Olivier Amiel, délégué national à la culture du Mouvement Républicain et Citoyen, participait à un entretien croisé l'Humanité sur le thème "La République menacée par les langues de France ?", publié dans l’édition du 13 janvier 2012. Étaient également interrogés: Dominique Bucchini, président de l’Assemblée de Corse (PCF et Front de gauche) et René Merle, historien, auteur.


Table ronde l'Humanité: "La République menacée par les langues de France ?"
Rappel des faits Le corse, l’occitan, le basque, le breton, le catalan, l’alsacien et autres langues régionales ou minoritaires parlées sur le territoire national sont aujourd’hui reconnues comme appartenant au patrimoine culturel de la France.
Faut-il encore que les conditions soient réunies et les moyens accordés pour assurer leur apprentissage et leur promotion. La pluralité culturelle et le plurilinguisme sont des enjeux qui prennent pleinement place dans le débat de la présidentielle. Rejetant tout repli identitaire, la valorisation des autres langues de France s’inscrit dans une ouverture aux autres et au monde. Elles ne menacent pas, comme certains s’en inquiètent, l’unité de la République ou le devenir de la langue française. « Les cultures et les langues sont égales entre elles, comme les citoyens d’une même République », écrivait Félix Castan. Écrivain occitan et théoricien de la décentralisation culturelle, il n’a eu de cesse de militer pour une « nation une politiquement et culturellement plurielle».

L'Humanité: En ce XXIe siècle, est-ce utile, selon vous, de promouvoir 
les autres langues de France, régionales ou minoritaires ? Pourquoi ?

Dominique Bucchini: La scolarisation de masse s’est opérée, à partir du XIXe siècle, dans un objectif d’uniformisation sur la base de la langue française mais au détriment des autres langues existantes, dévalorisées sous le nom de « dialectes » ou de « patois ». L’apprentissage du français, grande langue de communication, a permis une « promotion » sociale. Mais si l’on considère que la langue constitue le lien le plus fort reliant les hommes dans la « cité », on mesure combien l’exclusion de ces langues pourtant largement utilisées dans l’espace français a pu être un facteur déstructurant pour les formations socio-historiques concernées comme pour les individus eux-mêmes.
Le socio-linguiste Jean-Baptiste Marcellesi a écrit, il y a trente ans, que « dans le territoire le plus diversifié en Europe du point de vue linguistique, une langue commune a pu être diffusée au point de masquer l’existence d’autres systèmes qu’elle semblait avoir recouvert ».

Parler une langue constitutive de sa personnalité, de son identité, c’est un droit individuel fondamental et cela implique évidemment son usage non seulement dans la sphère privée mais aussi dans l’espace public. La première utilité de la promotion de ces langues « minoritaires » est donc de rétablir dans leur droit des locuteurs actifs ou aspirant à se réapproprier cette part de leur patrimoine personnel et collectif afin de participer à l’effort de promotion de la diversité culturelle. Les langues de France sont aujourd’hui reconnues, constitutionnellement, comme un patrimoine. La promotion de ce patrimoine linguistique doit comporter un volet consacré à l’enseignement, sachant que la connaissance de deux langues facilite l’accession au plurilinguisme, un atout précieux pour les jeunes générations.

Olivier Amiel: Nos langues régionales sont une richesse à préserver et même à cultiver, mais dans un strict respect de l’unité républicaine, car des intentions pernicieuses peuvent se parer des meilleures intentions les concernant.

René Merle: C’est en tant qu’« auteur et historien » que l’Humanité m’a demandé mon point de vue. Clin d’œil sans doute sur ce Culture occitane, per avançar (Éditions sociales) publié en 1977. Les années ont passé mais, avec mon expérience de chercheur et de citoyen, je maintiens l’essentiel de ce que j’avançais alors. Cette question complexe est à la fois une affaire de plaisir personnel, qui touche nombre de Français au plus profond de leur affectivité, et un problème de démocratie : si demande sociale il y a, comment l’apprécier, comment y répondre ? Plaisir personnel ? J’ai le sentiment, en pratiquant une « langue morte pas tant morte », d’honorer mes grands-parents et le peuple qui la parlaient, et d’épanouir une partie de ma personnalité. Pourquoi mesurer cela à l’aune de l’utilité ? Mais au-delà de cet horizon personnel, quel sens donner à une pratique qui veut s’inscrire dans un horizon collectif ? Certes, en ces temps de crise, nombre de Français ont des préoccupations plus immédiates. Mais n’en a-t-il pas été de même sur le long terme de l’affirmation de l’État-nation ?

