Jean-Pierre Chevènement, sénateur et ancien ministre, a estimé jeudi impossible une relance de la compétitivité de l'économie française sans baisse de l'euro, sans changement du système monétaire européen, et donc sans en parler avec l'Allemagne.
Même si "la direction" prise par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault "est la bonne", "je mets en garde sur la faiblesse des moyens que l'on peut dégager si vous ne changez pas la variable monétaire", a déclaré le fondateur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) devant le club de la presse de Lille.
"Tant que l'euro est surévalué, je ne crois pas que la France puisse retrouver sa compétitivité par le biais d'économies budgétaires en échange d'un allègement de charges pour les entreprises. Il faut changer les règles monétaires", a insisté M. Chevènement. Il se référait aux hypothèses non confirmées qui circulent pour réduire de plusieurs dizaines de milliards d'euros les dépenses publiques, objectif du gouvernement, via des mesures comme un gel de l'avancement des fonctionnaires, un blocage des retraites et autres.
"Nous ne sommes pas en train de remonter la pente, nous la descendons", a affirmé le président d'honneur du MRC, à propos de la faiblesse persistante de l'économie française par rapport aux autres.
Alors que "le Royaume-Uni et la Suède tirent avantage de leur autonomie monétaire", la France, elle, "est entrée dans un système où l'on se fait laminer".
M. Chevènement a jugé nécessaire un "réaménagement d'ensemble des règles monétaires et budgétaires dans les pays du sud de l'Europe ayant perdu leur compétitivité", sans en passer par l'expérience vécue par l'Espagne, avec la perte, selon lui, de six millions d'emplois depuis 2007.
Rappelant qu'il préconise un système de monnaies communes --euromarks, eurofrancs etc.-- à l'intérieur de chaque pays, et non plus unique, sauf à l'extérieur de la zone euro ou pour financer de grands investissements européens, il a de nouveau appelé à "parler avec les Allemands" de ces problèmes.
"Ce serait raisonnable du côté de l'Allemagne de comprendre qu'il doit y avoir un équilibre entre leur prépondérance économique, qui est incontestable, et la diversité culturelle ainsi que l'hétérogénéité de l'économie des nations européennes", a encore dit M. Chevènement. 

Actualités

par Pierre ROUSSEAU le Samedi 4 Janvier 2014 à 11:49


BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2014

Nous vous souhaitons

Une bonne et heureuse année 2014.

Que tous vos souhaits se réalisent...


Au nom du bureau du MRC VIENNE,

Pierre Rousseau vous adresse ses meilleurs voeux de bonheur santé

et prospérité pour l'année 2014.

