Dimanche 6 Septembre 2015

Changer d'Europe, changer de France



Intervention de Martine SOUVIGNET, secrétaire nationale du MRC, à la table ronde de l'université d'été du Parti Communiste.


L’Union européenne s’est construite sur un triple déni 
 

  Déni de démocratie, déni de prospérité et déni de souveraineté : référendum de 2005, le NON à la Constitution européenne majoritaire en France, en Irlande, aux Pays Bas…

  C'est l’Europe du chômage et de la désindustrialisation, alors qu’en 1992 on nous promettait 4 millions d’emplois en plus… -

  L’écrasement du « printemps grec » pourtant issu du vote du peuple grec !

  Cette Europe libérale a été imposée aux peuples par des institutions technocratiques alors que les parlements nationaux perdaient des pans entiers de leur souveraineté législative, budgétaire et donc populaire…

  Il faut rappeler que depuis la ratification du TSCG en 2012, le budget de la nation est examiné à Bruxelles avant de l’être au Parlement français…

 

 

Changer d’Europe pour changer de politique en France

 

  Le MRC depuis une quinzaine d’années a travaillé, tambouriné sur cette nécessaire approche politique globale…  « Pourquoi parlez vous toujours de l’Europe ? » me disait-on… On commence à réaliser que la perte de souveraineté budgétaire impacte tous les choix internes…

  Le fameux critère des 3% du PIB comme limite au déficit, cela signifie amoindrissement de la politique sociale, diminution des dotations aux collectivités, alors même que la paupérisation de certaines populations s’est aggravée et que l’on aurait besoin que les collectivités relancent leurs investissements pour relancer la croissance.

  Pour sortir d’un tel cercle vicieux, il faut donc bien changer d’abord l’Europe pour changer en France…

 

 

Changer l’Europe pour «  sortir la France de l’ornière » écrivions nous avant même que la crise financière et économique de 2008/2009 n’ait donné toute sa mesure.

  Car l’austérité est partout en Europe, si l’on excepte l’Allemagne qui a imposé ses orientations politiques et économiques à travers les institutions européennes.

  L’Allemagne est redevenue une puissance économique via l’Euro-groupe, cette instance pas très bien définie, sans aucune légitimité politique et dont le leadership est maintenant incarné par le ministre allemand des finances Wolfgang Schauble. Celui qui vient de dire à nos amis grecs : « si à chaque élection, les règles changeaient, l’euro-zone ne pourrait pas fonctionner. ».

  J’étais à Frangy dimanche dernier et j’ai entendu le récit de Varoufakis des séances humiliantes de l’euro-groupe sous la férule de la droite allemande… et le silence de M.Sapin traduisant l’impuissance de la France sur laquelle nos amis grecs comptaient pour les appuyer.

  « L’Europe, maison commune est devenue cage de fer partagée… »

  Oui, il faut changer d’Europe, car l’approfondissement de l’Union Européenne par la monnaie unique ne conduit qu’à un renforcement des divergences : les pays de la zone Euro et à fortiori de l’Union n’ont pas les mêmes droits sociaux ni le même niveau d’industrialisation ; l’écart des salaires est patent ; la démographie est très variable et conditionne des besoins économiques différents. Le carcan de la monnaie unique n’a rien réglé.

  La zone euro est la seule région dans le monde qui ne connaît pas de reprise de la croissance.

  Pour le MRC, changer d’Europe c’est d’abord faire entendre haut et fort la parole de la France face à madame Merkel pour réviser le TSCG (promesse du discours du Bourget) la France, 5è puissance mondiale, 66 millions d'habitants

  La parole de la France que François Hollande aurait du faire entendre dès 2012, fort de son élection ! Mais la ratification du TSCG sans renégociation aucune a été le premier renoncement de la gauche gouvernementale, car il commande tous les choix économiques et sociaux du gouvernement depuis 2012…

  Car changer d’Europe, c’est oser un tête à tête politique avec l’Allemagne et ne pas se noyer dans des synthèses technocratiques à court-terme.

  Car l’Europe c’est aussi une affaire de rapports de force.

  C’est ne pas accepter l’éloignement de la Russie -quels que soient les défauts de son gouvernant actuel, Poutine- de l’Europe, et ne pas accepter de rentrer encore un peu plus dans la logique américaine, la logique de l’OTAN.

  C’est refuser cette Union Européenne post-démocratique qui donne une voix à chaque pays -la Lituanie, compte trois millions d’habitants-, cette Union Européenne qui écrase le printemps grec sous des exigences budgétaires, fiscales et administratives qui bafouent l’honneur du peuple grec et de ses représentants élus.