L’unité administrative, la centralisation politique, bases de la constitution d’un marché national, impliquaient l’imposition d’une langue, celle de l’État, et la péjoration des autres. C’est pour assurer un avenir à leurs enfants dans cette nouvelle société que des millions de Français, dans la douleur, la résignation ou l’indifférence, ont cessé de transmettre un « idiome natal » bien vivant. D’autant que le dernier avatar, conquis de haute lutte, de cet État-nation, était la IIIe République qui, vaille que vaille, ouvrait de vrais horizons d’éducation et de promotion sociale.

L’exemple catalan est éclairant. Dans une Catalogne déchirée par les conflits de classes, mais unie face à un régime espagnol archaïque, puis dictatorial, les Catalans d’Espagne ont fait de la défense interclassiste de leur culture une arme efficace, bientôt porteuse d’un sentiment national. De l’autre côté des Pyrénées, en dépit des efforts des « mainteneurs », le catalan a connu le sort des « patois », parce que la population, profondément attachée à l’idéal républicain (elle le montra en 1851), avait intériorisé la hiérarchisation des langues imposée par la République, porteuse de progrès. Or, depuis une bonne quarantaine d’années, dans la rencontre de ces plaisirs individuels, on constate un intérêt collectif nouveau pour ces langues que l’on croyait perdues. Des intérêts plutôt : car l’écheveau est à démêler des résurgences des maintenances passéistes, des revendications localistes en fermeture aux autres, et d’une réappropriation généreuse, où le respect retrouvé de soi va de pair avec l’espérance démocratique. Intérêt majoritaire ? Certes pas dans l’affirmation « militante », mais certes oui dans le retournement de l’opinion vis-à-vis des « patois » : de la mise à distance à l’intérêt sympathique. Retournement qui ne va pas sans entraîner crispations et oppositions, et cela dans toutes les formations politiques, le récent vote des sénateurs communistes en témoigne.

Pour certains, l’apprentissage de ces langues mettrait en cause l’égalité et les principes républicains. La langue commune qu’est le français serait affaiblie, par exemple par rapport à l’anglais ? Qu’en dites-vous ?

Olivier Amiel: Ce n’est pas l’apprentissage des langues régionales qui est dangereux, c’est la volonté de « co-officialiser » ces langues avec la langue nationale qui est le français. C’est dans ce sens que le Conseil constitutionnel a d’ailleurs autorisé, en 2002, de nouvelles modalités de l’enseignement de la langue corse sous réserve qu’il soit facultatif pour les élèves et les enseignants. Concernant le risque d’impérialisme de la langue anglaise, il faut reconnaître que le français n’a pas pu devenir la langue du système de communication globale, mais il demeure ce que Marc Fumaroli appelle « la langue du banquet des esprits », une langue pratiquée dans des cercles influents du monde entier. À ce titre, il serait temps que nos dirigeants politiques utilisent davantage et mieux le formidable outil qu’est la francophonie (220 millions de locuteurs).

René Merle: La France est un curieux pays, où dans certains milieux « cultivés » il convient presque de s’excuser de ne pas être monolingue franco-français. Les mêmes milieux où tout est fait pour que, « réalisme » et mimétisme faisant loi, les chers enfants deviennent des bilingues anglo-américain/français. Plus sérieux est l’argument qui renvoie le défenseur d’une langue minoritaire vers sa liberté : « Mais qui vous empêche de la parler ? Nous ne sommes pas en Turquie… » Certes. Je peux aimer faire du sport, et qui donc pourrait m’en empêcher ? Mais je préfère faire du sport en disposant de stades, de salles appropriées, de collectifs de jeux, d’échanges… N’en va-t-il pas de même en matière culturelle, et donc en matière de langues minoritaires ? C’est à cette demande, me semble-t-il, que devraient s’intéresser les collectivités publiques à tous les niveaux, du local au national.

