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Publié le Dimanche 24 Mars 2013 par

Non: la France n'est pas en faillite


Mots-clés : dette publique, euro, économie

Tribune de Bruno Moschetto, Secrétaire national aux questions économiques, parue sur Le Monde.fr


Non: la France n'est pas en faillite
Non: la France n'est pas en faillite... Le prétendre est en fait une contrevérité économique et financière. La France n'est pas et ne sera pas en faillite, car pour entrer dans ce cas de figure il faut être en état de cessation de paiement.

Et un Etat ne peut l'être, dans sa propre monnaie, vis-à-vis des non résidents et vis-à-vis de ses résidents puisque ces derniers seraient invités à répondre de sa dette par une majoration immédiate de ses ressources fiscales.

En effet, à l'abstraction qu'est le concept d'Etat correspond la réalité que sont les citoyens. Ce sont eux qui sont les garants des engagements de l'Etat.

En dernière analyse : " l'Etat c'est nous ". Pour être en état de cessation de paiement vis-à-vis des non résidents, il faudrait qu'un Etat soit endetté dans des monnaies qui, ne soient pas la sienne et ne puisse faire face avec ses avoirs disponibles en devises aux exigibilités en devises.


LE CAS DU MEXIQUE


C'est le cas de ceux qui vivent au-dessus leur moyens c'est-à-dire ceux qui consomment plus qu'ils ne produisent et par là dégagent un besoin de financement qui ne peut être comblé que par une épargne extérieure : ceux des pays qui vivent au dessous de leurs moyens c'est-à-dire ceux qui produisent plus qu'ils ne consomment et par là dégagent une capacité de financement. Ce qui était le cas du Mexique et des ses pareils au milieu des années 1980.

Ils étaient endettés dans une monnaie qui n'était pas la leur : le dollar. Monnaie qu'ils ne pouvaient normalement obtenir que par un accroissement de leurs exportations alors que le prix des hydrocarbures étaient en chute libre d'une part et que, d'autre part, les taux des dettes libellées en dollars avaient doublé du fait de la politique anti inflationniste de Paul Volker.

D'où leur passage respectif devant le Club de Paris : ce tribunal du traitement des surendettements internationaux des Etats en difficulté. La France ne risque pas de passer devant le Club de Paris, que préside notre Ministre de l'économie et des finances par son directeur du Trésor interposé puisqu'elle produit plus qu'elle ne consomme et développe ainsi une capacité de financement nécessairement placée ou prêtée à l'extérieur.

Si la France , compte tenu de son taux d'endettement , à savoir le ratio de sa dette sur le produit intérieur brut (PIB), dénoncé comme élevé signifie qu'elle serait dans une phase préalable de la faillite dite " période suspecte ". Ses partenaires européens le seraient aussi.

MONTÉE GÉNÉRALISÉE DE LA DETTE DES ETATS EUROPÉENS

En effet, le rapport de la dette (un stock) par rapport à la production (des flux) s'élève pour ce qui nous concerne à un peu plus de 85%, alors que l'Allemagne se situe à un peu moins de 85% et que la moyenne pour les pays membres de la zone gravite autour de ce chiffre de 85% contre 70% il y a cinq ans.

Rappelons à cet égard que celui des Etats Unis se situe au dessus de 100% et celui du Japon est supérieur à 200% ! Cette montée généralisée de la dette des Etats européens correspond à l'adoption par eux du dogme de la monnaie forte depuis un quart de siècle. Mais ce dogme coûte cher aux Etats puisque leur dette n'est plus effacée par une " main invisible " dénommée érosion monétaire ou inflation, c'est-à-dire un impôt sur la monnaie selon la lumineuse formule d'Alfred Sauvy.

N'oublions pas qu'en 1981 avec Valéry Giscard d'Estaing à l'Elysée et Raymond Barre à Matignon, le taux d'inflation se situait à 15% l'an. D'où un effacement de 15% sur un stock de dettes équivalent à 200 milliards d'euros et permettrait de développer un déficit de 30milliards d'euros sans incidence aucune sur le niveau de ladite dette .

Ce prélèvement obligatoire que constitue l'inflation n'est plus véritablement au rendez-vous depuis 1985 et – élément fondamental – n'a été remplacé par aucun autre puisque le taux des prélèvements obligatoires n'a pratiquement pas varié depuis un quart de siècle puis qu'il gravite toujours autour de 45% de la production intérieure brute.

En définitive nos gouvernants disposent de tous les moyens financiers et politiques, par le biais de la levée de l'impôt, pour faire face à nos échéances en euros. Et d'ailleurs nos prêteurs nous renouvellent régulièrement leur confiance et à des taux qui n'ont jamais été aussi bas.


Source : LeMonde.fr

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Bruno Moschetto
Secrétaire National aux questions économiques. En savoir plus sur cet auteur



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