  Nous savons tous ici que les peuples ont une histoire, et la tradition de résistance du peuple grec est forte contre l’occupation de l'Allemagne nazie et contre la dictature des colonels. L’humiliation des peuples ne reste jamais sans réponse.

  Mais il y a de bonnes réponses et de moins bonnes… Le populisme et les extrêmes droites qui se renforcent partout en Europe nous le font comprendre chaque jour.

  Il y a donc urgence à changer l’Europe pour faire renaître une gauche républicaine, capable de porter les intérêts du peuple français avant qu’il ne se laisse majoritairement emporter par le discours du FN, car le FN se nourrit des renoncements de la gauche et de ses échecs !

  C’est pourquoi, sans prôner en rien un repli nationaliste identitaire, nous pensons qu’il faut maintenir, au sein de l’Union Européenne, l’existence des États-nations et de leur cadre législatif et réglementaire seul à même de faire face aux situations de crise que nous connaissons : pauvreté, migrations, déréglementation libérale de secteurs entiers de l’économie…

  En cela les députés du MRC ont voté contre la mise en place de grandes régions, voire euro-régions, qui affaiblissent les capacités d’intervention d’un État régulateur, protecteur, stratège, seul garant de l’intérêt général et de l’égalité des citoyens sur le territoire.

  Une France forte qui assume son intérêt national, forte de la légitimité populaire, peut parler franc et fort à l’Allemagne et la contrarier dans son penchant hégémonique. C’est ce qu’ont attendu en vain nos amis grecs de la part de la France.

 


Changer d’Europe, c’est changer les traités


  
  
Sortir du dogme de l’euro, 
car des alternatives sont possibles, et nul traité n’est éternel contre la volonté des peuples ;

  Les traités peuvent être modifiés par les pays de l’Union Européenne qui le souhaitent : ceux-là redéfiniraient ainsi un nouveau périmètre de l’UE.

 Une Europe remise sur ses pieds, ce serait une union intergouvernementale, des décisions prises à l’unanimité du Conseil, la réduction de la commission à un organe d’exécution, un parlement européen, émanation des parlements nationaux, la suppression de la cour de justice européenne (qui crée une jurisprudence supranationale) remplacée par un tribunal arbitral des conflits entre les Etats.

  Il conviendrait aussi de réviser les statuts de la BCE en fonction des objectifs économiques de la nouvelle Union Européenne.

 

 

Changer d’Europe pour changer de politique en France

 

  Pour le MRC, c’est envisager une sortie programmée de l’Euro monnaie unique, afin que les États-nations retrouvent leur souveraineté monétaire et budgétaire et puissent prendre en compte l’expression de la souveraineté populaire par le vote .

  Ainsi, nous pourrons ramener Le Citoyen au Politique alors qu’il se détourne depuis 2005 du suffrage universel non respecté ! Tout se tient !

  Sortir de la monnaie unique, c’est permettre que chaque État retrouve une monnaie correspondant à l’économie du pays pour ses échanges internes -l’euro drachme, l’euro franc-. Les parités seraient à redéfinir bien entendu. La politique de change serait confiée à la BCE. Mais chaque pays retrouverait sa souveraineté en matière de politique monétaire portant sur les taux d’intérêts et de sa masse monétaire. Chaque gouvernement retrouverait une capacité d’exercer des choix économiques.

  La sortie de la monnaie unique ne va pas sans l’instauration d’une monnaie commune pour les échanges extérieurs à l’Union Européenne, monnaie commune dont la valeur serait calculée sous la forme d’un système monétaire européen, panier des monnaies européennes alignées sur la valeur réelle des économies.

  Car il n’est pas possible de proposer une alternative à l’austérité sans remettre en cause la monnaie unique ! Au MRC, nous le proclamons depuis quelques années… et ce qui vient de se passer en Grèce en est hélas la preuve douloureuse. L’opinion publique commence à mûrir sur cette question…

  Cela peut sembler complexe mais il faut se mettre au travail pour sortir du dogme de la monnaie unique, pour construire une autre Europe respectueuse des nations et du vote des peuples !

  Un groupe de travail du MRC a travaillé à la révision des traités, c’est possible !

  Il est urgent d’anticiper et de reconstruire une autre Europe qui nous sorte du carcan libéral et post démocratique qui étouffe les nations et les peuples…Et nous travaillerons ainsi à la reprise en main de l’avenir de la France par son peuple : ainsi nous relèverons la Gauche avec la France , une gauche républicaine, sociale, attachée à la souveraineté de la France !

 

Martine Souvignet.

Secrétaire nationale du MRC, déléguée à la citoyenneté, l’égalité et la laïcité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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