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I Publié le Lundi 5 Septembre 2011

Mots-clés : europe

Tribune de Marie-Françoise Bechtel, vice-présidente du MRC, parue sur Marianne2.fr le 1er septembre 2011.


Europe : le fédéralisme, un plan B illusoire
Crise de l’euro aidant, l’été se montre propice à une véritable fièvre de l’intégration européenne .Il ne se passe plus de jour qu’économistes, politiques, essayistes, journalistes n’en appellent au « fédéralisme » aujourd’hui devenu « budgétaire ». Ni le peu d’envie de l’Allemagne dont la réussite historique lui permet de se passer de l’Europe de Jean Monnet, ni la faible appétence des peuples pour les institutions de Bruxelles n’y font rien. Hors du « fédéralisme budgétaire », hors du « plus d’Europe » - Europe intégrée s’entend - il n’est point de salut.

Qu’exprime au juste ce retour quasi obsessionnel vers l’intégration à la mode de la fin du siècle dernier , fondée sur l’idée que l’Europe sera fédérale ou ne sera pas ? Est-ce le fait du malade qui continue d’accorder sa confiance à une médecine dont il espère qu’elle finira par faire ses preuves ? L’entêtement historique d’un européisme doctrinal, identitaire, qui se saisit de la crise pour essayer de reprendre le pouvoir sur une conscience populaire dévoyée? Faut-il y voir une certaine paresse de l’esprit à inventer des solutions nouvelles, à s’adapter au réel ? Ou tout simplement le « fédéralisme budgétaire » n’a-t-il pas pour principal mérite de donner à penser que « plus d’Europe » c’est d’abord plus de discipline libérale ? Signe des temps, le respect du pacte de stabilité de 1998, que les institutions bruxelloises n’ont pu réaliser, ce sera aux Etats de l’assumer et ils devront le faire par une entente hors traité qui mettrait en place les moyens de la discipline budgétaire. Intégration, donc, mais pour un objectif approuvé par l’Allemagne. Les résultats de la rencontre du président français et de la chancelière allemande du mois d’août le confirment d’ailleurs : même si le terme de « gouvernement économique » envoie un signal positif, son absence de contenu saute aux yeux.

Tout cela au fond ressemble à s’y méprendre à un plan B. Là où les traités européens ont échoué, on inventerait des solutions par accord entre quelques pays membres. Mais ce plan B ne serait possible que s’il a pour visée exclusive la discipline financière ce qui ne saurait se faire que par la voie de l’intégration, autrement dit d’un pouvoir de contrainte supranational.

Seraient donc a priori disqualifiée toute visée nouvelle qui passerait par le redressement économique de l’Europe, en vue même d’assurer l’équilibre futur des finances des pays de la zone euro . En d’autres termes , un plan B qui créerait enfin un gouvernement économique de la zone euro s’appuyant sur une BCE aux pouvoirs rénovés, tenue par un impératif de croissance et non de pure stabilité serait impossible en raison de son contenu même. Aucune volonté de cette nature, serait-celle de l’« Europe politique » parfois invoquée par le président de la République ne se discerne en effet aujourd’hui.

Quant à la méthode, celle de la coopération interétatique, on comprend que dans la vision fédéraliste, c’est un mal nécessaire et que le recours ne s’en justifie que par la fin : davantage de discipline, davantage d’intégration. Toute autre fin serait condamnable. Ne lit-on pas ainsi sous la plume d’une députée européenne (Sylvie Goulard, Le Monde du 12 août) la docte considération selon laquelle la coopération entre Etats ne serait pas démocratique car leurs gouvernements ne disposeraient pas d’un mandat touchant les questions européennes ?.En somme, un gouvernement démocratiquement élu ne pourrait engager à quoi que ce soit un peuple dont il procède, mais ce même gouvernement pourrait remettre ses pouvoirs à une instance « intégrée » que ces mêmes peuples n’auraient aucun moyen de contrôler…