Dominique Bucchini: L’exception culturelle que la France revendique ne peut évidemment pas être réservée à la seule langue dominante. L’apprentissage des langues régionales, dans l’optique d’une société plurilingue, ne menace ni l’unité de la République ni l’avenir de la langue française. La République peut assurer l’égalité dans le respect des différences. La promotion des langues régionales ne vise pas à fragmenter la France en communautés séparées. Il n’y a pas non plus de contradiction de principe entre langue régionale et langue française. La demande linguistique régionale est associée à la maîtrise d’une langue de communication de plus large rayonnement. Bien ancré sur le territoire, c’est dans les instances internationales, les relations économiques, scientifiques, culturelles que le français perd de l’influence. En Corse, dès 1985, dans la perspective d’une « politique démocratique de la langue », nous popularisions la revendication de la co-officialité du corse et du français. D’une certaine manière, dans les faits – l’état civil, la toponymie, les médias, la publication d’actes des collectivités, le domaine scolaire –, ce processus est en marche. Il est nécessaire d’intervenir pour donner au corse sa pleine vitalité dans la société, de sorte que la population en ait une perception positive, y voit une langue utile pour le futur.

Êtes-vous favorable à la ratification par la France de la charte européenne des langues régionales et minoritaires ? Souhaitez-vous qu’une loi garantisse un statut et la promotion sur le plan culturel et médiatique de ces autres langues de France ?

René Merle: Cela implique-t-il la ratification d’une charte, le vote d’une loi ? En tant qu’« auteur et historien », il ne m’appartient pas d’en juger. En tant que citoyen, je ne peux que souhaiter que toutes les cartes soient mises sur la table, et qu’à une vraie information succède un débat démocratique évitant les caricatures. Ce serait aussi l’occasion de clarifier l’entreprise d’éclatement de l’État-nation, base actuelle de la défense de nos acquis sociaux, au profit d’une Europe « libérale » des régions. Le principal danger, en l’occurrence, ne me paraît pas être celui de l’affirmation de riches et égoïstes régions « ethniques », comme l’Europe en connaît aujourd’hui, mais bien celui de la féodalisation de grandes régions économiques, sur l’axe Barcelone-Francfort, ou sur l’axe Barcelone-Milan… La question linguistique a bien peu à y voir…

Olivier Amiel Non, je ne suis pas favorable à la ratification de la charte européenne. Il s’agirait d’un très mauvais choix pour la France. Comme l’a rappelé Jean-Pierre Chevènement cela nous obligerait à « co-officialiser » plus de 70 idiomes sur notre territoire avec des mesures très coercitives ! Il y a derrière cette revendication une volonté de fragmenter la République et la nation française. Or, il est étonnant de voir des partis de gauche prôner cette ratification (elle est notamment prévue dans l’accord entre le PS et Europe Écologie-les Verts), car cette division nationale serait à l’avantage des marchés financiers toujours désireux de diminuer la puissance des États. Quant à la garantie du statut des autres langues, c’est déjà fait depuis 2008 avec l’affirmation dans l’article 75-1 de la Constitution que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France » : véritable truisme puisqu’il s’agit d’une évidence admise par tous et qui, paradoxalement, consacre fort heureusement le verrou constitutionnel de l’alinéa premier de l’article 2 : « La langue de la République est le français », garantie d’une « langue commune comprise par tous. »

Dominique Bucchini Une politique ambitieuse de promotion linguistique me semblerait grandement facilitée par la ratification de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires. En Corse, la volonté politique est quasi unanime pour revitaliser la langue. S’agissant du statut de co-officialité, le consensus n’est pas général mais assez large toutefois, comme en témoigne la confortable majorité de l’Assemblée de Corse ayant voté une motion en ce sens, en juillet dernier. Un tel statut, permettant l’usage du corse dans l’espace public – services administratifs, organes délibérants –, serait le cadre juridique d’une politique de bilinguisme. Sa mise en œuvre nécessite non seulement une décision législative mais également une modification de la Constitution. Cela donnerait aux langues de France un statut permettant leur épanouissement. Une telle loi pourrait embrasser l’ensemble des usages publics, de l’enseignement à la vie administrative, de la vie culturelle aux médias. Attention cependant à ne pas procéder de façon technocratique ou autoritaire mais, au contraire, en fonction de chaque situation concernée et en respectant, avant tout, l’avis et la volonté de chaque population dans sa diversité.