Amicalement


Actualités

par Pierre ROUSSEAU le Vendredi 20 Décembre 2013 à 21:43


MANIFESTE
REFAIRE L’EUROPE, ENTIÈREMENT
CHANGER DE CAP, RÉSOLUMENT
L'Europe a déraillé. Niant la souveraineté des nations et la liberté des peuples, caporalisant le respect des règles budgétaires et institutionnalisant la concurrence entre tous, se soumettant au grand frère américain ou au petit frère allemand, l'Europe semble renoncer à la démocratie et à l'indépendance.
L'Europe a déraillé : est-elle capable de marquer l'arrêt pour prendre un nouveau chemin ?
L’IMPASSE,
Comprendre les raisons de l’échec
Les mêmes choix de politique monétaire nous gouvernent depuis 30 ans.
1983 : refus d’une sortie provisoire du Système Monétaire Européen
1992 : traité de Maastricht et politique du franc fort en attendant l’euro, monnaie unique
2002 : L’euro-monnaie-unique est dans nos poches
Le discours justifiant ces choix tourne en boucle : prospérité et baisse du chômage nous seraient offertes par l’efficience des marchés et la vertu de la concurrence « libre et non faussée ». Mais les faits sont là, têtus diraient certains. L’Europe — les nations qui la composent, les peuples qu’elle abrite — à l’inverse des prédictions répétées, s’enfonce dans un chômage de masse et semble lâcher prise d’avec son histoire, ses ambitions humanistes, sa tradition démocratique, son modèle social. En bref elle ne paraît se voir d’avenir que sous tutelle, allemande dans le scénario le plus européen, américaine dans le scénario majoritaire chez ses dirigeants économiques et politiques, chinoise pour ceux qui aiment les prédictions provocatrices.
Refusant une analyse objective de « l’état de l’Union » (Européenne), et particulièrement de la zone euro, d’aucuns persistent à vouloir « sauver l’euro ». L’outil tant vanté est devenu le dogme, l’objectif auquel tout doit être subordonné.
L’euro-monnaie-unique joue contre l’idéal européen et ce résultat était malheureusement prévisible : posé sur un ensemble de nations loin de former une « zone monétaire optimale », l’euro-monnaie-unique tend à renforcer les forts et affaiblir les faibles. Qu’importe, pour nos décideurs bruxellois, la divergence se majore entre pays de la zone Euro ? Ils organisent la convergence caporalisée ! : contrôle des budgets, constitutionnalisation des déficits maximum, dogme de la réduction de la dette publique à marche forcée.
Il y a 40 ans, refusant de voir venir le mur (ou sa chute...), les dirigeants de l’Union Soviétique allaient répétant que, non, le socialisme n’avait pas échoué mais que, au contraire, il fallait aller plus avant dans le même sens. Aujourd’hui, nos dirigeants européistes vont répétant que non, l’euro n’a pas échoué, et que si
nous sommes dans l’impasse c’est bien par manque d’intégration européenne ! Ça ne fonctionne pas ? Allons plus loin et plus fort encore.
Pourtant, à ceux qui cherchent d’abord à comprendre et refusent les dogmes, l’évidence s’impose : pour sortir de l’impasse il faut changer de cap, radicalement.
L’AMBITION,
Vouloir l’indépendance et la prospérité
En cette fin de deuxième mondialisation depuis la révolution industrielle, nous pouvons faire un atout du grand chambardement en cours depuis 20 ans dans la hiérarchie des puissances (effondrement de l’URSS, montée de la Chine, lent reflux des États-Unis, émergences de nouvelles puissances…). Nous le pouvons, nous le devons. Notre lent déclin n’a rien d’inexorable.
Occupés par leur face à face, les États-Unis et la Chine libèrent un espace pour une Europe véritablement européenne, indépendante et porteuse de l’avenir des nations qui la composent. Fière d’un modèle social et démocratique que nous envient tant d’autres peuples, la Confédération Européenne des Nations Libres pourrait forger des partenariats privilégiés, en tout premier lieu avec la Russie puis avec les pays de la Méditerranée et, au delà, de tout le continent africain. Faisant vivre l’héritage des Lumières, elle participerait activement à l’avènement d’un ordre mondial multipolaire et en paix, inventerait un modèle original de développement soucieux de faire reculer les inégalités et respectueux de notre environnement. A contrario de l’impossible intégration fédérale*, cette confédéra-tion renouerait avec la démocratie loin de l’Europe post démocratique qui se profile actuellement. Elle ferait face aux défis du XXIème siècle, préserverait et rénoverait l’État social, assurerait son avenir industriel, allierait croissance et développement solidaire et soutenable, mettrait en route un nouveau modèle d’économie mixte, favoriserait la paix dans un monde mutant à pôles multiples, bref se donnerait une nouvelle ambition de civilisation loin de son passé colonial.
LE CHEMIN,
Agir maintenant
Plusieurs chemins se présentent à nous, certains tout à fait inenvisageables.
L’effacement de l’Europe ? C’est un de nos futurs possibles. Mais qui pourrait le vouloir vraiment ? Bien triste destinée pour nos nations ! Et un chemin semé de convulsions violentes pour faire renoncer des peuples qui ont bien souvent la mémoire plus longue que leurs élites.
Une Europe allemande ? Même si l’Allemagne en voulait, ce qui n’est pas certain, ce scénario a peu de chance de rencontrer l’adhésion de ses partenaires européens. On peut même émettre l’hypothèse que ce serait le plus court chemin vers de brutaux replis nationalistes.
Il est temps de prendre le chemin de la construction d’une Europe vraiment européenne c’est à dire indépendante et assurant l’avenir des peuples qui la composent.
1) revoir le choix de la monnaie unique en acceptant le constat de son échec. Promouvoir l’euro-monnaie-commune, comme garant de notre solidarité de destin et y associer des euros-monnaies nationales pour redonner de l’air aux nations européennes.
2) Promouvoir une Europe des coopérations renforcées, à géométrie variable et ainsi retrouver et amplifier la recette qui a fait le succès d’Airbus.
3) Porter un plan d’investissement européen ambitieux : indépendance énergétique, équilibre écologique, grands travaux …
4) Protéger, renforcer et valoriser notre modèle démocratique et social : contrôle de la Commission et de la Banque Centrale Européenne, investissement des parlements nationaux, réarmement commercial de l’UE, vrais statuts des services publics, sécurité alimentaire et sanitaire.
5) Promouvoir un partenariat étroit avec la Russie et des dynamiques de co-développement avec les pays de la Méditerranée et du continent africain
Nous lançons un appel citoyen à tous ceux qui partagent notre conviction qu'il est grand temps de changer de cap, résolument, et de refaire l'Europe, entièrement. Nous pouvons porter ensemble ce projet et cette ambition dès les élections européennes de mai 2014.
Notre objectif est d'ouvrir une phase radicalement nouvelle de l'histoire européenne, en nous appuyant sur notre peuple et ses choix.
*une fédération nécessitant un fort sentiment d’appartenance, un budget 20 à 30 fois supérieur à l’actuel budget européen et l’assentiment des « régions » riches pour payer pour les plus pauvres.
Par Estelle Folest, Secrétaire nationale à l'éducation, mercredi 27 novembre 2013.
 
