Mercredi 3 Avril 2013

François Hollande : un entretien impeccable




L’intervention était extrêmement attendue, Pujadas avait revêtu la plus belle cravate de sa garde-robe, le décor gigantesque inspirait la solennité et le calme du moment à l’esprit impatient et tourmenté du téléspectateur. Pendant une heure et quart, le président a exposé l’angle sous lequel il comptait s’attaquer aux problèmes cruciaux d’une nation en proie au doute. Pendant soixante-quinze minutes, il a montré le « cap » qu’il tenait à ceux qui doutaient qu’il en eût un. Rendez-vous manqué pour certains, jusqu’ici tout va mal titrent d’autres… Il n’en est rien.

Le reproche le plus récurrent fait à sa politique est donc cette fameuse « absence de cap ». Que n’a-t-on entendu de la part de responsables de partis, tous plus mesurés les uns que les autres à ce sujet. Où va-t-on ? Et puis, qui sommes-nous, d’où venons-nous, c’est quand le bonheur ? Il doit avoir réponse à tout, tout de suite, c’est le président ! Un évènement ? Une loi ! Un fait divers ? Un décret. Ce sont les mêmes qui décriaient jadis les nerfs à vif d’un ancien chef d’Etat, qui se plaignent aujourd’hui d’un supposé manque de décision. Celles-ci ont pourtant été prises, notamment à travers la reprise du rapport Gallois. La ligne a été fixée, les moyens mis en œuvre, comment peut-on réussir un plat mijoté si l’on ne peut souffrir le feu doux ? L’urgence qu’il y a à redresser le pays demandait l’urgence de décisions ; et non l’urgence à en changer une fois prises. On peut par ailleurs remarquer que les mêmes qui montrent une grande impatience vis-à-vis du président, demandent en revanche d’attendre deux générations pour observer les effets d’un certain mariage. S’il est concevable de s’ériger contre cette dernière mesure, il l’est moins d’adopter honteusement un double discours.

Vint alors un autre thème particulièrement prégnant dans les craintes des Français : l’Europe. Attachés à la souveraineté nationale, les républicains que nous sommes ont inévitablement un réflexe bien naturel de défiance vis-à-vis de ces non-élus bruxellois qui régissent l’Europe d’un commerce libéralement libre. François Hollande, en réaffirmant son refus absolu de voir une politique d’austérité s’installer partout et par là-même, en montrant son désaccord avec l’orientation souhaitée par madame Merkel ; ne peut recueillir que notre approbation. Certes, il conviendra certainement d’amplifier le processus de réindustrialisation de la France et donc de protéger au mieux nos entreprises. A ce titre, l’augmentation de TVA voulue par le président est un choix pertinent et un bon début.

Enfin, tant sur le budget préservé de la défense que sur une répartition plus équilibrée des allocations familiales, tant sur les aides aux entreprises que leur contribution à l’effort national et même jusqu’à la simplification des procédures administratives, qui peut encore prétendre qu’il n’y a pas eu de nouvelles mesures annoncées hier soir ? Ceux qui attendaient de grands bouleversements inconsidérés, ceux qui préfèrent voir le train qui déraille que de lire qu’il est arrivé à l’heure, ceux enfin qui ne jugent d’un évènement qu’à l’aulne des étincelles qu’il produit ; en sont pour leurs frais : ils ont vu hier un président posé, mesuré et déterminé dont les yeux sont portés beaucoup plus loin que ce bout de nez qui aveugle ces esprits chagrins… et il n’y a rien de plus normal.


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