La vraie question est au fond de savoir si le fédéralisme européen a encore un sens au 21ème siècle. C’est affaire de forme et c’est affaire de contenu. La forme juridique de l’Europe ne peut aller plus vite que l’histoire. Il est donc parfaitement vain de vouloir une Europe fédérale tant que n’existera pas un peuple européen, peuple qui fait aujourd’hui défaut comme l’ont constaté chacun à sa manière la Cour constitutionnelle de Karlsruhe et le Conseil constitutionnel français. Quant au contenu, une Europe qui renoncerait à un minimum de politiques économiques communes - et, d’abord, compatibles - qui déciderait de condamner ses peuples à l’austérité, à la remorque d’une Allemagne qui ne voit pas à plus de dix ans : si tel est le visage au 21ème siècle d’une intégration qui semble garder pour nos élites tant d’accents enchanteurs, craignons ce que sera l’ « avenir d’une illusion ».

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Source : Marianne2

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I Publié le Lundi 5 Septembre 2011

Mots-clés : culture

Tribune d'Olivier Amiel, délégué national du Mouvement Républicain et Citoyen à la culture, parue sur le site du quotidien Les Echos, le 1er septembre 2011


Pour une politique culturelle ambitieuse, mais non ruineuse
Certes, les vœux restés pieux de Nicolas Sarkozy en matière de démocratisation de la culture et de développement des industries culturelles nationales rendent nécessaire un changement de cap en 2012. De plus, il existe bien des précédents bénéfiques de hausses spectaculaires des finances gouvernementales allouées à la culture : le travail initiatique d’André Malraux en 1959, et le doublement du budget sous Jack Lang en 1981.

Cependant, la fragilité actuelle des finances publiques françaises dans un contexte européen et mondial extrêmement difficile, appelle à plus de prudence et d’ingéniosité afin de proposer une politique culturelle ambitieuse, mais non ruineuse.

Il est tout d’abord nécessaire de permettre un réel accès à la culture pour tous. Le « relativisme culturel », cette assimilation de trop nombreuses formes de loisirs et de divertissements à de l'Art tend à discréditer l'ensemble, et surtout à cloisonner les publics : on laisse les publics traditionnels profiter des expressions artistiques plus classiques… De ce fait, la question de la gratuité des musées et des tarifs attractifs pour les spectacles subventionnés est tronquée tant que l'accès par l'initiation et le goût n'est pas réellement pris en compte par la puissance publique. Le système éducatif national doit être réellement associé à la politique culturelle afin que celle-ci ne soit pas un facteur aggravant de la reproduction sociale.

En plus d'être une industrie et souvent un art, l’audiovisuel est toujours un vecteur de projection et de transmission civilisatrices pour les peuples et les nations. Or, force est de constater que le modèle hollywoodien tend à une hégémonie impérialiste qu'il est nécessaire de combattre. Il s'agissait de l'objet de l'Exception culturelle française, reprise depuis avec succès par nos partenaires européens dans le cadre de la Diversité culturelle. Cette défense n'a de raison d'être que s'il s'agit d'une politique altruiste en la matière : certes nous devons défendre (et notamment dans le cadre de l'OMC) le droit à promouvoir notre propre secteur audiovisuel en dérogeant aux principes libre-marchands, mais nous devons également permettre aux Etats en voie de développement d'atteindre ce but. La Diversité culturelle promue par l'Unesco vise à stopper une certaine globalisation culturelle de l'image, mais également à dépasser notre ethno-centrisme par une grande politique audiovisuelle ouverte.

La crise de l'intermittence du spectacle qui dure depuis 2002 doit enfin être résolue. Abandonner ce système de cotisation et de répartition serait une erreur, car il permet à la France d'avoir un secteur artistique florissant. Le laisser en l'état, malgré les nouveaux calculs, serait inconscient tant le déficit de l'Unedic reste important. Il conviendrait surtout d'opérer un audit complet et sérieux sur l'ensemble des filières bénéficiant de l'intermittence : spectacle vivant, cinéma et audiovisuel, avec une attention particulière à ce dernier compte tenu des abus connus de tous dans les entreprises de production télévisuelle. Le système est bon et viable s'il bénéficie seulement à ceux qui en ont réellement besoin.

