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Publié le Lundi 21 Février 2011 par MRC

Ecologie et développement humain


Mots-clés : écologie

La plupart des médias, pour attirer les lecteurs, les auditeurs ou les téléspectateurs délivre des informations anxiogènes principalement dans le domaine écologique pouvant remettre en cause le développement humain, alors il est extrêmement difficile aux citoyens de se faire un point de vue objectif de la situation.


Nos sociétés sont de plus en plus complexes et nous sommes de ce fait confrontés à de multiples questions. En voici une liste non exhaustive :

• Fallait-il vacciner tout le monde contre la grippe porcine ?
• Les téléphones portables et les antennes pour la téléphonie mobile sont-ils dangereux ?
• Quels sont les dangers et les avantages des OGM ?
• Quelle est la toxicité de la dioxine rejetée par l’incinération des ordures ménagères ?
• L’utilisation des nano particules présente-elle un danger ?
• Faut-il autoriser la création de nouvelles lignées de cellules souches embryonnaires ?
• Les déchets des centrales nucléaires font-ils courir un risque déraisonnable ?
• Y a t-il un réchauffement climatique et l’homme en est-il responsable ?
• Les accélérateurs de particules peuvent-ils provoquer un « avalement » de toute la terre par un trou noir créé par une collision de haute énergie ?

Des mouvements économiques, médiatiques ou politiques peuvent parfois donner des réponses en fonction de leurs propres intérêts. Pour cela il suffit de se souvenir de quelques faits : l’industrie du tabac a financé de nombreuses « pseudos études » niant ses effets toxiques, la mémoire de l’eau, un chercheur prétendait observer des réactions même lorsque la solution étudiée ne contenait plus que de l’eau. Cette thèse qui remettait en cause toutes les sciences physiques, chimiques, biologiques… avait reçu le soutien financier de « laboratoires » homéopathiques.

Il ne faut pas attendre des informations fiables sur les effets du round-up ou la vérité sur de possibles économies de pesticides que l’on peut attendre, ni même sur les OGM de la part de Monsanto. Par ailleurs l’entreprise sert de prétexte de la part des opposants systématiques, pour éluder toute interrogation sur les OGM. Cette firme est un moyen très commode pour justifier le fait d’arracher les champs expérimentaux de l’INRA pourtant destinés précisément à examiner s’il y a ou s’il n’y a pas de problèmes.

Oubliant le siècle des lumières, le pays de Pasteur est souvent celui qui est l’un des plus enclins à se méfier des résultats scientifiques. Est-il possible que la cause soit le fait que nous sommes le seul pays au monde à avoir inscrit le principe de précaution dans notre constitution ?

Tout le monde s’accorde pour dire que les insecticides et les pesticides sont dangereux pour la santé. Mais c’est la dose qui fait le poison. Utilisés en faible dose ils éliminent les insectes et les maladies des végétaux leur permettant une meilleure croissance sans pour autant présenter de danger pour l’Homme.

Le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) était le premier insecticide moderne, développé au début de la Seconde Guerre mondiale. Il fut utilisé avec beaucoup de succès dans la lutte contre les moustiques transmettant le paludisme, le typhus, ainsi que d'autres insectes vecteurs de maladies et également comme insecticide agricole. En 1948, le chimiste suisse Paul Hermann Müller, reçut le prix Nobel de médecine pour sa découverte de la grande efficacité du DDT en tant que poison contre divers arthropodes. Le DDT fut fréquemment utilisé jusqu’en 1960 où l’on découvre à Long Island que celui-ci (utilisé pour se protéger de la malaria) fragiliserait les coquilles des œufs de faucons sauvages. Il y a un procès au USA et le DDT est interdit au Etats-Unis d’abord, puis sur l’ensemble de la planète. La malaria refait sa réapparition et 700 millions de personnes sont actuellement atteintes, faisant de l’ordre de 1 à 3 millions de morts par an dans les pays du sud (comparables à celles due au SIDA). Depuis l’an 2000, l’utilisation du DDT est à nouveau possible sous certaines conditions (application le long des murs) : six mois plus tard, le nombre d’infections avait chuté de moitié. Cet exemple montre que le choix a été fait pendant plusieurs années de sauver le faucon sauvage de Long Island contre la mort de plusieurs millions d’habitants des pays du Sud.

Enfin traditionnellement les partis de « gauche » étaient plus portés vers la science que les partis de « droite » plus conservateurs, jusqu’à ce que les mouvements écologistes soient venus faire l’union avec la « gauche ». Cela a entrainé une grande partie la « gauche » vers une attitude antiscience. Le mouvement écologiste qui souhaite une meilleure gestion de la planète devrait s’appuyer sur les sciences pour améliorer cette gestion.

Les progrès technologiques ont été très souvent plus protecteurs de l’écosystème que destructeurs de celui-ci. Deux exemples :

• Le passage de paléolithique au néolithique a permis à l’humanité de s’affranchir de contraintes environnementales en diminuant les périodes de disette et a conduit l’humanité à une véritable explosion démographique. Le passage du cueilleur chasseur à celui du cultivateur éleveur a favorisé la sédentarisation. Elle a également permis le développement des rapports humains et l’accumulation et la transmission des connaissances acquises, développant ainsi les premières civilisations.
• Plus récemment, le développement des nanotechnologies dans l’électronique a permis à la plupart d’entre nous de posséder dans sa poche un ordinateur qui, de plus, lui permet de téléphoner. Cet ordinateur est environ un million de fois plus puissant que son ancêtre des années 1970, un million de fois moins consommateur d’énergie et possède un nombre d’applications beaucoup plus grand. Faire la même chose voire plus avec moins de matériaux est une avancée écologique bénéfique à l’humain.