 
 
Le Ministre de l'Éducation nationale s'attaque à un nouveau chantier pour refonder l'école : la rénovation du décret de 1950, lequel fixe le service hebdomadaire des enseignants du second degré.
Lancées le 18 novembre, les concertations menées par 13 groupes de travail doivent aboutir début 2014 mais d'ores et déjà, Vincent Peillon avance en terrain miné. La raison ? Sa proposition d'augmenter le nombre d’heures de travail des professeurs de classes préparatoires et de BTS à rémunération constante pour financer la diminution du nombre d’heures de cours des professeurs enseignant en zone d'éducation prioritaire afin qu’ils puissent travailler davantage en équipe (1.5 à 2h par semaine). Perte de salaire estimée pour les premiers ? 10 à 20% selon les syndicats.
Aider les professeurs en ZEP à mieux assurer leur service ? L'intention du Ministre est louable : les professeurs de ZEP travaillent dans des conditions très difficiles, aussi est-il nécessaire de les décharger de quelques heures de cours. Mais qui paie l'addition ? Les enseignants "privilégiés", ceux qui exercent dans les filières post-baccalauréat dont les classes préparatoires aux grandes écoles accusées d’élitisme.
L’intention est louable donc, mais le Ministre a tort de vider les poches des uns pour remplir celles des autres. Non qu'il ne faille aider y compris financièrement les professeurs de ZEP, qui enseignent en effet dans des conditions de plus en plus déplorables pour des salaires plus que modestes. Mais les professeurs de classe préparatoire ne sont ni des prédateurs ni des nantis, encore moins les bénéficiaires de passe-droits indus. Ils ont passé un concours de très haut niveau, l'agrégation, sont de plus en plus souvent docteurs, ainsi que le recommande légitimement l'Inspection générale, et si leur hiérarchie les a affectés en classe préparatoire, c'est parce qu'ils ont un savoir et un savoir-faire pointus qui leur donnent des qualifications spécifiques. Inutile de revenir en outre sur le temps qu'ils consacrent à la préparation de leurs cours ou à l'évaluation de leurs élèves.
Si l'on veut vraiment aider les enseignants de ZEP, ce n'est ni en nivelant le salaire de tous les enseignants par le bas ni en opposant les enseignants entre eux qu'on y arrivera. C'est plutôt en augmentant le salaire des enseignants des premier et second degrés – inférieurs de 20 à 25% à ceux de la moyenne des pays de l'OCDE. Au surplus, la mesure envisagée par Vincent Peillon ne va pas dans le bon sens : les quelques heures dégagées en ZEP ne donneront aucun résultat sur les apprentissages des élèves, or c'est cela qui aiderait véritablement les enseignants et leur redonnerait le moral, à défaut d’augmentation de salaire.
L’argent n’est pas la motivation première des professeurs, ainsi que l’avait indiqué le Ministre. Mais la reconnaissance de la Nation, lorsqu’elle s’accompagne d’une reconnaissance financière, est un signal clair du respect que l’on doit à la fonction enseignante. Evidemment, avec un budget sous contrainte, il est plus facile de déshabiller Pierre pour habiller Paul, quitte à ce que tout le monde y perde. 

