La FNSEA bloque les raffineries pour obliger le gouvernement à la soutenir.


Analyse de Michel Sorin, secrétaire national du MRC, le 15 juin 2018


 
A l’initiative de ses membres, producteurs de plantes oléagineuses et protéagineuses, dont le plus éminent était Xavier Beulin, qui l’a présidé de 2010 à sa mort brutale en 2017, le syndicat dominant de la profession agricole - la FNSEA, fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles - est profondément engagé dans la filière agro-industrielle de l’huile de colza transformée en agrocarburant.
Le président Beulin était d’abord, depuis 2000 jusqu'à son décès, le président du groupe agro-industriel Avril, anciennement Sofiprotéol, dont le coeur de métier est la valorisation des oléagineux (huiles de colza et de tournesol, notamment) et des protéagineux.
 
L’engagement du syndicat agricole dans cette filière a permis à ses membres, producteurs de colza notamment, d’obtenir une bonne valorisation de leur activité. Mais le vent tourne.
La concurrence d’abord.
Le pétrolier Total a maintenant l’autorisation de l’État pour importer 300 000 tonnes d’huile de palme par an pour son usine de La Mède, près de Marseille, ce qui représente environ la moitié des besoins de l’usine. Le groupe Avril en importe aussi (200 000 tonnes par an) mais il était jusqu’à présent le seul à le faire. L’huile de palme en provenance de Malaisie et d’Indonésie coûte moins cher que l’huile de colza produite en France.

L’environnement et la santé ensuite.

La production d’huile de palme s’inscrit dans un contexte de déforestation qui accentue le réchauffement climatique d’une part et, d’autre part, le bilan environnemental de la transformation d’huile de colza en diester est très mauvais. Pire, la France est obligée d’importer de l’huile de colza pour la consommation humaine, qui est conseillée pour des raisons de santé.

Ainsi, la filière des agrocarburants, soutenue par les pouvoirs publics sous la pression de l’agro-industrie et de la FNSEA, se révèle être un fiasco pour des raisons techniques, économiques et environnementales.

La FNSEA, en difficulté dans ce dossier, réagit en bloquant des raffineries, sans craindre la contradiction avec ses interventions dans les cabinets ministériels en faveur de toujours plus de libéralisme et de libre-échange, cela au service des intérêts du groupe Avril. Par exemple, pour les accords avec le Maroc au bénéfice de sa filière huile.

Le syndicat agricole majoritaire est placé sous le feu des critiques des syndicats minoritaires.
- Confédération Paysanne, 11 juin 2018) : Blocage des raffineries : stop au double discours !
- Coordination Rurale (11 juin 2018) : Huile de palme : STOP aux faux-semblants !
 

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