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Source: L'Humanité

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I Publié le Lundi 2 Janvier 2012

Mots-clés : justice

Tribune de Marie-Françoise Bechtel, vice-présidente du Mouvement Républicain et Citoyen, parue dans Politis (numéro du 22 décembre au 4 janvier) dans le cadre d'un débat contradictoire avec Benoist Hurel, secrétaire national du Syndicat de la magistrature.


L’indépendance du Parquet : une mauvaise réponse à une bonne question
L’indépendance de la justice est une des briques de l’édifice institutionnel républicain. A ce titre et à coup de réformes constitutionnelles sur fond d’affaires et de médiatisation du sujet, les garanties apportées à la magistrature du siège ont fini par être assurées par les textes.

On est alors naturellement porté à croire qu’il devrait en être de même pour le Parquet dont les membres sont nommés largement à la discrétion du gouvernement, malgré un contrôle du conseil supérieur de la magistrature qui n’est pas négligeable et cela parce qu’ils constituent, contrairement aux magistrats du siège un corps soumis au Garde des sceaux par la voie hiérarchique. Dès lors la possibilité pour ce dernier de leur donner des instructions écrites en vue de prendre des réquisitions ou d’appliquer la loi de telle ou telle façon (l’interdiction de poursuivre n’appartenant plus au ministre depuis 1993) semble à première vue illogique et mal venue

On peut pourtant penser qu’introduire une symétrie entre le siège qui juge et doit juger en toute indépendance et le parquet qui est le porte parole du gouvernement serait une fausse fenêtre.

D’abord parce que cette symétrie ouvre en fait la voie à la procédure accusatoire de type anglo-saxon, c’est-à-dire, de nombreuses affaires l’ont montré, une justice aux mains des avocats, profondément inégalitaire, où le « renard libre dans le poulailler libre » peut s’en donner à cœur joie. Un parquet indépendant suppose une égalité des parties devant le prétoire et l’on sait ce qu’est cette « égalité » dans les faits.

Ensuite parce dans la tradition républicaine, il faut assurer une égale application de la loi pénale sur tout le territoire. Créer des fiefs dans lesquels le procureur de Douai par exemple préconiserait en matière de répression du trafic de drogue ou de telle catégorie d’acte criminel des peines plus douces ou plus sévères que ne le ferait celui de Rennes ou d’Aix-en-Provence est contraire à notre vision d’une égalité qui doit s’appliquer à tout le territoire de la République. Le garde des sceaux doit pouvoir s’assurer que les instructions générales qu’il donne pour l’application de la loi pénale sont suivies. Le problème, l’actualité le montre abondamment, est celui des instructions particulières qu’il donne.

Il faut donc trouver les moyens pour mettre fin à l’opacité. Faire en sorte que le garde des sceaux, membre d’une majorité plus ou moins regardante sur les moyens de protéger ses amis, soit tenu de rendre compte des instructions qu’il donne dans tous les cas individuels. Il serait dangereux pour arriver à ce résultat, souhaitable, de créer des pouvoirs autonomes et séparés, nécessairement tentés de mener leur propre politique –quand ce n’est pas leur propre promotion. Il serait bien plus opportun de prévoir que les commissions compétentes du Parlement (où siège l’opposition) soient destinataires à intervalles réguliers de l’ensemble de ces instructions, qu’elles puissent exiger du Garde des sceaux qu’il les lui communique, notamment dans toute affaire sensible, en bref que le monde judiciaire ne soit pas laissé à lui-même.

La séparation des pouvoirs doit pouvoir être assurée sans qu’il soit porté atteinte à l’unité de l’Etat -à ne pas confondre avec le gouvernement-car c’est cette unité qui garantit que la justice est bien rendue pour tous au nom du peuple français.

