Mardi 24 Février 2015

Attention aux chèques en blanc !




À un peu plus d’un mois des élections départementales, les candidats ont déjà commencé leurs tractages, et dévoilé leurs programmes, qui contiennent hélas beaucoup de promesses irréalisables, ou assez floues pour qu’on n’y comprenne rien ! Pour éviter de tomber dans le piège de vendeurs du vide, nous avons sélectionné les promesses les plus démagogiques susceptibles d'être proposées par les candidats.
 
1- Préserver le droit local :
 
S’il y a une chose que les sortants et candidats promettront à tour de bras, c’est bien de préserver notre droit local. Il y a toutefois un problème de taille qui rend cette promesse complètement impossible : ce n’est absolument pas de la compétence du Conseil Général ! Le droit local est un « principe fondamental reconnu par les lois de la République », c'est-à-dire qu’il demeure inviolable, à moins qu’une loi remplace expressément certaines dispositions ; et contre cela, le futur conseiller départemental ne pourra rien faire.
 
2- Soutenir le bilinguisme (alsacien) :
 
Cette épineuse question, bien que très démagogue, car cherchant à titiller la fibre régionaliste des citoyens pour obtenir leurs voix, pose plusieurs problèmes. Le premier est réglementaire ; est-ce qu’une assemblée républicaine, avec les élus qui la composent, ont les prérogatives pour soutenir une autre langue que le Français, qui est la seule langue reconnue par notre Constitution (Charte des langues régionales ou non) ? Cela pose aussi un problème moral ; en ces temps de tensions sociales, est-ce vraiment pertinent d’encourager la différence entre les citoyens plutôt que leur union ?
 
3- Soutenir l’économie locale :
 
Tout ce qui a trait à l’économie locale est là pour cristalliser les intérêts des agriculteurs et entrepreneurs locaux qui souffrent quotidiennement des normes imposées par l’Union Européenne, et des ponctions de plus en plus injustifiées de la part des gouvernements successifs. Sauf qu’au lieu d’expliquer cela, les candidats préfèreront afficher une posture de soutien, sans pour autant définir par quels moyens concrets ils souhaiteraient y parvenir. Par ailleurs, les compétences du Conseil Général n’ont jamais été économiques, mais sociales ! En réalité, le Conseil Général peut soutenir « l’économie sociale et solidaire » (= ESS) , soit des entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d'utilité sociale. Comme les futures compétences du Conseil Départemental sont inconnues, faire des promesses pareilles nous baigne dans le flou le plus total, à moins de préciser les secteurs visés.
 
4 – Défendre l’emploi :
 
Là aussi, c’est une promesse purement démagogique, et donc à prendre avec des pincettes. Nous pouvons déjà nous demander ce que signifierait « défendre l’emploi » au vu des compétences sociales et non économiques du Conseil Général (encore une fois, il ne peut soutenir que l’ESS, et les compétences du Conseil Départemental sont inconnues ! Il peut toutefois favoriser l’insertion des personnes en difficulté, grâce au versement du RSA par exemple) ! Est-ce créer des agences de promotions, alors que le succès de ces agences ailleurs en France est mitigé ? Est-ce embaucher dans la fonction territoriale ? Les citoyens ne doivent pas hésiter à demander aux élus des explications concrètes pour savoir ce qu’ils feraient pour réaliser cette promesse, quitte à passer pour des importuns lors des réunions publiques !
 
5- Faire des économies :
 
Face à cette promesse, il est important de la mesurer en jugeant du bilan des élus sortants, et des priorités budgétaires des dernières années. On notera par exemple que les dépenses les plus importantes du Conseil Régional et des Conseils Généraux ces dernières années furent la communication (à titre d’exemple, le Conseil Régional avait acquis le nom de domaine .als pour 125.000 € et réforme territoriale oblige, ne pourra pas l’utiliser !) ! Outre que l’on puisse se demander sincèrement si la priorité d’une collectivité est la communication, il faut aussi voir quels moyens furent alloués à ses missions principales (ESS, social,...) pour séparer le grain de l’ivraie, et donc savoir si la gabegie fut de mise.
 
6 - L’accès au haut-débit :
 
Il s’agit d’une promesse tout à faire réalisable, mais sa mise en œuvre est  problématique, car sans cesse repoussée. Certains EPCI devaient installer la fibre optique dès 2013, aujourd’hui il est question de transférer cette compétence au futur Conseil Départemental, qui ne concrétiserait ce projet au plus tôt qu’à l’horizon 2018, voire 2023 ! Il s’agit donc d’un point à surveiller sur le long terme pour s’assurer que les futurs élus s’en acquitteront enfin.
 
7- Renforcer la sécurité :
 
Encore une fois, cette promesse dépasse les compétences du Conseil Général. La police nationale, la mutation de ses effectifs, ainsi que ceux de la Gendarmerie, sont du ressort de l’État, non du Département. Il est toutefois possible de demander au gouvernement d’allouer les moyens humains requis selon les situations, néanmoins la plupart de ces négociations échouent, ainsi la plupart de nos commissariats sont en sous-effectifs. Quant à la vidéosurveillance, si elle est utile, elle n’est pas autosuffisante. Le Conseil Général pourrait en revanche allouer des moyens financiers aux communes nécessitant la présence d’une police municipale.
 
Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive, mais elle rassemble les points clefs que l’on retrouvera certainement dans les prochaines semaines au sein du débat politique local. Comme nous l’avions dit, si le Mouvement Républicain et Citoyen ne pourra se présenter aux élections départementales, il fera de son mieux pour éclairer le citoyen afin d'éviter les mauvais choix et reconnaître les chèques en blanc que des candidats incompétents ou sans scrupules lui soumettront.


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