Enfin, il serait opportun de prévoir une ouverture prudente de discussions sur l'inaliénabilité des collections publiques. Relancée par le rapport « Valorisation du patrimoine » remis au Premier Ministre en mars dernier par deux économistes, l'aliénabilité des collections publiques doit être très prudemment discutée. En effet, il est rarement bon de mêler conservation du patrimoine et secteur marchand, sauf à prévoir d'importants garde-fous. C'est justement ce que prévoit notre droit qui n'interdit pas l'aliénation d'éléments du domaine public culturel, mais sous des conditions très strictes, avec notamment des passages devant des comités scientifiques. Vouloir augmenter ces ouvertures est dangereux et inutile. Le Rapport de Jacques Rigaud en 2008 allait d'ailleurs dans ce sens. Cependant, suite aux différends concernant la restitution de la dépouille de Saartjie Baartman (dite « Vénus Hottentote ») à l'Afrique-du-Sud et de têtes maories à la Nouvelle-Zélande qui ont nécessité à chaque fois une loi spéciale, la considération de restes humains comme « choses » inaliénables doit être remise en cause quand ils méritent une sépulture digne. Compte tenu de l'évolution des mentalités, un débat serein est nécessaire à ce sujet.

Ces quatre premières pistes prouvent qu’une politique culturelle républicaine et responsable est possible pour la France.

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Source : Les Echos

Dépêche AFP, 4 septembre 2011, 18h03.


Chevènement se donne jusqu'au 21 décembre pour officialiser sa candidature
Jean-Pierre Chevènement, le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a déclaré dimanche qu'il se donnait jusqu'au 21 décembre, fin de l'automne, pour officialiser sa candidature à l'élection présidentielle.

"J'ai dit (en juin) que j'officialiserai ma candidature à l'automne", ce qui veut dire "au plus tôt le 21 septembre, au plus tard le 21 décembre", a précisé M. Chevènement devant environ 200 militants réunis à Carros (Alpes-Maritimes) pour leur université d'été.

"Je me donne une marge d'appréciation. Je sais par expérience qu'une campagne présidentielle ça dure très longtemps, c'est très difficile. La France est une grande circonscription", a-t-il dit.

En attendant, le sénateur de Belfort entend jouer le pédagogue et faire "bouger les lignes" du parti socialiste, qu'il n'épargne pas après une université d'été à La Rochelle où "il ne s'est rien passé".

"J'appréhende une déception possible de l'électorat dans l'hypothèse où le candidat de gauche l'emporterait, ce qui devrait arriver", a-t-il dit. "Les gens n'ont pas compris la dramatique situation qui est la nôtre et ils n'ont pas compris ce qu'il faut faire pour s'en sortir. Il faudra beaucoup de courage, beaucoup de fermeté", a estimé M. Chevènement.

Il a consacré l'essentiel de son discours de clôture à son thème de prédilection, l'architecture erronée de la zone euro, tout en fustigeant au passage "la déréglementation des marchés financiers" ou "la dictature de l'actionnariat sur les Etats".

Pour Jean-Luc Laurent, président du MRC, la candidature de Jean-Pierre Chevènement à la prochaine élection présidentielle "est une nécessité". Les militants s'activent actuellement pour collecter les parrainages nécessaires à cette candidature. En préparation également, un site internet qui dispose déjà de son logo: "Chevènement 2012, Chè 2012".

Récemment, M. Chevènement qui avait soutenu Ségolène Royal en 2007, a affirmé que s'il était au PS, il soutiendrait Arnaud Montebourg.

Voici le programme, le bulletin d'inscription et les aspects pratiques de l'Université d'été du MRC qui se tient cette année à Carros les 3 et 4 septembre 2011.