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I Publié le Lundi 19 Décembre 2011


Tribune de Claude Nicolet, secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen, parue dans Mediapart, lundi 19 décembre 2011


François Hollande ne peut pas ignorer le «non»
François Hollande, pour être élu, peut-il n'être que le candidat des partisans du «oui» à l'Europe? Cette question mérite d'être posée. L'idéal serait même que François Hollande y réponde. Après le dernier «sommet» européen, il a en effet déclaré qu'il renégocierait le traité prôné par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. C'est déjà ça. Mais ce n'est «que ça».


La situation actuelle n'est que le résultat d'un long processus. Celui qui de la fin des années 70 à aujourd'hui a tout fait pour déréguler, abaisser les droits de douanes, déséquilibrer les rapports de forces entre monnaies. L'euro n'est pas responsable de tout cela. Il n'a été que l'instrument efficace d'une idéologie, un outil parmi d'autres, dans la boite des néo-libéraux.

Or les contradictions sont aujourd'hui d'une telle puissance qu'elles finiront par l'emporter. La réaffirmation de la souveraineté allemande, éclatante suite à la décision du tribunal constitutionnel de Karlsruhe du 30 juin 2009, pose une question existentielle à la construction européenne, si cette dernière est conçue comme un projet politique à vocation fédérale. Sauf à dire et à refuser de voir ce qui crève les oreilles et les yeux: ce fédéralisme-là ne peut se faire qu'aux conditions de l'Allemagne et de ses intérêts. Dans cette perspective, ce qui est à craindre n'est pas la force de l'Allemagne, mais la faiblesse de la France. Il s'agira d'une hégémonie douce. Aucun conflit militaire n'est à craindre entre nos deux pays et c'est heureux, mais tous les discours sur la «germanophobie» des uns ou des autres sont ridicules et en réalité démagogiques. Leur seule fonction est classique: nous empêcher d'évoquer l'essentiel.

L'essentiel, c'est la disparition de la liberté des peuples et de la démocratie. C'est la mise en place de l'austérité, de la rigueur et de la mise en coupe réglée de l'héritage issu des luttes sociales et de la Seconde guerre mondiale au profit du marché.

Il faut reconnaître qu'à la fin des années 80, suite à l'effondrement du Mur de Berlin, on nous a vendu l'Europe au nom de l'amitié, de la paix perpétuelle et de la fraternité entre les peuples, alors qu'en réalité on achetait le néo-libéralisme des néo-conservateurs. Il y a eu tromperie sur la marchandise. On se souvient de la phrase de François Mitterrand: «La France est notre patrie, l'Europe est notre avenir.» Qu'en reste t-il aujourd'hui? François Hollande peut-il se faire l'héritier de cet effondrement?

Peut-il être élu sans tenir compte des arguments des partisans du «non» à Maastricht et au Traité constitutionnel européen? Peut-il être élu dans quelques mois sans s'adresser aux Français qui ont voté «non» à 55% le 29 mai 2005? Date historique, alors que tout a été fait pour en effacer l'importance. Je comprends la difficulté politique et intellectuelle dans laquelle François Hollande se trouve. Il doit en quelque sorte faire une révolution copernicienne. Pourquoi la désindustrialisation? Pourquoi la fuite de l'électorat populaire et ouvrier? Pourquoi cette profonde crise nationale? Pourquoi ce rejet des «élites»? Ignorer le «non» sera se condamner à la défaite politique et condamner la France aux dangereuses aventures.

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I Publié le Vendredi 16 Décembre 2011 par MRC

Mots-clés : politique industrielle

Communiqué de presse du MRC Calvados, jeudi 15 décembre 2011. A l’occasion de la journée d’action du 15 décembre, le MRC réaffirme son soutien à la lutte pour le maintien de l’emploi des salariés d’Honeywell.


