Jeudi 24 Janvier 2013

Discours de Mehdi Yalaoui lors du congrès MRC 2012




Mes Chers camarades,
 
Comme le souligne à juste titre notre motion d'orientation, la Santé et la protection sociale sont des sujets qui ne font pas encore partis des identifiants du MRC. Notre volonté est d'en faire un champ d'intervention plus important car l'égalité d'accès aux soins pour l'ensemble de nos concitoyens est une nécessité républicaine.
Notre secrétaire national à la Santé, Ladislas Polski, est engagé quotidiennement dans cette voie par son mandat de conseiller régional délégué aux maisons de Santé en PACA. Je salue son action.
 
 

Étudiant en médecine et résidant en Picardie, région sous dotée en offre de soin, je me sens doublement concerné. L'actualité médiatique est venue nous rappeler la problématique des dépassements d'honoraires mais aussi celle des déserts médicaux consécutifs à l'inégale répartition des professionnels de santé sur l'ensemble du Pays et à la démographie médicale.
En 2012, 15% de la population adulte déclare avoir renoncé à des soins médicaux pour des raisons financières. La crise économique que nous traversons, les déremboursements et autres franchises médicales mis en place par le précédent gouvernement prennent, bien entendu, leur part dans cette situation. Dans ce contexte, la défense aveugle des dépassements d'honoraire par le collectif hétéroclite des « médecins pigeons » apparaît comme une hérésie libérale et renvoie une image corporatiste du syndicalisme médical.
Les inégalités d'accès aux soins auxquelles sont confrontés nos concitoyens sont aussi géographiques. Avec 239 médecins pour 100 000 habitants (contre 315 pour la moyenne nationale) la Picardie est la région la plus sous-médicalisée de France. Ce qui est aujourd'hui une question d'égalité entre les territoires peut devenir un véritable problème de santé publique si des mesures ne sont pas prises.
 
 
Favoriser la création de Maison de Santé
 
La loi de 1958, a fondé l'hôpital universitaire moderne et a permis à la médecine française d'atteindre un niveau d'excellence reconnu sur le plan international. Toutefois, l'exercice libéral s'est trouvé marginalisé et coupé des étudiants en médecine. Le CHU devenant un modèle unique conduisant les jeunes générations de diplômé à délaisser la médecine générale.
Partant de ce constat, un collectif de 24 médecins généralistes (dit des « médecins blogueurs »)  a avancé un certain nombre de proposition pour lutter contre la désertification médicale.
Ils suggèrent ainsi la construction par les collectivités territoriales ou les ARS de 1000 « Maisons Universitaires de Santé « (« MUst ») qui répondraient à la triple mission de soin, de recherche et d'enseignement dans le cadre d'une médecine ambulatoire. Pour attirer les médecins dans ces structures, une rémunération spécifique fondée sur une part salariée majoritaire et une part proportionnelle à l'activité est proposée.
Les MUSt sont une déclinaison universitaire des Maisons régionales de Santé. Ce mode d'installation a la faveur des jeunes médecins qui préfèrent travailler en groupe plutôt que d'être isolé et parfois saturés par une demande à laquelle ils ne peuvent pas répondre.
Mes chers camarades, il ne faut pas se méprendre. Toutes ces mesures ne sont pas faites pour concurrencer l'Hôpital Public, « synthèse républicaine de l'égalité d'accès aux soins et de l'excellence médicale ». Elles sont complémentaires et assurent indirectement sa pérennité.
 

Réformer le cursus des Etudes médicales
 
Plus en amont, c'est l'organisation des études médicales qu'il faut revoir, en mettant en place des stages obligatoires chez les médecins généralistes. Cette mesure figure dans le plan contre les déserts médicaux présenté par la ministre des Affaires sociales, mais des efforts restent à faire. Prenons l'exemple de la faculté de médecine d'Amiens. Sur la liste des médecins généralistes volontaires pour la formation des étudiants, aucun n'est installé dans l'agglomération creilloise qui constitue pourtant un bassin de population de 70 000 habitants, et qui est le lieu d'origine de nombreux étudiants, souvent issus des classes populaires.
 
 
Concernant la liberté d’installation
 
Les déserts médicaux sont aussi des déserts tout court. La fermeture des services publics étant venue s’ajouter à la disparition du tissu industriel et de nombreuses exploitations agricoles. Plutôt que des mesures obligeant à titre individuel les jeunes médecins à s’installer en zone sous-dotées, préférons des mesures d’aménagement du territoire. Celles-ci définiraient des zones où les médecins peuvent s’installer et d'autres où ils ne le peuvent pas. Mais l’effort pour le service public de Santé doit être partagé entre les générations. Allons jusqu’au bout de notre logique en demandant aux médecins libéraux installés en secteur II d’assurer des vacations dans les zones sous-dotées.
Les mesures d’incitation financière, les délégations de compétences pour combler le manque de spécialistes et le développement de la télémédecine proposées cette semaine par Marisol Tourraine vont dans la bonne direction et ont le mérite d’afficher une volonté sur la question. Mais elles ne seront pas suffisantes pour régler le problème.
 

Vers une évolution du mode de rémunération
 
Dans le système actuel, la seule solution pour freiner les dépassements d’honoraires tout en garantissant au médecin un revenu égal, serait de revaloriser les tarifs de la sécurité sociale. Mais la période de crise que nous traversons rend cette option caduque et inégalitaire. Cette situation nous montre, à plus large échelle, que la préservation de notre système de santé passe par une politique de croissance et de protection de notre économie.
La rémunération à l’acte a pour principal défaut d’être un système inflationniste, poussant à la prescription. Pourquoi ne pas la faire évoluer vers un système mixte, comprenant une part de rémunération à la capitation couplée à une part réduite de tarification à l’acte ? C’est une piste qu’il conviendrait d’explorer.
 
La défense de l'égalité d'accès au soin, pilier de notre modèle républicain, ne passera que par des politiques volontaristes et innovantes. Un compromis historique est possible. Le MRC a pour vocation de porter ce projet.


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