Université d'été du MRC de Carros les 3 et 4 septembre : Le contrat républicain pour une nouvelle prospérité
L’Université d’été de Carros intervient dans un contexte particulièrement saisissant : en premier lieu le déploiement de la crise économique place les Nations et les peuples européens au pied du mur, en second lieu, 2012 sera l’année du principal rendez-vous des citoyens français avec les élections présidentielle puis législatives. Des choix décisifs sont donc à l’agenda. La crise bouscule de nombreux repères et fait vaciller de nombreuses certitudes. Elle indique aussi qu’une époque nouvelle s’ouvre après l’âge de la «mondialisation heureuse». L’université d’été de Carros entend apporter des réponses aux citoyens qui souhaitent reprendre la main sur la maîtrise de leur destin, et étudier les termes du contrat républicain à imaginer pour envisager une nouvelle propsérité

Le programme de l'Université d'été :

Journée du samedi : VERS UNE ÉCONOMIE DE PROSPÉRITÉ EN EUROPE

10h - Message d’accueil : Ladislas Polski, Secrétaire fédéral du MRC 06, conseiller régional PACA et secrétaire national à la santé
10h15 - Introduction de l’université d’été : Bastien Faudot, secrétaire national à la formation et aux universités d’été


10H30-12H 30: TABLE RONDE N° 1 / L’avenir de la monnaie unique et de l’industrie en Europe. Quelle monnaie pour quelle industrie en Europe ?
L’industrie européenne souffre d’un euro cher qui affaiblit sa compétitivité et provoque de nombreuses délocalisations. Simultanément, la monnaie unique arrive à épuisement avec la crise de la dette souveraine, qui exacerbe les logiques centrifuges. La perspective d’un éclatement de la zone euro, hier improbable, est jugée inévitable aujourd’hui par de nombreux observateurs. Quelle politique monétaire doit être imaginée au service de la croissance et de l’emploi ? Peut-on encore « sauver » l’euro et à quelles conditions ? A défaut, faut-il en organiser la sortie et comment ? Quelles en seraient les conséquences ?

Animation : Julien Landfried, Secrétaire national du MRC, chargé de la communication
Intervenants :
Guillaume Bachelay, Secrétaire national du PS chargé de l’industrie et du projet
Eric Laurent, journaliste, auteur de «Le scandale des délocalisations»
Yves Le Henaff, directeur de banque

14H15-16H15 : TABLE RONDE N°2 / Echapper à la thérapie de l’austérité en Europe et sortir du piège de la dette
En apportant les garanties nécessaires pour éviter le naufrage bancaire et la panne de liquidités, les Etats se sont fragilisés. Les dettes publiques se sont accrues en recyclant l’endettement privé. Inféodés aux injonctions des agences de notations, les Etats peinent à lever l’emprunt sur les marchés. L’augmentation des taux (qui ont dépassé 20 % en Grèce) empêche les Etats d’honorer le service de la dette. Dans cette situation d’impasse, l’Union européenne a mis en place des dispositifs de soutiens assortis de politiques d’austérité sans précédents. D’une part les mécanismes d’aide s’avèrent insuffisants en volume, d’autre part l’orthodoxie budgétaire aggrave le mal qu’elle prétend combattre : les recettes des Etats se contractent plus rapidement que la réduction des déficits. Comment sortir du piège de la dette et offrir une autre perspective que la cure d’austérité à laquelle les gouvernements européens se sont livrés ? Faut-il restructurer et relocaliser la dette des Etats ?

