Jeudi 25 Février 2016

Droit du travail : désordre à tous les étages



Communiqué de Thierry Rochefort, secrétaire national du MRC au travail et à l'emploi, jeudi 25 février 2016.


Le texte de loi qui va venir en discussion à l’assemblée se donne comme objectif d’assouplir le droit du travail pour sécuriser les employeurs et in fine favoriser l’embauche. Ce texte en réalité repose sur des postulats faux, il est injuste socialement, inefficace sur le plan économique et va générer de nombreux désordres et conflits dans les entreprises. Il passe à côté de ce que pourrait être une grande politique du travail conduite dans un esprit républicain. 

Il n’y pas si longtemps, la décision de licencier était considérée comme un acte suffisamment grave pour faire l’objet d’une demande d’autorisation administrative. Au nom de l’emploi déjà cette autorisation a été supprimée avec le succès que l’on connait. Depuis, les facilités de rupture se sont multipliées et le nombre de ruptures conventionnelles atteint désormais 350 000 par an. Le texte de loi El Khomri veut aller plus loin notamment en simplifiant le recours aux licenciements économiques et en autorisant le licenciement pour motif personnel en cas d’accord d’entreprise sur la compétitivité de l’entreprise. Au nom de l’emploi, on facilite les ruptures, alimentant ainsi la préférence française pour le chômage, alors que les allemands que l’on cite si souvent en exemple, font tout, en cas de crise, pour garder le personnel en utilisant massivement le recours négocié au chômage partiel. La base du raisonnement rarement explicité, mais dans toutes les têtes mal faites des élites actuelles est le suivant : le monde change, tout bouge si vite alors tout doit être flexible, agile, précaire.  Cette antienne permanente ne résiste pas une seconde à l’analyse pour qui connaît un peu le monde du travail et des entreprises. La flexibilité bien réelle des technologies, des produits, des services, des marchés exige une polyvalence accrue des salariés, une montée en compétences, des changements négociés d’organisation qui constituent les seuls leviers pour une performance durable des entreprises. Fragiliser encore plus le lien salarial, c’est affaiblir  les sources de l’engagement dans une économie de plus en plus fondée sur la connaissance et l’implication des personnes au travail. 
 
La philosophie néo-libérale de ce texte n’est plus à démontrer. Outre l’élargissement des motifs de rupture, les dispositions les plus régressives pour le monde du travail s’accumulent. La droite libérale en a rêvé, la gauche post-démocratique le réalise : allongement de la durée du travail, extension du forfait-jours, diminution drastique du niveau de rémunération des heures supplémentaires, plafonnement indécent pour les jeunes notamment des indemnités aux Prud’hommes rendant quasi légal le licenciement abusif, sans cause réelle et sérieuse. A la lecture de ce texte, on peine à croire qu’il a été proposé par un gouvernement de « gauche » tant il affiche un mépris de classe à l’égard du monde du travail. 

Censé relancer le dialogue social par une décentralisation du dialogue social, ce texte va en outre décrédibiliser toutes les formes d’action syndicale et opposer les salariés entre eux. 

Le syndicalisme est instrumentalisé avec la généralisation d’accords d’entreprises régressifs sans régulation possible au niveau de la branche. Lorsque le syndicalisme aura perdu sa force critique et  ne sera plus perçu par les salariés que comme une courroie de transmission de la ligne managériale, les salariés se tourneront vers des formes violentes d’action que l’on condamnera en paroles après les avoir encouragé dans les faits. Par ailleurs, le recours au référendum, dans un contexte de chantage à l’emploi, va créer de profondes divisions entre salariés. A titre d’exemple le référendum au sein de l’entreprise Smart a laissé des traces profondes entre les différentes catégories de personnel, cadres, maîtrise, ouvriers : le dialogue est moins fluide dans l’entreprise, les relations de méfiance se sont installées, la qualité s’est dégradée. 

Ce texte va à rebours de ce qu’il faudrait faire pour mobiliser le monde du travail, au service du redressement productif du pays : étendre la présence d’administrateurs salariés, négocier l’organisation du travail, lutter contre le burn-out, développer une politique de vieillissement actif  permettant le travail des seniors, développer la formation professionnelle, favoriser le chômage partiel plutôt que le licenciement, donner une définition légale du licenciement économique qui pénalise le versement excessif de dividendes et fasse de l’entreprise un bien commun. Le MRC est disponible pour refonder une gauche sociale et républicaine. La campagne de Bastien Faudot permettra de porter ces exigences.



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