Toutefois des problèmes demeurent :

Avec 9 milliards d’habitants prévus vers 2050, la diminution des ressources énergétiques fossiles, le réchauffement climatique et la raréfaction annoncée de matériaux indispensables aux technologies modernes, le questionnement sur la biodiversité, les questions écologiques sont au cœur des politiques publiques actuelles.

L’humanité va devoir faire face au changement climatique : en limiter l’impact humain nécessite un plan d'action développé sans démagogie et sans catastrophisme. Il faut développer des systèmes de productions d’énergies décarbonées et cela sans exclusive en prenant toutefois en compte les éléments économiques. La France devrait développer un pôle énergétique public ou au moins très majoritairement contrôlé par le public.

Le 21ème siècle verra la raréfaction des ressources gazières et pétrolières. Il faut anticiper la pénurie à venir, développer les économies d’énergie et les énergies alternatives aux énergies fossiles. Il faut donc réorienter la consommation énergétique vers l’électricité en particulier quand elle est, comme en France, produite à 90 % sans gaz à effet de serre. L’isolation et le chauffage des habitations par pompe à chaleur, la voiture électrique doivent être développés. Pour le nucléaire, la France doit poursuivre son effort et en particulier contribuer au développement du nucléaire de 4ème génération afin de s’affranchir des ressources d’uranium et bénéficier de réserves énergétiques pour plusieurs milliers d’années. La question des déchets nucléaires qui inquiète très justement les Français doit également être prise au sérieux. La 4ème génération de réacteurs nucléaires produisant environ 10 fois moins de déchets et brulant une grande partie de ceux produits par la génération précédente sera un moyen efficace pour une meilleure gestion de ces déchets.

L’année de la biodiversité qui vient de se terminer fait craindre une disparition plus importante des espèces que lors les périodes précédentes. Cette diminution de la biodiversité présente de grands risques pour l’humanité, car la grande majorité des molécules contenues dans nos médicaments sont obtenues par synthèse de molécules d’origine biologique. Elles représentent un stock d’une importance primordiale pour l’Homme. Nous devons tout faire pour maintenir ce stock.

Les océans sont également un milieu important pour les écosystèmes. La pêche industrielle met certaines espèces de poissons en danger. Les norvégiens Axel Boeck et Ossian Sars ont, dès 1850, calculé à partir des prises de morues des pêcheries arctiques des îles Lofoten que les stocks étaient modulés par une variation naturelle cyclique, mais aussi par une surpêche conduisant périodiquement à l’effondrement de la pêcherie et à l'épuisement de la ressource au-delà d'un seuil ne permettant plus à l'espèce de se reproduire. Le biologiste anglais Michael Graham a noté que certains stocks de poissons (plies en l'occurrence) se sont reconstitués après qu'on eut diminué la pression de pêche durant la Première Guerre mondiale. Ceci a laissé penser qu'en diminuant la pression de pêche, le stock se reconstituerait rapidement, mais, plus tard, il a été montré que l'écosystème pouvait être durablement affecté par la régression massive d'une espèce et que, parfois, cesser la pêche d'une espèce ne suffisait pas à lui permettre de reconstituer sa population antérieure. En mer du Nord, le stock de morue serait en train de lentement se reconstituer depuis que sa pêche est fortement limitée. Toutefois une étude du centre de recherche de Kiel, publiée en 2010, a néanmoins montré qu'avec les plafonds actuels fixés par la politique commune de la pêche, l'objectif européen de reconstitution des ressources halieutiques ne pourra être atteint avant 2030, et que pour 12 espèces, dont la morue, le carrelet et le flétan, le niveau des stocks est tellement faible que même l'arrêt total et immédiat de la pêche pour ces poissons ne permettra pas leur reconstitution d'ici 2015. Dans ce domaine comme dans de nombreux autres le libéralisme sans contrainte produit des dégâts qui peuvent devenir irréversibles.

La méthode, utilisée sous l’impulsion du député Christian Bataille, peut être considérée comme exemplaire et devrait servir de modèle. En décembre 1991, les députés ont voté une loi sur les déchets nucléaires. Différentes solutions sont envisagées : le stockage en surface, qui consiste à attendre après avoir correctement conditionné les déchets , l’enfouissement profond, à condition que le confinement des déchets soit assuré, ou la transmutation des déchets par réaction nucléaire. Les députés ont voté une loi qui exige des organismes publics (CEA, CNRS, ANDRA) de travailler sur ces trois axes de recherche et rendez-vous leur est donné 15 années plus tard. Voici l’exemple qu’il faut suivre du bon rapport entre élus et scientifiques. Les élus qui doivent prendre des décisions difficiles interrogent alors les scientifiques, leur demandent de travailler sur des domaines qui paraissent encore trop mal connus. Cet exemple d’interaction entre le monde scientifique et le monde politique aurait pu être suivi dans de nombreux cas.

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