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Publié le Jeudi 3 Septembre 2015 par

Face à l’urgence migratoire, la coopération plutôt que les quotas



Par Ladislas Polski, secrétaire national aux relations internationales et européennes, jeudi 3 septembre 2015.


L’Europe fait face depuis le début de l’année 2015 à une crise migratoire qui présente un caractère exceptionnel, par son ampleur et par les drames qui l’accompagnent en mer comme sur terre. Le véritable chaos qui règne désormais dans une partie du Moyen-Orient et les tensions sur le continent africain sont les déclencheurs principaux de ces migrations exceptionnelles. Le flux incessant de bateaux qui accostent sans distinction sur les côtes des pays méditerranéens, le terrible décompte des morts, le grand nombre de migrants provenant de pays touchés par des conflits récents dont l'issue doit nous préoccuper, ne peuvent nous faire appréhender cette question sous le seul angle économique. Nous ne pouvons échapper à notre devoir d’humanité : les maires, les agents publics et les associations qui sont en première ligne doivent être soutenus.

François Hollande vient d’annoncer qu’il formulerait dans les prochains jours avec l’Allemagne une proposition commune de « mécanisme permanent et obligatoire » d’accueil des réfugiés en Europe. La mise en place de quotas privant durablement les Etats de leur liberté d’appréciation en matière d’asile n’est pas la bonne solution, la France la refusait d’ailleurs ce printemps. Les Etats européens doivent être volontaires et solidaires les uns des autres sans ajouter de nouveaux mécanismes automatiques d’attribution de titres relatifs au droit d’asile ou de séjour. La France doit garder sa liberté d’appréciation dans le cadre de la nouvelle législation adoptée cet été et que les députés MRC ont votée.

La situation actuelle doit susciter une réaction européenne commune, basée sur les principes du droit d'asile et appuyée sur un effort financier et logistique commun et défini dans le temps. Celle-ci ne doit pas tendre vers la mise en place de quotas qui seraient susceptibles d'augmenter dans les peuples européens le ressenti d'inégalités de traitement entre pays de l'Union, au moment où ces peuples se voient imposer partout des cures d'austérité. Il faut préférer la coopération inter-gouvernementale à la contrainte et tenir compte au mieux des spécificités de chaque Etat.

La France devrait prendre l'initiative d'une conférence méditerranéenne sur les migrants, rassemblant l'Union européenne et tous les pays méditerranéens, destinée à organiser les conditions financières et logistiques d'un traitement d'urgence d'une crise dont on sait que sa résolution véritable passe par la stabilisation du Moyen-Orient et le codeveloppement entre les rives Nord et Sud de la Méditerranée.

A long terme, la stabilisation régionale au Moyen-Orient et en Afrique est un enjeu majeur. Depuis 2012, la France y fait face à ses responsabilités. Toutefois, l’efficacité tant de notre stratégie contre l’Etat islamique que de notre approche de la guerre civile syrienne mériterait un sérieux examen.

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Ladislas Polski
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