Actualités

par Pierre ROUSSEAU le Samedi 7 Décembre 2013 à 08:40


Le président, Jean-Luc Laurent, a fixé le cap en vue des élections européennes
(discours à la Convention Europe le 30 novembre 2013 à Paris).
 
  

Pour une Europe qui protège et se protège

  
 
Je ne résiste pas à la tentation de débuter mon intervention par une trouvaille de la semaine dernière, comme la politique peut en offrir parfois : mes collègues députés et moi-même avons reçu un communiqué de la Commission européenne lançant le semestre européen. Son titre ? Semestre européen 2014 : consolider la reprise. On peut y lire des nouvelles rassurantes du front : la reprise est engagée, la coordination budgétaire a atteint un niveau “sans précédent”, les assainissements budgétaires “portent leurs fruits”. En somme, tout - va - bien ! Quelques petites nuances : l’ouverture à la concurrence des marchés et services est insuffisante, les réformes des marchés du travail pourraient aller plus loin.
 Je ne vois que deux hypothèses : où nos commissaires européens ont plus d’humour qu’on ne le dit, ou c’est nous qui devons en avoir beaucoup pour essayer de prendre cela avec recul.
 Tous les constats que nous faisons depuis des années sont résumés ici : l’aveuglement des institutions européennes sur les effets insidieux des politiques d’austérité, sur les disparités accrues entre économies et les distorsions de concurrence, la position stratosphérique d’une Commission sans légitimité démocratique et sans prise avec la réalité. Tout y est !
 Il serait bon que Messieurs Barroso et Rehn prennent la peine de venir expliquer ce qu’est la « consolidation de la reprise » aux Grecs, auxquels un effort supplémentaire d’1,5 milliard est exigé depuis plusieurs jours par la Troïka, aux Italiens et bien sûr aux Français, qui voient leur croissance ralentir et leurs exportations décrocher face à l’Allemagne. Surtout, qu’ils viennent expliquer aux peuples européens ce qu’est la « consolidation de la reprise », 5 ans après le début d’une crise économique qui n’a été que renforcée par les politiques de rigueur contreproductives imposées aux Etats de la zone euro ! Gouverner, c’est devoir parfois rendre des comptes sur ses erreurs. J’ai bien peur que certains n’aient jamais à le faire...
Pourtant, et je l’ai dit ce matin, les choses sont claires : l’Europe telle que nous la connaissons est à bout de souffle. Cette Europe disciplinaire, obsédée par les objectifs chiffrés de dette, de déficit public, d’inflation, cette Europe de la monnaie unique qui a accru les disparités en assemblant des économies structurellement différentes, cette Europe sans projet politique commun ni incarnation, cette Europe du moins-disant social, cette Europe qui met en cause la souveraineté nationale, les services publics et les Etats-nations. C’est cette Europe là qui a fait son temps et non l’idée européenne. Et c’est parce que cette idée n’est pas morte que nous sommes réunis aujourd’hui pour proposer “Une Autre Europe”, une autre voie. C’est cela que nous souhaitons : une alternative !
 J’insiste sur ces mots car, trop souvent, quand nous avons pointé les errements de la construction européenne, ses insuffisances et ses excès, on nous a répondu sur le terrain de la Morale et des bons sentiments : les égoïsmes nationaux contre un intérêt commun européen, le repli sur soi contre l’ouverture fraternelle, le risque de la guerre contre la paix assurée depuis 60 ans. Le traitement indigne réservé à Jean-Pierre (Chevènement) par le Point cette semaine montre combien la caricature est facile.
 Ne nous laissons pas entraîner sur ce terrain là, ce n’est pas celui du débat démocratique. Nous n’avons pas à être honteux d’avoir eu raison hier. Nous n’avons pas à être honteux de refuser aujourd’hui le fatalisme, de refuser de laisser l’UE aller dans le mur en klaxonnant. C’est notre responsabilité de dire les choses, haut et fort !