Honeywell doit assumer toutes ses responsabilités :
- d’abord maintenir ou redévelopper une production Honeywell à Condé.
- et engager une ré industrialisation permettant de retrouver globalement les emplois équivalents à ceux de la production actuelle.
Les engagements de Honeywell lors de la table ronde du 8 décembre sont-ils réels et sincères ? Les salariés et leurs représentants sont déçus et font part légitimement de leurs doutes. Le ministre BESSON l’affirme : il faut donc passer des paroles aux actes et montrer que la parole de l'Etat a encore un sens et que sa voix peut se faire entendre face aux multinationales.

Pour cela l’Etat a des leviers : il peut et doit demander aux donneurs d'ordre comme PSA et Renault de sécuriser en France la sous-traitance, notamment de haut niveau technologique. Sauf à vouloir favoriser les mécanismes de délocalisation au sein-même de l'UE vers les pays à bas coût de main d'œuvre. Plus que leurs homologues industriels allemands, italiens ou même britanniques, les grands groupes français privilégient cette logique de court terme plutôt que de développer un écosystème industriel territorial sur lequel ils pourraient s'appuyer à long terme en sécurisant la chaîne de valeur.

Au regard des investissements publics mobilisés depuis 40 ans dans la filière automobile, il serait donc normal que ces groupes reviennent à un patriotisme industriel à l'instar des entreprises allemandes, japonaises, coréennes, américaines, chinoises... Nous devons exiger un juste retour territorial sur les investissements publics consentis notamment à travers le Fond Stratégique d’Investissement ou le Crédit Impôt Recherche.
Encore faut-il aussi s’appuyer sur des stratégies territoriales industrielles que la Région doit impulser notamment à travers les pôles de compétitivité, le soutien aux PME/PMI et à l’innovation avec le souci que le retour des entreprises et leur engagement soit à la hauteur des moyens financiers engagés par la Région.

Seule une mobilisation de tous permettra d’imposer que notre industrie soit reconnue comme la priorité nationale et régionale. De son maintien et de son développement dépends la pérennité de notre protection sociale (santé, retraite…), de notre système éducatif et nos territoires. En conséquence, le MRC réaffirme son soutien à la lutte pour le maintien de l’emploi des salariés d’Honeywell.


Serge Lezement
Secrétaire départemental du MRC en charge des questions industrielles et de l’emploi

Rachid Adda
Délégué national du MRC en charge de l'Industrie

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I Publié le Mardi 13 Décembre 2011 par MRC

Mots-clés : immigration

Communiqué des Jeunes du Mouvement Républicain et Citoyen, mercredi 13 décembre 2011.


A la suite de la circulaire du 31 mai, cosignée par Claude Guéant ministre de l'Intérieur, et Xavier Bertrand ministre du Travail, de nombreux étudiants étrangers (hors Union Européenne), se sont vus refuser l’autorisation de travail sur notre territoire, à la fin de leurs études. Au-delà de la xénophobie à peine dissimulée de cette mesure, ces jeunes étrangers, pour la plupart diplômés des Grandes Écoles, représentent par ailleurs des atouts indéniables pour l’essor économique de la France.

Assumant la concurrence avec le Front National, le Gouvernement prive la France de jeunes actifs qu’elle a elle-même formés, investissant dans des parcours de formation qu’elle cherche à valoriser, sur son territoire, comme à l’étranger. Il est regrettable de pénaliser ainsi nos entreprises, pour des motifs électoralistes.

S’associant aux revendications du collectif du 31 mai, les Jeunes du Mouvement Républicain et Citoyen souhaitent que cette circulaire soit purement et simplement retirée. Nos politiques en matière d’éducation et d’immigration doivent converger vers un même but : assurer le rayonnement de la France, par la qualité de nos formations, la compétitivité de notre industrie mais aussi l’échange de cultures et de compétences au niveau international.

S’il est évident qu’il faut lutter contre le chômage de la jeunesse française, la solution n’est pas dans la préférence nationale, mais dans la réindustrialisation de notre pays. Nous y parviendrons, à condition d’appliquer un protectionnisme économique et une politique monétaire qui protègent nos emplois. Par ailleurs, nous réaffirmons qu’en matière d’immigration, l’accès à la nationalité doit être privilégié, dans le cadre d’une règle juste et égale pour tous.


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Président du MRC
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