devant le tollé qu'elle avait suscité, il avait été décidé de la prolonger d'un an. Autrement dit, de ne pas prendre de décision.

Cependant, selon les chiffres du Ministère, le pourcentage des meilleurs étudiants boursiers en fin de licence est passé de 20 % en 2008 à 10 % en 2010 et à 2,5 % en 2012. Il existe donc un réel problème d'accès des catégories populaires aux strates les plus élevées de la formation universitaire. Ce n'est pas une découverte et qu'il faille revoir le système, c'est une évidence, mais pas au prix du sacrifice de la méritocratie républicaine.

Il est légitime de s'interroger sur le fonctionnement de la sélection des élites de notre pays. C'est même une obligation politique pour tout républicain qui se respecte. Ce qui veut donc dire qu'il est légitime de s'interroger et de se donner les moyens pour que les meilleurs des jeunes français puissent accéder aux meilleurs de nos établissements et de nos formations. Le pays ne peut et ne doit pas se passer de leur talent. La bourse au mérite est aussi un excellent moyen de dire et de signifier, qu'en retour, ils ont le devoir de se mettre au service de leur pays, d'une façon ou d'une autre.

Il est plus que temps de mettre un terme à une vision angélique ou consumériste de l'éducation. La Nation consent à un effort colossal pour la formation de sa jeunesse. Cet effort est tout sauf gratuit, il coûte cher, mais c'est d'abord un investissement. Un investissement sur et pour notre avenir. Pour l'avenir du pays. C'est une volonté politique et c'est la volonté de l'Etat républicain. Ce n'est pas un self-service ou l'on prend ce que l'on a envie d'y prendre. C'est un choix, c'est une orientation, c'est une volonté. Il a en principe tout à voir avec l'idée d'émancipation des peuples et rien avec l'autoreproduction d'un système de domination.

Dans l'idéal, l'école est un système qui permet aux hommes et aux femmes de sortir de leur condition. Si les résultats sont à l'inverse c'est qu'il y a un énorme problème. L'école est libératrice, elle ne peut être un outil d'enfermement.

Le problème va en réalité bien au-delà. Il pose en fait la question de la nature de l'Etat aujourd'hui. L'Etat peut-il être un outil au service de l'émancipation des masses ou n'est-il qu'un moyen de domination de celles-ci? C'est tout le pari de Jean Jaurès que de dire que l'Etat peut participer de l'émancipation qu'il traduisait par sa formule des «noces de la classe ouvrière et de la Nation».

Ce qu'il faut se dire, et ce dont il faut se persuader, c'est qu'aujourd'hui, du point de vue de la France, il faut réarmer. A tous les niveaux. Idéologique, intellectuel, politique, diplomatique, militaire, économique…Pour être encore plus clair, la France et la République doivent être en capacité de réaffirmer un discours sur la puissance et l'assumer totalement. La sélection, et le mot ne me fait pas peur, des meilleurs en fait partie.

Cela passe incontestablement par l'affirmation de former notre jeunesse et de lui dire que le moment venu, à son tour, elle lui devra servir. Servir son pays, servir la République. Que c'est une voie honorable.

La méritocratie républicaine doit donc rester une réalité, mais c'est l'ensemble de la jeunesse qui a le droit d'y prétendre. La République a donc l'obligation d'être à la hauteur de l'enjeu. Il ne faut pas s'y tromper, notre pays n'affichera aucune ambition s'il n'y a aucune ambition pour notre jeunesse, ce qui était le mot d'ordre du candidat François Hollande lors de la campagne présidentielle de 2012. Le mérite et l'ambition doivent fonctionner ensemble. La naissance, l'origine ou la condition n'y font rien. La France et la République ne peuvent aujourd'hui se passer du talent de personne et chacun doit pouvoir être reconnu et récompenser en fonction de ses mérites. Mais au cœur de ce dispositif l'amour du pays, la volonté de réussir, l'ambition collective doivent être au rendez-vous.

Notre pays regorge de talent et de jeunes ayant la volonté de réussir leur vie et de faire de brillantes carrières. Les plus méritants, issus des milieux n'ayant pas les réseaux et le capital culturel nécessaires à leur disposition, doivent pouvoir compter sur la puissance publique, dont c'est le devoir, pour atteindre ces objectifs. La question de l'égalité est donc au cœur de ce dispositif.

Il faut certes, trouver un système qui permette de cibler les étudiants à la fois réellement méritants et socialement moins favorisés. Mais je ne pense pas que ce soit cela le plus difficile. Mais les temps étant aux économies, petites ou grandes, il est clair que la tentation du Père Goriot semble plus puissante que celle du Discours à la jeunesse. On a l'ambition qu'on peut…

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