On nous a également répondu, souvent, que c’est parce que nous sommes français que nous ne pouvons pas renoncer à l’ambition européenne en vertu d’un héritage. Mais, sur ce point, nous sommes d’accord ! C’est parce que la France est une grande nation en Europe qu’elle a la responsabilité de la porter mais en la réorientant.
Il m’est difficile d’évoquer la question de la réorientation européenne sans parler de notre engagement dans la majorité, au côté de François Hollande, qui en avait fait un enjeu de son quinquennat. Si nos analyses diffèrent sur ce point de notre partenaire socialiste, à tel point que figurait dans notre accord signé en mars 2012 un chapitre qui y était consacré, il faut savoir saluer les initiatives et dire lorsque les lignes commencent à bouger.
 Le discours clair tenu à notre partenaire allemand en fait partie : ceux qui suivent assidûment l’Assemblée nationale et ses débats savent que j’ai pu interroger Jean-Marc Ayrault sur la politique économique de l’Allemagne lors de la séance de questions au Gouvernement mardi dernier. J’ai noté, comme ces derniers mois, beaucoup de fermeté et de détermination du côté de l’exécutif dans la condamnation des distorsions de concurrence en faveur de notre voisin. Par le dialogue et dans l’intérêt de tous – d’abord dans le sien –, l’Allemagne doit réévaluer son modèle et les politiques qu’elle impose aux autres. L’adoption d’un salaire minimum n’est qu’une première étape mais elle nous montre que Mme Merkel n’est pas seule, qu’elle ne règne pas en maître. Il faut donc pousser, encore et toujours.
 Je suis heureux que le Gouvernement ne refuse pas un rapport de force devenu nécessaire. Il faudra aller plus loin car le nœud de la question de la réorientation européenne est là.
 Il faut également saluer les initiatives récentes du Président de la République en termes de discussion avec d’autres pays de la zone euro : les liens tissés avec l’Italie et l’Espagne sur les questions de croissance correspondent à un intérêt commun bien compris. C’est également ainsi que nous imposerons une nouvelle donne.
Cependant, il faut le dire clairement : nous partons de loin et, un an et demi après le 6 mai 2012, le compte n’y est toujours pas. Ni la renégociation en profondeur du TSCG, ni une véritable politique de croissance n’ont été réellement obtenues. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons fait valoir pleinement en cette première année notre liberté de vote en votant contre le TSCG, et par notre abstention sur les lois de programmation. Le message du MRC a été clair et bien compris.
Le résultat de cet échec est là et le frémissement de la courbe du chômage ne doit tromper personne: la France stagne et subit une crise dure. Aucune politique de redressement productif et de croissance ne peut porter ses fruits dans un cadre aussi contraint et avec une monnaie surévaluée, avec un euro trop fort et trop cher. Le budget 2014 montre toutes les limites de cet exercice périlleux auquel doit se livrer le Gouvernement sous la pression de ce que j’appelle le Triple B : Bercy, Bruxelles, Berlin.
Les faits nous donnent donc aujourd’hui raison et nous confortent dans notre analyse. Mais dire de quelle Europe nous ne voulons plus ne peut pas suffire. C’est d’un nouveau cap européen dont les Français ont besoin. Quelle Europe voulons-nous ? Quel projet, quels thèmes souhaitons-nous porter ?
Au travers de son très bon texte, Marie-Françoise Bechtel a commencé à tracer une voie. A la crise économique et au défaut politique auxquels l’Europe fait face, il faut des réponses claires :