Animation : Patrick Quinqueton, Secrétaire national du MRC, chargé des idées et des prises de position
Intervenants :
Antonella Stirati, économiste, université de Rome
Henri Sterdyniak,directeur du département Economie de la mondialisation à l’OFCE
André Orlean, professeur d'économie


16H30-18H30 : TABLE RONDE N° 3/ Renversement, retournement, démondialisation, fin du libre marché : les contours d’une nouvelle souveraineté

Un vent nouveau anime le débat en matière économique : face aux défaillances du capitalisme financier, des voies de rupture semblent préfigurer un retour de l’histoire. Nombre d’intellectuels et d’économistes empruntent les voies d’une déconstruction du modèle de la globalisation. Pris dans l’étau des politiques d’austérité, les peuples européens protestent activement et manifestent leur désir de s’approprier leur destin. Face à l’impuissance des modèles sociaux démocrates et libéraux conservateurs, la question de la souveraineté et de la puissance politique revient au centre du jeu. Selon quelles modalités ? Dans quel cadre institutionnel ? A quelle échelle ? La crise politique peut-elle encore être évitée ?

Animation : Bastien Faudot, Secrétaire national du MRC chargé de la formation et des universités d’été
Interventions :
Hervé Juvin, économiste, auteur de Le renversement du monde (Gallimard, 2010)
Gilles Raveaud, professeur d’économie à l’université de Paris

19 h : Apéritif d’honneur au centre international d’art contemporain
20h30 : Banquet républicain

Matinée du dimanche : PRENDRE APPUI SUR LE PEUPLE

9h - Introduction de la matinée : Jean-Luc Laurent, président du MRC


9H30-11H30 : TABLE RONDE N° 4 / Renouer avec les classes populaires, comprendre la nation, faire vivre la démocratie
La situation économique et politique prend toutes les apparences de l’urgence. Alors que des choix décisifs sont à l’agenda, l’ascension du Front National, l’exécutif impopulaire et l’incapacité de l’opposition à se structurer laissent le peuple orphelin. Les conséquences de la mondialisation (chômage, déclassement des couches populaires et des classes moyennes, questions migratoires) provoquent de nouvelles fractures dans la société française. A la veille du grand débat de 2012, la stratégie de la gauche demeure à cet égard très hésitante. Pourtant, les enjeux exigent une dynamique nouvelle pour aider la Nation à reprendre confiance en elle. Sur quel peuple la gauche pourra-t-elle s’appuyer ? Quel langage doit-elle tenir aux citoyens dont elle entend recevoir le mandat ? Comment renouer avec les classes populaires qui désertent le débat public ?

Animation : Marie-Françoise Bechtel, Vice-présidente du MRC
Intervenants :
Cynthia Fleury, philosophe, auteur de «La fin du courage»
Jean-Yves Autexier, ancien parlementaire
Stéphane Rozes, président de CAP, enseignant à Sciences-Po et HEC


11h45 - Intervention de Jean-Luc Laurent, président du MRC

Clôture de l’université d’été par Jean-Pierre CHEVENEMENT, sénateur du Territoire-de-Belfort

Ce programme est disponible ci-dessous au format PDF, ainsi que le bulletin d'inscription et les modalités pratiques (transport et hébergement).

Le plan d'accès est disponible ci-dessous :
lieu : salle Juliette Gréco, 5 bis boulevard de la Colle Belle - 06510 CARROS.

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I Publié le Mardi 23 Août 2011

Mots-clés : finance

Tribune de Julien Landfried, secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen, parue sur le site Rue89, mardi 23 août 2011.


Cinq mesures pour soustraire la politique à l'empire de la finance
Comment nommer un système politique dont les maîtres sont les grandes banques, les banques d'affaires et les compagnies d'assurance ? Il faut ici affirmer l'enjeu essentiel des prochaines années, pour un gouvernement français authentiquement républicain, de soustraire les politiques publiques et l'économie réelle à la prédation financière.

Les idées directrices ci-dessous pourraient inspirer un tel gouvernement.

1/ Réduire la dépendance de l'Etat aux marchés financiers par une politique de renationalisation de la dette publique
Il s'agit pour l'essentiel de financer les besoins de l'Etat et des organismes de Sécurité sociale par un appel direct à l'épargne des ménages français (mécanisme dit de « dette perpétuelle »). Ces derniers ne sont pas plus mauvais juges de la pertinence d'une politique économique que les opérateurs de marché, bien au contraire, et ils ne perçoivent pas l'Etat sous l'angle unique du débiteur.

