Bruno MOSCHETTO était à Chaptelat, près de Limoges, le 24 avril 2018 à l'invitation du MRC 87 (l'annonce de cette conférence est disponible sur ce bloc-notes en ligne, par ce lien : "Conférence-débat organisée par le MRC 87 : "Crises financières : 10 ans après - risques et solutions" - 24 avril 2018 à Chaptelat".
Un article de presse du Populaire du Centre (daté du 9 mai 2018), consacré à cette conférence, est accessible par le lien suivant sous le titre : "Et si on en terminait avec l’Union économique et monétaire ? "
Le Secrétaire national du Mouvement République et Citoyen (MRC) a ainsi fait le point sur la question des "Crises financières : 10 ans après - risques et solutions".
(Le texte reproduit ci-après est aussi disponible sur le site national du MRC : "Crises financières : 10 ans après - risques et solutions" ).
Dès l'abord, Bruno MOSCHETTO rappelle que le soubassement des crises et de leurs solutions repose sur la politique économique. A ce propos il n'y a pas une politique économique de gauche et il n'y a pas une politique économique de droite. Il y a depuis trente ans une seule politique économique : c'est la politique de l'offre versus une politique de la demande conduite par les Etats de l'Union européenne sous la tutelle de Bruxelles et de Francfort. D'où la nécessité de dénoncer des mythes, porteurs de risques et d’y apporter des solutions
1 – Les mythes à dénoncer
Par la suite, il s'est efforcé de dénoncer deux mythes ou contre vérités portés par une pensée devenue unique.
Tout d'abord celui de la possibilité pour un Etat, et tout particulièrement la France, de faire faillite, ainsi que l'avait proclamé urbi et orbi en 2007 François Fillon, le Premier ministre de l’époque. En fait, une telle situation est impossible. Certes sous deux réserves.
Tout d'abord celui de la possibilité pour un Etat, et tout particulièrement la France, de faire faillite, ainsi que l'avait proclamé urbi et orbi en 2007 François Fillon, le Premier ministre de l’époque. En fait, une telle situation est impossible. Certes sous deux réserves.
D'abord si l'Etat dont il s'agit est endetté dans sa propre monnaie. C'est le cas de la France puisque sa dette de 2 000 milliards d'euros est intégralement libellée dans notre, monnaie : l'euro. Et, deuxième réserve, qu’il dispose d'une administration financière capable de lever l'impôt puisqu'en dernière analyse les contribuables résidents sont garants des dettes de l'Etat. A cet égard, il faut rappeler que la détention de notre dette, à hauteur de plus de 50% par des non résidents ne change rien quant à sa nature. Si ces non résidents qui ont acheté notre dette parce qu'ils avaient confiance dans le crédit de la France, décidaient de vendre leurs titres, ceux-ci seraient immédiatement rachetés par les résidents qui développent parallèlement une capacité de financement employée notamment dans des titres émis par des non résidents.
Donc, la France n'a pas été, n'est pas et ne sera pas en faillite.
Deuxième mythe : une crise bancaire ne peut de nouveau éclater au sein de la zone l'euro. Cela est également faux. Et ce pour deux raisons. Tout d'abord les régulations post crises en Europe continentale en sont au stade des velléités et la directive de séparation des activités bancaires des activités de marché – là où se situe le paratonnerre – voulue par Michel Barnier n'a pu voir le jour du fait de la résistance des lobbies bancaires français et allemands désireux de protéger le soi-disant modèle de banque universelle. A telle enseigne que le Gouverneur de la Banque de France de l'époque – Christian Noyer – a qualifié dans le Figaro du [29] janvier 2014, les propositions de Michel Barnier d'irresponsables !