- Tout d’abord, celle à court terme d’une baisse du niveau de l’euro par des politiques de « quantitative easing » menées par la BCE, en articulation avec des politiques de relance vigoureuses. La sauvegarde de notre tissu industriel passe par là. Cependant, d’ores et déjà c’est bien la question de la transformation de l’euro en monnaie commune que nous devons poser. L’euro, monnaie unique, comporte un “vice constitutif” pour reprendre l’expression de Jean-Pierre (Chevènement), et les transferts qui seraient nécessaires à un équilibrage d’une zone si disparate sont inenvisageables. Nous devons en parler avant que ce ne soit le nouveau parti « L’Alternative pour l’Allemagne » ou le Front National en France qui impose les termes du débat public avec la sortie de l’Euro.
- Ensuite, sortir du « gouvernement par les règles »comme les contrats que Bruxelles prépare actuellement. Rappelons-nous d’une chose: les règles, Schröder n’en a respecté aucune pendant les réformes allemandes tandis que l’Irlande et l’Espagne étaient de parfaits élèves de la classe européenne…
- Quant au pilotage économique de la zone euro, il faut de la coordination et de la concertation mais en aucun cas un gouvernement économique. Ce pilotage doit procéder des chefs d’Etat et de gouvernement qui ont la légitimité des peuples. Nous assumons le tournant intergouvernemental qui a été validé par la crise. La légitimité politique est dans les nations, elle est dans les gouvernements nationaux. S’il y a une institution qui doit monter en puissance dans la gouvernance européenne, ce sont les Parlements nationaux.
- Sur le plan institutionnel : pas de nouveau traité constitutionnel. Cette Europe coercitive est morte, il faut de la souplesse et du projet. La machine normative européenne doit se calmer pour laisser la place à un euroréalisme.
- Nous voulons également une Europe qui protège et qui se protège. Le grand marché nous conduit au libre-échange interne mais il n’a jamais été lié à un libre-échange mondial dont la Commission et une partie des élites européennes souscrivent naturellement, mécaniquement. Il faut défendre nos marchés publics. Il faut une politique industrielle libérée du dogme de la concurrence. Nous avons besoin de champions de taille mondiale.
- Enfin, il faut bien dire un mot de l’élargissement qui n’a été jusqu’ici qu’une fuite en avant. La bonne diplomatie nous invite à piloter en douceur la fin de cette phase en acceptant progressivement les candidatures balkaniques en examinant bien la maturité de leurs structures étatiques et de leurs sociétés civiles. Mais Il faut terminer et l’utiliser comme un levier politique de stabilité pour une région qui a connu la guerre, il y a à peine plus de 10 ans. Avec les Balkans, les frontières de l’Europe seront atteintes. Nous ne pouvons pas faire entrer un pays de 75 millions d’habitants à cheval sur l’Europe et le Proche-Orient. Il faut une politique ambitieuse de coopération en Méditerranée. C’est dans cette politique que la Turquie et le Maghreb ont toute leur place. Une coopération avec la Russie doit également être construite.
Voilà quelques réponses de nature à fonder un projet européen alternatif, réaliste et fédérateur ! Et quelle meilleure occasion pour cela que les élections européennes qui se préparent dès à présent ?
 Nos analyses ont résisté au temps et aux épreuves. Mais avoir raison seul ne conduit à rien. La vocation de tout mouvement politique, c’est de convaincre, de rallier à soi et de rassembler. Et cela implique de prendre ses responsabilités. Louis Barthou disait : « La tour d’ivoire ne convient qu’aux poètes. Il est du devoir des autres hommes d’en descendre pour se mêler à l’action » Nous ne serons pas spectateurs et encore moins commentateurs cyniques : nous nous mêlerons à cette campagne de mai 2014 en présentant des «listes citoyennes pour une autre Europe» !
N’ayons peur ni du débat, ni des coups portés ! Ce n’est qu’au prix de ce combat politique que nous ferons reculer les extrêmes et que nous offrirons enfin aux Français un projet européen digne de ce nom !
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