2/ Ecarter les anciens dirigeants du secteur bancaire et financier des autorités ministérielles, des conseillers ou des postes de régulateur des autorités de contrôle
La porosité des institutions gouvernementales aux intérêts financiers doit être réduite au maximum, afin d'éviter les possibilités de manipulation, de lobbying ou de délit d'initié. Un certain secret doit entourer les décisions de politique économique et financière du gouvernement, car celles-ci devront sans doute frapper dans le futur le secteur bancaire et financier.

Il est donc crucial que les dirigeants de ces derniers soient tenus à l'écart de ces décisions et qu'ils en subissent le plein effet. Ce point est fondamental car l'épisode de la gestion de la crise financière illustre jusqu'à la caricature l'impunité totale dont ont bénéficié les fauteurs de troubles et la complaisance dont ils jouissent dans les milieux politiques.

3/ Face à la gigantesque crise bancaire qui s'annonce, mettre les banques sous tutelle par l'Etat et remplacer leurs dirigeants
Les dirigeants actuels des banques doivent être écartés et remplacés par des personnels au-dessus de tout soupçon. Des dirigeants de l'industrie, formés par l'économie réelle (c'est-à-dire par la production industrielle) ou des commis de l'Etat (indépendant par culture des habitus du monde de la finance) rempliraient idéalement ce rôle.

Il faut noter ici que ce sont les banques qui étaient managées par des « ringards » (dixit le monde de la finance) qui ont en définitive bien géré leurs affaires (le cas de la Banque Postale en France est emblématique).

4/ Réduire le poids de la finance dans l'économie et les élites en commençant par les grandes écoles
Le problème économique posé est celui de la prédation de la finance qui a crû plus vite que l'économie réelle. Une saine politique devrait consister à réduire son poids (en part du PIB comme en nombre de salariés) dans les prochaines années.

A ce titre, une politique indispensable de réorientation des jeunes élites diplômées doit être menée vigoureusement. Les grandes écoles financées par l'Etat doivent être réorientées vers les besoins fondamentaux de l'économie (santé, énergies renouvelables ou décarbonnées, Internet, enseignement, recherche, etc.). Les jeunes diplômés de ces grandes écoles qui ont vu financer leurs études par l'Etat (comme c'est par exemple le cas à l'Ecole polytechnique, à l'Ecole normale supérieure ou à l'ENA) doivent remplir leurs obligations auprès de celui-ci.

Les sanctions financières prévues en cas de manquement à ces devoirs doivent être à nouveau appliquées, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Cette politique de bon sens réaffirmerait l'autorité de l'Etat républicain tout en rappelant les élites à un devoir de décence trop souvent oublié.

5/ Cesser de mentionner dans les discours gouvernementaux les avis des institutions financières et des agences de notations
Face aux entreprises de subversion menées par certaines institutions financières et agences de notation, le gouvernement doit cesser toute référence à leurs avis ou conseils. « La politique de la France ne se décide pas à la Corbeille », affirmait le général de Gaulle.

Le drame actuel est que, dans la tête des élites, domine le logiciel imposé par le monde de la finance. Il faut dès lors rendre étanches les discours des autorités gouvernementales de celui des institutions financières pour autonomiser la sphère de la décision politique.

« Ce n'est pas en cassant le thermomètre que l'on fait cesser la fièvre », diront certains. Mais ceux qui fournissent le thermomètre ne sont pas des médecins appliquant le principe « d'abord, ne pas nuire » (primum non nocere) mais les bandits des temps modernes ne perdant jamais une occasion de se servir sur la bête. Ce n'est pas en suivant les « avis » (en fait les injonctions) des princes de la finance que l'on reconstruira une économie robuste, au contraire.

Cette brève liste, par nature non exhaustive, mérite d'être largement complétée, car, telle une hydre, le secteur financier se débattra et d'autant plus que pour le moment, il nous écrase tous… ou presque.

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Source : Rue89


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Président du MRC
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