De plus, les moyens réunis par un Fonds unique de résolution (FUR) des crises et financé par les banques ne sont pas à la hauteur des risques potentiels. En effet, on évoque la constitution progressive d'un montant de 55 milliards d'euros à l'horizon 2024 pour ce FUR, alors que la seule faillite de la Deutsche Bank, qui n'est pas impensable, nécessiterait à elle seule l'utilisation de la totalité des ressources de ce fonds. Et comme toutes les banques sont interconnectées et par là interdépendantes, la faillite de la Deutsche Bank en entraînerait de nombreuses autres. D'où l'émergence possible d'une nouvelle crise systémique au sein de la zone euro.
2 – Les solutions salvatrices
Dans une zone euro destinée par ses concepteurs à faire converger les critères économiques et sociaux de l'ensemble des pays membres, l'échec est évident en dépit du fait que l'euro en tant que monnaie courante a été au lendemain de son introduction une grande réussite technique. Mais comment peut-on – dans une zone qui n'est pas optimale – faire coexister dans le même espace monde – selon la formule de Fernand Braudel – des Etats dont les taux de chômage varient de 5% en Allemagne à 25 % en Espagne dans des Etats nations – ceux de l'Union européenne qui ne sont pas des Etats régions comme ceux des Etats-Unis d'Amérique. En effet dans les Etats régions, la fluidité des facteurs de production – capital et travail – est quasi absolue alors que ce n’est pas le cas dans les Etats nations où subsistent de nombreux éléments d’inertie à cette fluidité. Il est donc urgent de favoriser l'harmonisation des facteurs de divergence, que ce soit la protection sociale : santé, chômage, retraite et la protection culturelle, langue et droit ? Il nous faudra pour cela non pas un quinquennat mais au moins cinq quinquennats soit un quart de siècle. Ainsi l'Europe fédérale en est pour l'instant au stade de l'utopie.
Aussi, pour vivre d'ici là, il est urgent de nationaliser l'euro qui en vertu de notre Code monétaire et financier est défini comme la monnaie de la France et il a vocation à le rester. En revanche, rien n'empêche de le débaptiser en euro franc afin que celui-ci puisse librement fluctuer sur les marchés – sans dévaluation – mais par appréciation ou dépréciation par rapport à ses pareils et ce sans contrôle des changes, afin de corriger progressivement les divergences économiques et sociales, et de rendre la zone euro optimale. Naturellement un terme serait mis à l'Union économique et monétaire – UEM – c'est-à-dire que notre banque centrale redeviendrait la Banque de France et que nos réserves publiques de change seraient rapatriées de Francfort à Paris. Le montant de notre fameuse dette de 2 000 milliards d'euros ne serait pour les résidents en aucune manière augmenté puisqu'elle serait toujours libellée en euro, non plus en euro euro mais en euro franc à parité égale les uns par rapport aux autres. De surcroit, il n'y aurait aucune modification de la valeur des actifs pour les non résidents s'ils ne vendent pas leurs créances bancaires ou financières libellées en euro francs sur les marchés , ils conserveraient l'intégralité de leurs créances à pouvoir d'achat inchangé sur notre marché national.
En conclusion, Bruno MOSCHETTO rappelle que notre souveraineté monétaire, cambiaire et budgétaire – retrouvée – nous permettrait d'emprunter une seule voie ouverte pour relancer l'économie celle du « deficit spending » selon la formule de Keynes et ainsi de relancer à la fois la demande de consommation, la demande d'investissement et la demande d'exportation.
Une telle politique de la demande enfin adoptée entraînerait vraisemblablement le retour de l'inflation, cet implicite effacement des dettes pour tous, laquelle a disparu de notre horizon monétaire, et qu'appelle désespérément de ses vœux Mario Draghi, réduit au chômage technique par ses prédécesseurs qui ont réussi à stabiliser la monnaie de la zone mais au prix d’un ralentissement général de l’activité économique. Aussi en sacrifiant le dogme de la stabilité monétaire tel que le préconise le Fonds monétaire International (FMI) il serait enfin possible de retrouver celui de la croissance économique.